Le chaud et le froid
«Arktos»: un parcours de plus de 20.000 km, entamé en août 2002. Et auparavant, de sérieux antécédents! Retour sur une vie hors-normes.
Dans quelques jours, jeudi en principe, l’aventurier installé à Château d’Oex depuis une douzaine d’années bouclera son tour du monde par le Cercle polaire.
Que faisiez-vous le 4 août 2002? Vous ne vous en souvenez plus vraiment, normal, cela remonte tout de même à 26 mois…
Et en plus de deux ans, on en fait des choses. On travaille, on prend des vacances, on fête des anniversaires, on passe deux réveillons de Noël, on regarde des tas d’émissions ineptes à la télé – d’accord, quelques-unes intéressantes, aussi. On va au restaurant avec son conjoint, on s’occupe de ses enfants.
Depuis le 4 août 2002, on peut même signaler que vous, moi, avons couché 800 fois environ dans un lit correctement douillet.
Ce qui n’est pas le cas de Mike Horn qui, ce jour-là, quittait le Cap Nord, tout en haut de la Norvège, pour une aventure baptisée «Arktos». Soit, en théorie, 20.000 kilomètres autour du cercle polaire, sans motorisation. Au bout du compte, ce sera beaucoup plus…
Ces deux ans passés, pour lui, cela aura été la neige, la glace, le froid, les ours polaires. La solitude. L’éloignement des siens. Personne ne l’y a forcé, me direz-vous. Et vous n’aurez pas tort.
Une raison de plus pour tenter de comprendre ce qui peut pousser un homme apparemment normal à se lancer dans ce genre de pari. Une raison parmi d’autres pour lesquelles nous ferons le voyage du Cap Nord, et y assisterons à son arrivée.
Du chaud au froid
Avant «Arktos», Mike Horn, né en Afrique du Sud, s’est plutôt spécialisé dans les défis tropicaux. Ainsi, en 1997, la traversée de l’Amérique latine en solitaire. Parti à pied depuis l’Océan Pacifique, il remonte jusqu’à la source de l’Amazone.
De là, il descend les 7000 km du fleuve en hydrospeed – sorte de flotteur sur laquelle on se couche à plat-ventre. Bonjour les moustiques, les bestioles diverses et les balles qui sifflent.
Histoire de pousser le bouchon un peu plus loin, ou plutôt un peu plus longtemps, Mike Horn monte l’expédition «Latitude Zéro», qu’il mène à bien entre juin 1999 et octobre 2000. Soit le tour de la Terre le long de l’équateur, toujours sans motorisation. 17 mois en bateau, en pirogue, à pied, en VTT…
Du Gabon au Gabon, un chemin qui passe par trois océans ainsi que par le Brésil, la Colombie, l’Equateur, les Galapagos, Bornéo, Sumatra, les Maldives, la Somalie, le Kenya, l’Ouganda.
C’est en transpirant dans les moiteurs équatoriales que l’aventurier sud-africano-vaudois aurait pensé à aller se rafraîchir, ultérieurement, du côté du Cercle arctique. Le projet «Arktos», d’une certaine façon, était né.
La «famille» Arktos
De retour à Château-d’Oex, où il vit avec sa femme Cathy et ses deux filles, Annika et Jessica, Mike Horn va donc commencer à préparer sa prochaine folie. Le tour du monde, toujours sans motorisation, en longeant le cercle polaire.
Comme moyens de locomotion: voilier monocoque, trimaran, kayak, raquettes, skis, ‘kite’ (sorte de parapente qui permet au skieur de se faire tirer par le vent). Et une luge de 2,25 mètres de long, en kevlar, qui lui permettra de transporter le matériel indispensable – tente, vêtements, nourriture.
Les changements de moyens de locomotion et le réapprovisionnement se feront grâce à une équipe logistique qui le retrouve de temps en temps, au gré des nécessités.
Autour de lui, un groupe soudé. Sa femme, Cathy, grande coordinatrice pour tout ce qui concerne l’organisation, la logistique, la nourriture, la communication. Et Jean-Philippe Patthey, de La Brévine, responsable la logistique de l’expédition, appuyé notamment par Martin Horn, frère de Mike, et par Philippe Varrin, enseignant et voyageur biennois.
Et puis des gens d’image: le photographe anglais Sebastian Davenish, qui vit à Berne, et le réalisateur Raphaël Blanc, collaborateur à la Télévision suisse romande. Des gens d’image, car les reflets et la trace d’une telle aventure sont essentiels à son existence même. Que feraient, sinon, les sponsors?
Pour «Arktos», ils sont quatre: une marque automobile allemande, un groupe d’assurances français, un horloger italien et une banque privée genevoise. Auxquels s’ajoutent toute une série de partenaires qui fournissent matériel et équipement.
Mike Horn, une sorte d’homme-sandwich trimballant ses panneaux publicitaires à travers la planète? Le raisonnement serait un peu court. Il ne faut pas oublier que l’aventurier met les entreprises au service de son rêve, et non l’inverse.
«L’impossible existe uniquement parce qu’on n’essaie pas de le rendre possible», aime à dire Mike Horn.
swissinfo, Bernard Léchot
Quelques exploits:
1995: Record du monde de saut de cascade en hydrospeed sur la rivière Pacuare au Costa Rica (22 mètres).
1997: Traversée de l’Amérique du Sud en solitaire. Descente de l’Amazone en hydrospeed sur les 7000 km du fleuve.
1999-2000, «Latitude Zéro»: tour de la Terre le long de l’équateur. 17 mois en bateau, en pirogue, à pied, en VTT.
2002-2004, «Arktos»: tour de la Terre par le Cercle polaire.
– Mike Horn est né à Johannesburg en 1966. Militaire entre 1984 et 1987, il a été capitaine dans les forces spéciales sud-africaines.
– Diplômé en sciences humaines à l’Université de Stellenbosch, il quitte l’Afrique du Sud en 1990 pour voyager en Europe.
– Débarqué à Zurich, il s’installe aux Moulins, à côté de Château-d’Oex, dans le Pays-d’Enhaut (Alpes vaudoises).
– C’est là qu’il vit avec ses deux filles, Annika et Jessica, et sa femme, Cathy, qui participe à l’organisation (logistique, nourriture, communication) de ses expéditions.
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