Le Nobel de la paix à Barack Obama
Le prix Nobel de la paix 2009 a été attribué vendredi au président américain Barack Obama. Le jury du prix l'a distingué «pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie internationale et de la coopération entre les peuples».
«Le comité a attaché une importance particulière à la vision et aux efforts d’Obama pour un monde sans armes nucléaires», a déclaré le président du comité Nobel, le Norvégien Thorbjoern Jagland.
Premier président noir à être élu président des Etats-Unis, Barack Obama, qui a pris ses fonctions il y a moins de neuf mois, a prôné le mois dernier à l’ONU une planète débarrassée de toutes ses armes nucléaires.
«En tant que président, Obama a créé un nouveau climat dans la politique internationale. La diplomatie multilatérale a retrouvé une position centrale, avec un accent sur le rôle que les Nations unies et d’autres institutions internationales peuvent jouer», a ajouté Thorbjoern Jagland.
Espoir
«Rarement une personne a, comme l’a fait Obama, capturé l’attention de la planète et donné à sa population l’espoir d’un avenir meilleur», a-t-il dit.
Homme le plus puissant de la planète, Barack Obama a notamment prononcé en juin dernier en Egypte un discours destiné à jeter des ponts entre son pays et le monde musulman. Ce discours intervenait après des années de tensions liées aux attentats du 11 septembre 2001 et à la guerre contre le terrorisme qui s’en est suivie.
Parmi les «faits d’armes» du nouveau président américain, Thorbjoern Jagland a aussi relevé son engagement dans la lutte contre le changement climatique. Le prix lui sera remis à Oslo le 10 décembre, une date qui coïncide avec la conférence internationale sur le climat à Copenhague.
Le président américain reste toutefois confronté à deux conflits ouverts: l’un en Irak, l’autre en Afghanistan, où il est à la recherche d’une nouvelle stratégie.
Un Nobel pour faire quoi?
En apprenant que Barack Obama avait obtenu le prix Nobel de la paix, de nombreux Américains se sont interrogés pour comprendre quelles raisons avaient valu cette distinction à leur président.
«Ce serait merveilleux si je pouvais saisir pourquoi il a gagné», déclare ainsi Claire Sprague, octogénaire rencontrée à New York. Ils voulaient, j’imagine lui décerner un honneur, mais je ne vois pas pourquoi», poursuit cette ancienne professeur d’anglais.
Couronné en 2002, l’ancien président Jimmy Carter estime, lui, que le choix du comité Nobel illustre l’espoir que Barack Obama a fait naître dans le monde entier. «C’est une audacieuse déclaration de soutien international à sa vision et à son engagement en faveur de la paix et l’harmonie dans les relations internationales», écrit l’ancien président dans un communiqué.
Mais cette opinion est loin de faire l’unanimité. Certains jugent que le choix d’Obama va nuire à la crédibilité du comité Nobel et de ce genre de distinction. «Ça ressemble moins à une récompense objective qu’à un appui politique», note William Jelani Cobb, qui enseigne l’histoire au Spelman College d’Atlanta et s’apprête à publier un essai sur le 44e président des Etats-Unis.
«Guantanamo n’est pas encore fermé et ça lui complique la tâche pour accroître les effectifs militaires en Afghanistan», conclut-il.
Des précédents
Barack Obama est le troisième Américain membre du Parti démocrate à recevoir le Nobel de la paix depuis le début du XXIe siècle, après l’ancien président Jimmy Carter (2002) et l’ancien vice-président Al Gore (2007).
Il n’est pas non plus le premier chef d’Etat ou de gouvernement en exercice à obtenir le Nobel de la paix: ce fut déjà le cas par exemple de Mikhaïl Gorbatchev, alors président soviétique, en 1990. Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin également avait partagé le Nobel de la paix avec le numéro un palestinien Yasser Arafat, en 1994.
Suisse satisfaite
Hans-Rudolf Merz s’est dit ravi de l’attribution Nobel de la paix au président américain. Le président de la Confédération a estimé que de temps en temps, c’est important qu’un politicien reçoive cette récompense.
De son côté, le ministère suisse des Affaires étrangères (DFAE) se réjouit de voir récompensés les efforts du président des Etats-Unis en vue d’établir un nouveau climat dans les relations politiques internationales et de conférer une nouvelle dynamique à la diplomatie multilatérale, selon un communiqué diffusé vendredi.
Les services de la cheffe de la diplomatie helvétique Micheline Calmy-Rey relèvent également que ces efforts de Barack Obama vont dans le même sens que ceux de la politique étrangère suisse.
swissinfo.ch et les agences
Le prix sera remis à Oslo le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur, l’industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel.
Il consiste en une médaille, un diplôme et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (près d’un million d’euros, soit environ 1,5 million de francs).
Trois Suisses ont gagné le Nobel de la paix.
Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, l’a reçu en 1901. L’année suivante, il a été remis à Elie Ducommun et Charles Albert Gobat, secrétaires honoraires du Bureau international permanent de la paix.
Par ailleurs, plusieurs institutions internatinoales ayant leur siège en Suisse ont été distingées, parmi lesquelles le Comité international de la Croix-Rouge (trois fois), Médecins Sans Frontières ou encore le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
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