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Le nombre d’avortements n’a pas augmenté

Jusqu'à la 12e semaine, les femmes n'ont plus besoin d'avis médical pour avorter. Keystone

Entré en vigueur le 1er octobre 2002, le régime du délai n'a pas entraîné un accroissement des interruptions volontaires de grossesses (IVG) en Suisse.

Avec 7,5 IVG pour 1000 femmes de 15 à 44 ans, le taux d’avortements en Suisse est parmi les plus bas du monde.

Ces tendances transparaissent des chiffres publiés mardi par l’Union suisse pour décriminaliser l’avortement (USPDA). Elle se base sur les statistiques établies dans tous les cantons suisses, sauf Thurgovie qui a refusé de les transmettre.

L’USPDA estime à 11’500 le nombre total d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) pour l’année 2002, un chiffre comparable à celui des années précédentes.

Le régime du délai, qui autorise l’avortement durant les 12 premières semaines de la grossesse, n’a donc pas eu l’effet négatif redouté par les opposants à toute forme d’IVG.

En outre, il a permis de diminuer considérablement le «tourisme de l’avortement» des cantons restrictifs vers les cantons urbains et libéraux.

Les effets de la pilule

La tendance a commencé à se dessiner vers la fin des années 60, bien avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi.

Pour les années 50 et 60, on estimait à 50’000 le nombre d’avortements illégaux; ils ont pratiquement disparu. Quant aux IVG légales, elles ont passé de 14’000 à 16’000 en 1970 à moins de 12’000 aujourd’hui: une diminution d’au moins 15%.

Dans les années 90 il y a eu stabilisation à un bas niveau. L’introduction de la pilule contraceptive dès 1961, ainsi que l’éducation sexuelle ainsi que le précieux travail fait par les centres de planning familial ont permis de faire de grands progrès.

Problème de statistiques

«Plusieurs cantons ayant changé de système d’enregistrement depuis le 1er octobre 2002, ce n’est que sous certaines réserves qu’on peut comparer les chiffres de l’année 2002 avec ceux des années précédentes», précise l’USPDA.

Certains cantons, comme Vaud et Genève, ont en effet remplacé le recensement des demandes par celui des interventions. Comme une partie des femmes y renoncent après en avoir fait la demande, les chiffres des années précédentes s’en trouvent artificiellement élevés.

La pilule abortive plébiscitée

«De plus en plus les IVG se pratiquent à un stade très précoce, dans les sept premières semaines, par la méthode médicamenteuse», observe l’USPDA. En 2002, près de 40% des interventions ont été effectuées en recourant à la pilule abortive RU 486, contre 28% en 2001.

Au-delà de la 13e semaine, les prescriptions de l’ancienne loi sont maintenues. L’interruption de grossesse est admise si un avis médical démontre qu’elle est nécessaire pour écarter le danger d’une atteinte grave à l’intégrité physique ou un état de détresse profonde de la femme enceinte.

Surtout les femmes étrangères

Le nombre d’IVG pratiquées sur des adolescentes est très réduit en Suisse, en comparaison avec d’autres pays. Les deux tiers environ des interventions concernent en effet des femmes de plus de 25 ans.

Plus de 60 % des IVG sont dues à un échec de la contraception, poursuit l’USPDA. En Suisse, une femme sur quatre ou cinq en moyenne se trouve donc concernée.

«Cette année comme par le passé, approximativement 50% des interruptions de grossesse ont concerné des femmes de nationalité étrangère, alors qu’elles ne représentent que le 25% environ des femmes en âge de procréer», constate l’USPDA. C’est donc dans cette catégorie de la population que le travail de prévention doit surtout être amélioré.

Il faudra cependant attendre encore plusieurs années avant de pouvoir évaluer définitivement les effets du régime du délai. Avec 7,5 IVG pour 1000 femmes de 15 à 44 ans, le taux d’avortement en Suisse est parmi les plus bas au monde.

swissinfo et les agences

– 72,2 % du peuple suisse a accepté le régime du délai le 2 juin 2002.

– Il est entré en vigueur le 1er octobre 2002.

– Dans les 12 premières semaines, il appartient à la femme concernée de décider d’interrompre ou non une grossesse non désirée.

– Dès la 13e semaine, l’IVG est admise sur avis médical.

– Les IVG légales ont passé de 14’000 à 16’000 en 1970 à environ 12’000 en 2002.

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