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Le rhum ne fait pas chanter les marins suisses

Cinquième des monocoques et meilleur Suisse de la course, Dominique Wavre est très content de son bateau. Keystone

La célèbre transat entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre a vu tomber tous ses records. Mais la Route du Rhum n'a pas souri aux marins suisses, qui restent dans les viennent-ensuite.

Stève Ravussin y a perdu son trimaran. Yvan Bourgnon termine sixième, et Dominique Wavre, se dit très satisfait de son nouveau monocoque, malgré un podium envolé dans les dernières 48 heures.

Ce fut une Route du Rhum express ! Partie le 29 octobre de Saint-Malo pour rallier Pointe-à-Pitre, la célèbre transat n’avait jamais été aussi rapide. Et ce n’est pas le Français Lionel Lemonchoix, vainqueur absolu en 7 jours, 17 heures, 19 minutes et 6 secondes, qui dira le contraire.

En pulvérisant de 4 jours et demi le record établi par Laurent Bourgnon en 1998, le skipper du trimaran Gitana 11 – propriété de Benjamin de Rothschild -, a inscrit son nom au sommet des tabelles de l’épreuve. Pareil pour son compatriote Roland Jourdain, qui a amené son monocoque Sill et Veolia sur la ligne d’arrivée en 12 jours, 11 heures 58 minutes et 58 secondes.

Derrière les leaders, la flotte suisse a eu du mal. Sur le trimaran Brossard, Yvan Bourgnon a rendu un jour et demi au leader et terminé en sixième position. Sur son nouveau Temenos II, Dominique Wavre est arrivé cinquième, 23 heures après Roland Jourdain.

La poisse pour Stève Ravussin

Stève Ravussin, lui, n’a jamais terminé la course. Pire ! Il a perdu son bateau. Le 7 novembre, à 0h28, le skipper d’Epalinges a déclenché sa balise de détresse Sarsat. Chaviré au milieu de l’Atlantique à cause «d’un décrochage du pilote automatique», le trimaran Orange Project a fait la culbute dans «du vent fort et sur une mer courte avec des vagues traîtresses.»

Le skipper suisse a pu être hissé sur le pont du cargo russe Okhta Bridge au cours d’un sauvetage dangereux et rocambolesque. Cinq jours plus tôt, il avait heurté un container le contraignant à s’arrêter sur l’île d’Horta, aux Açores, pour réparer sa dérive et son gouvernail endommagés.

Selon le quotidien romand Le Temps, le Vaudois aurait signé un contrat de sponsoring l’obligeant à assumer, en cas d’abandon, «les frais de sa participation à la Route du Rhum».

Voile cassée et coup de frein

Même si les conséquences sont moins graves, Yvan Bourgnon a également eu son lot de soucis. «J’ai déchiré mon grand gennaker (voile d’avant) aux Açores. Dans la bataille, des cordes se sont coincées dans l’arbre d’hélice. J’ai dû les couper et elles y sont restées jusqu’à l’arrivée, provoquant ralentissements et vibrations.»

Du coup, le petit frère de Laurent Bourgnon ne pouvait plus régater à armes égales contre ses concurrents.

Dans la litanie des malheurs, Dominique Wavre a connu des problèmes de dérive. Douze heures après le départ, l’appendice s’est coinçé dans son puits et a menacé d’endommager la coque du bateau.

Enorme potentiel d’accélération

«J’ai perdu 4 heures au pire moment de la course», a expliqué le skipper. Troisième, 48 heures avant l’arrivée, le Genevois a reconnu n’avoir pas choisi «la bonne route». Trop sud, il a laissé filer deux concurrents et n’a pu s’offrir que la cinquième place.

Notons cependant que le bateau suisse a terminé premier des quatre nouveaux bateaux engagés dans la flotte des monocoques. Même si sa cinquième position laisse Wavre «sur sa faim», l’objectif de départ est atteint. «En 13 jours de Route du Rhum, j’ai gagné 6 mois de préparation et d’optimisation du bateau.»

Construit l’hiver dernier en Nouvelle-Zélande, Temenos II est le fruit d’une collaboration avec le bureau d’architecte anglais Owen Clark Design. «Il est fabuleux, très fiable et dispose d’un énorme potentiel d’accélération», s’est exclamé son capitaine à l’arrivée.

Le temps de réparer ce qui doit l’être, de faire le plein de vivres, de participer à la remise des prix et le retour sur l’Europe, avec sa compagne Michèle Paret, s’annonçe tout aussi studieux. «Nous préparons notre participation à la Barcelona World Race, le tour du monde en double qui part l’hiver prochain», explique le skipper pour conclure.

swissinfo Pierre-Antoine Preti/Skippers magazine

La Route du Rhum a été créée par le Français Michel Etevenon en 1978. Elle est disputée tous les quatre ans. La huitième édition a vu 74 concurrents au départ. C’est une date incontournable dans le calendrier des courses au large.

Lionel Lemonchoix (trimaran Gitana 11) et Roland Jourdain (monocoque Sill et Véolia) sont les vainqueurs de l’édition 2006.

Les 3500 miles nautiques de course (6500 km) relient Saint-Malo à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.

La première édition vit le petit trimaran jaune de Mike Birch, Olympus Photo, l’emporter sur le grand monocoque Kriter V de Michel Malinowsky par 98 secondes d’avance après 23 jours de course.

Le Suisse Laurent Bourgnon a remporté deux fois la Route du Rhum, sur le trimaran Primagaz, en 1994 et 1998

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