Le dilemme des ONG au Sri Lanka
Les ONG suisses actives au Sri Lanka ont exprimé leur vive inquiétude après le meurtre le week-end dernier de 17 employés d'une organisation humanitaire française
Certaines de ces organisations ont interrompu ou repoussé leurs projets situés dans les zones de conflit. Mais les humanitaires suisses n’entendent pas quitter le pays, malgré l’escalade de la violence entre les troupes gouvernementales et les rebelles tamouls.
L’assassinat des employés de l’ONG Action contre la faim constitue la première agression contre des humanitaires dans le cadre de la guerre civile sri-lankaise. Ce qui a suscité une vague de condamnations.
Les corps des 17 victimes ont été retrouvés sur la côte nord-est de l’île, près de Muttur, une ville du district de Trincomalee proche d’une zone de combat.
«Notre équipe sur place a peur, car il n’y a jamais eu de telles attaques contre les ONG », souligne Anja Bouerdick, porte-parole de Terre des Hommes de poursuivre.
«Nous avons dû stopper nos activités dans certaines zones pour procéder à une évaluation de la situation. La sécurité de nos employés passe avant tout», précise Anja Bouerdick.
Et cette dernière de pousuivre: «Nous n’entendons pas plier bagage, car la situation peut changer très rapidement. Nous préférons donc geler nos activités dans ces zones de combats et attendre que la situation se calme.»
Basée à Lausanne, Terre des Hommes Suisse a quelque 200 employés au Sri Lanka, dont 12 expatriés. Plus de 100 volontaires travaillent également pour l’ONG suisse dans les provinces d’Ampara et de Batticaloa.
Sécurité renforcée
Basée à Zurich, l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO ) a engagé un agent de sécurité pour protéger son équipe de 70 personnes active loin des zones de combat.
«Si nous apercevons des avions de combat, nous faisons rentrer nos employés. C’est arrivé une fois ces dix derniers jours », précise Ruth Dällenbach.
«Notre agent de sécurité participe à des réunions quotidiennes avec des représentants de l’ONU et de la Croix-Rouge depuis le regain du conflit, ajoute la porte-parole de l’OSEO. Mais les dernières violences n’ont pas eu d’impact sur notre travail. »
Depuis avril dernier, le conflit a connu une nouvelle escalade. Et ce en dépit de l’engagement pris par les deux parties – en février à Genève – de respecter un accord de cessez-le-feu conclu en 2002.
L’action du gouvernement suisse
De son coté, l’agence helvétique de coopération (DDC) n’a pas modifié ces activités au Sri Lanka, selon son porte-parole.
La DDC est active au Sri Lanka depuis de nombreuses années au travers de programmes de promotion de la paix. Un engagement qui s’est intensifié suite au tsunami de décembre 2004.
«Depuis longtemps, nous avons des règles de sécurité très strictes », précise Jean-Philippe Jutzi.
Et de préciser : «Dans la province de Trincomalee, les déplacements sont réduis au minimum depuis plusieurs semaines. Et depuis l’assassinat des membres d’Action contre la faim, nous sommes encore plus vigilants. »
swissinfo, Matthew Allen
La guerre civile du Sri Lanka a commencé au milieu des années 70. Elle oppose le gouvernement de Colombo au mouvement séparatiste des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE.
Le conflit s’est atténué suite au tsunami de décembre 2004 qui a tué plus de 30’000 personnes au Sr Lanka, pour reprendre 8 mois plus tard suite à l’assassinat du ministre des affaires étrangères sri-lankais Lakshman Kadirgamar.
Les affrontements dans le district de Trincomalee – un bastion du LTTE dans le Nord-Est de l’île – ont démarré après la fermeture par les rebelles d’un réservoir assurant l’approvisionnement en eau.
Ces 20 dernières années, la guerre civile a couté la vie à 62’000 personnes et jeté sur les routes environ 800’000 Sri-lankais.
La Suisse a débloqué 10,5 millions de francs d’aide d’urgence suite au Tsunami. En 2005, le total de l’aide suisse s’est monté à 16,95 millions de francs.
Plus de 35’000 Sri-lankais, la plupart tamouls, vivent en Suisse. 10% d’entre eux ont pris la nationalité helvétique. Cette communauté est une des plus importante de la diaspora sri-lankaise, après celles du Canada, d’Allemagne et de Grande-Bretagne.
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