Le salut de Phonak passe par les routes du Tour
L'objectif de l'année 2003 de la seule équipe cycliste suisse professionnelle de première division est de participer au Tour de France.
Ce qui constituerait pour elle une formidable vitrine publicitaire.
Onze ans après l’équipe Helvétia de Paul Koechli, un team cycliste suisse pourrait signer son retour sur le Tour de France. Le GS Phonak affiche en effet des ambitions légitimes.
«Obtenez des résultats et vous aurez vos chances». Le message de Jean-Marie Leblanc, le grand patron du Tour, n’est pas passé inaperçu.
Et à Stäfa, au siège de la Phonak Holding SA, un fabriquant d’appareils auditifs de haute technologie, a été reçu cinq sur cinq.
C’est en 1985 qu’Andy Rihs a fondé sa société avant de la faire entrer en bourse en 1994. Cinq ans plus tard, ce passionné de vélo a jeté les bases du groupe sportif Phonak.
Et dès décembre 1999, l’objectif d’une participation à moyen terme au tour de France est devenu très clair. Après deux ans d’apprentissage en deuxième division, l’organisation a accédé au Gotha du peloton.
Mais sa progression au classement UCI (Union cycliste internationale) a stagné. En juillet dernier l’équipe Phonak n’était pas au départ du Tour de France à Luxembourg. Un échec difficile à avaler, dû en grande partie aux problèmes de santé des leaders du groupe, Oscar Camenzind et Benoît Salmon notamment.
Un impact publicitaire important
Aujourd’hui, Phonak pointe au vingtième rang de la hiérarchie cycliste. Pour obtenir un sésame au Tour du centenaire le 5 juillet à Paris, il a le choix entre deux options: être classée dans les 14e premières équipes de sa division ou convaincre les organisateurs du Tour de lui offrir une des huit Wild card.
Attiré par l’impact publicitaire d’une participation au Tour, Andy Rihs a augmenté le budget du groupe à 12 millions. Une rallonge de trois millions supplémentaires à la clef par rapport à la saison passée.
Chef d’entreprise souvent qualifié d’atypique, le PDG de Phonak, dont il est majoritaire, a puisé près de six millions dans sa tirelire personnelle pour donner vie à son rêve.
Passionné de la Petite Reine, il se défend de considérer son équipe comme un jouet. Lui qui pédale parfois sur la piste du Hallenstadion en compagnie d’Urs Freuler, le manager général de son groupe depuis deux ans, connaît l’âpreté de l’effort. Comme celui du monde des affaires.
Attirer l’attention
Lors de la traditionnelle «Rencontre d’automne» organisée à Martigny par la banque Lombard Odier Darier Hentsch & Cie, Rihs argumentait du haut de la tribune: «Savez-vous que 50% de la population compte parmi ses proches une personne malentendante? Quoi de mieux que le cyclisme pour attirer l’attention des gens sur ce problème trop souvent ignoré?»
En s’exprimant de la sorte, il a coupé net la rumeur faisant état d’un retrait de Phonak du peloton. «Sachant qu’il faut au moins cinq ans pour que notre message passe auprès du public, nous continuerons à soutenir et à promouvoir notre équipe paneuropéenne au moins jusqu’en 2006 ou 2007», affirmait-il.
Supporter la pression
Ainsi, à la veille de l’exercice 2003, Phonak dispose donc de gros moyens financiers. De ce fait, la campagne de transferts est prometteuse. «Je suis convaincu qu’elle a même été bonne», affirme Andy Rihs.
Les nouvelles recrues, dont les jeunes Suisses Michael Albasini, Grégory Rast ou encore le Français Miguel Martinez et l’Espagnol Santi Perez, associés à Camenzind, Salmon et Dominguez, sont ainsi devront supporter la pression inhérente aux ambitions affichées.
«Il faudra transformer cette pression en énergie positive», explique Urs Freuler. Reste à savoir si Phonak version 2003 ne manque pas d’une personnalité médiatique.
Ce rôle pourrait revenir au Français Cyril Dessel. Ce coureur, malentendant, incarne l’engagement de la formation suisse.
swissinfo, Pierre-Henri Bonvin
2003: le budget passe de 9 à 12 millions.
L’équipe se compose de 23 coureurs, dont six nouveaux : 8 Suisses, 4 Français, 5 Espagnols, 3 Italiens, 2 Allemands, 1 Biélorusse.
Manager: Urs Freuler
Directeurs sportifs: Alvaro Pino (Esp), Jacques Michaud (Fra), René Savary (Sui).
Sur les maillots figure un texte publicitaire pour le produit de Phonak. Il sera rédigé dans la langue du pays où se déroule la course. Par exemple, en arabe lors du Tour du Qatar.
Décembre 1999: l’équipe cycliste professionnelle suisse Phonak annonce son arrivée dans le peloton.
2000 et 2001: elle évolue en deuxième division.
2002: elle monte en première division et engage plusieurs cyclistes de renom comme le Suisse Oscar Camenzin, l’Espagnol Juan Carlos Dominguez. Mais également un excellent directeur sportif, Alavaro Pino qui dirigeait l’équipe Kelme.
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