Le football suisse passe de l’enfer au paradis
La presse suisse se réjouit de la qualification de l'équipe nationale de football pour le Mondial 2006 et les louanges pleuvent sur l'entraîneur Köbi Kuhn.
La consternation est également de mise suite aux scènes insupportables qui se sont déroulées dans les vestiaires du stade d’Istanbul et les agressions dont ont été victime plusieurs joueurs helvétiques.
Les deux buts marqués samedi dernier à Berne et les deux autres inscrits mercredi soir sur la pelouse du Sürü Saraçoglu d’Istanbul ont permis aux Suisses d’arracher leur qualification pour la Coupe du monde 2006. Ils figurent ainsi parmi les 32 équipes qui se rendront en Allemagne.
Cela fait dire au «Tages Anzeiger» que la défaite de mercredi soir (4-2) face aux Turcs est «la plus belle défaite de l’histoire du football suisse». Le journal zurichois souligne également les mérites de l’entraîneur national Köbi Kuhn qui a su faire de la Suisse «un pays de football».
Un match fou, fou, fou
«Le paradis après l’enfer», titre pour sa part «24Heures» à sa une. A l’image de tous les quotidiens romands, le quotidien vaudois met en scène le match de la veille qui a retenu l’attention du pays entier et revient sur les scènes de joie qui ont suivi la rencontre dans les rues de Suisse.
«Malmenée, battue 4-2, l’équipe de Suisse arrache sa qualification après 94 minutes d’un match fou, fou, fou», résume encore «24Heure» qui souligne également la marge infime qui sépare le bonheur de la tristesse.
Les autres journaux romands dissertent également sur les notions d’enfer et de paradis au moment d’analyser l’événement comme le prouve le titre du nouveau quotidien gratuit «Le Matin Bleu» qui s’exclame: «L’enfer nous mène au paradis».
Plus sobres «Le Matin» et «Le Temps» se contentent quant à eux respectivement d’un «Bravo les gars» et d’un grand «Ouf!».
Les mérites de Köbi Kuhn
Dans leurs éditoriaux, les deux quotidiens soulignent également les mérites et le rôle considérable joué par l’entraîneur national Köbi Kuhn dans l’accession de cette jeune équipe de Suisse.
«Depuis sa prise de pouvoir en 2001, peut-on lire dans ‘Le Matin’, Kuhn a su fédérer les énergies et ranger les derniers complexes au vestiaire. Avec son air de papy tranquille, le brave Köbi ne paie peut-être pas de mine. Mais quel nez, quelle science du terrain chez cet homme malin comme un singe, qui ne se départit jamais de la bonhomie qui le caractérise.»
Pour «Le Temps», l’équipe nationale a entamé grâce à lui «un parcours initiatique qui doit l’amener à maturité d’ici l’Euro 2008» et possède désormais «une âme, un cœur, un visage».
Rage et castagne
La presse se fait aussi l’écho des débordements inacceptables qui ont précédé et suivi la rencontre de mercredi et qui ont terni ce qui aurait dû rester une fête.
«Le Temps» relève l’accueil réservé aux Suisses par les supporters dès l’arrivée sur sol turc, puis au stade: «Des majeurs qui se tendent, des poings qui cognent les vitres du car – bientôt imités par des oeufs, des pierres et des projectiles en tous genres».
Le quotidien romand rappelle aussi l’image de la délégation helvétique qui «sans même songer à lever les bras sprinte pour se mettre à l’abri dans les vestiaires» dès le coup de sifflet final.
Mais c’est la «Tribune de Genève» qui revient avec le plus de détails sur les scènes inqualifiables qui se sont déroulées après la partie dans les vestiaires du stade Sürü Saraçoglu.
«Comme on pouvait le redouter, explique-t-il, les Turcs ont laissé éclater leur rage à l’issue du match. Le service de sécurité et les joueurs, n’ont, ainsi, pas hésité à frapper les Suisses. Le plus touché est Stéphane Grichting. Le Valaisan a reçu un coup de pied dans le bas-ventre. Il a été emmené à l’hôpital».
Selon le journal genevois citant Köbi Kuhn, des policiers turcs n’ont pas hésité une seconde à frapper aussi les gens de la télévision turque pour les empêcher de filmer la scène.
Des punitions pour les Turcs
S’ils se réjouissent bien évidemment de la qualification suisse pour le Mondial de l’an prochain en Allemagne, les journaux suisses alémaniques et suisses italiens reviennent également largement sur les débordements qui ont émaillé le rendez-vous en Turquie.
A l’image de la «Basler Zeitung» et du «Bund» de Berne, ils qualifient ce qui s’est passé de «simplement scandaleux» et de «fin honteuse». Le «Tages Anzeiger» tente pour sa part d’expliquer l’inexplicable: «Les Turcs se sont battus pour l’honneur, plus, pour la Patrie».
Enfin, le journal populaire «Blick» va même jusqu’à réclamer «des punitions dures pour les Turcs».
«Ramener cette qualification à la maison après avoir été exposé durant des jours à la torture de petits et grands abus, après avoir été victime de comportements qui n’ont rien à voir avec l’équité sportive est quelque chose de totalement incroyable», conclut le Corriere del Ticino
swissinfo, Mathias Froidevaux
Turquie – Suisse: 4:2 (aller samedi à Berne: 0:2)
Buts: 2′ Frei (tir au but) 0:1, 24’/38′ Tuncay 2:1, 52′ Necati (tir au but) 3:1, 84′ Streller 3:2, 89′ Tuncay 4:2
A l’issue des deux parties de barrage, le score est de 4-4, mais les deux buts marqués à l’extérieur sont décisifs pour la Suisse.
Les 32 équipes qualifiées pour les Mondiaux 2006 en Allemagne:
– Europe: Allemagne (pays hôte), Portugal, Angleterre, France, Pays-Bas, Italie, Croatie, Pologne, Suède, Serbie Monténégro, Ukraine, Espagne Suisse et Tchéquie
– Amérique du Sud: Argentine, Brésil, Paraguay, Equateur
– Asie: Iran, Japon, Arabie Saoudite, Corée du Sud
– Afrique: Angola, Côte d’Ivoire, Ghana, Tunisie, Togo
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