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Le fond de commerce de la Suisse

Claude Frey est le président de la Commission des Affaires étrangères du Conseil national. Keystone Archive

Claude Frey croit au Conseil de l'Europe. Interview du président de la Commission des Affaires étrangères de la chambre du peuple du Parlement suisse.

swissinfo: Vous n’avez donc pas l’impression de perdre votre temps au Conseil de l’Europe?

Claude Frey: Non. La presse s’intéresse peu au Conseil de l’Europe, parce que le travail effectué n’est pas spectaculaire. Mais nous faisons du travail concret.

Certes, nous progressons lentement. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas participer.

Le Conseil de l’Europe sert-il vraiment à quelque chose?

C. F.: Oui, sinon je ne vois pas ce que j’y ferais! Le Conseil de l’Europe est le seul lieu qui rassemble l’est et l’ouest de l’Europe.

Dans le contexte actuel, depuis la chute du mur de Berlin, c’est très important. Les pays qui veulent y adhérer doivent s’adapter aux standards européens, tels que la démocratie, le pluralisme politique et les droits de l’homme.

L’Assemblée de Strasbourg, c’est quand-même un «grand machin», avec plus de 600 membres…

C. F.: Pas du tout! Ce chiffre comprend les titulaires et les suppléants. En séance plénière, il n’y a donc jamais plus de 300 personnes.

L’Assemblée n’est pas un Parlement comme les autres. Nous n’adoptons pas de lois. Le seul pouvoir du Conseil de l’Europe, c’est d’être une autorité morale.

La Suisse ne ferait-elle pas mieux d’adhérer à l’Union européenne? Ce qui lui permettrait de pouvoir agir au sein du Parlement européen?

C. F.: Ce n’est pas ‘fromage ou dessert’. Les pays membres de l’Union européenne font partie du Conseil de l’Europe. Ce n’est pas incompatible.

En Suisse, c’est clair: le peuple a dit non à une adhésion prochaine à l’Europe. Et, de toutes façons, les missions des deux organisations sont différentes.

Et la Suisse peut jouer un rôle particulier à Strasbourg?

C. F.: Absolument. La Suisse est un petit Etat neutre qui a une participation aux activités du Conseil de l’Europe proportionnellement plus importante que celle d’autres pays.

J’ai été élu rapporteur pour l’adhésion de la République Fédérale de Yougoslavie, alors qu’il y avait une dizaine de candidats. Pourquoi? Parce que la Suisse n’a pas pris partie lors du conflit.

Les missions du Conseil de l’Europe représentent, en réalité, le fonds de commerce de la Suisse, pays dépositaire des Conventions de Genève sur le Droit international humanitaire.

La Suissesse Lili Nabholz a vu son rapport sur les minorités en Belgique contesté par les Flamands et renvoyé en commission. N’est-ce pas décourageant?

C.F.: Si vous êtes découragé par un vote négatif, il ne faut pas faire de politique!

swissinfo/propos recueillis par Barbara Speziali

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