Le ténor de la Lega sur le banc des accusés

Nouveau passage en justice pour le député tessinois. Keystone Archive

Flavio Maspoli doit répondre des faillites de trois de ses sociétés. Son procès s'est ouvert lundi à Lugano.

Le ténor de la Lega est accusé de banqueroute simple et frauduleuse, gestion déloyale, omission de comptabilité et faux dans les titres.

Co-fondateur et député au parlement fédéral de la Lega des Tessinois, mais aussi journaliste et cabarettiste à ses heures, Flavio Maspoli n’est pas un inconnu de la justice tessinoise.

En effet, il a déjà été condamné – et à plusieurs reprises – notamment pour injures, calomnies et diffamation.

Lâché par Giluliano Bignasca

Il a été traîné devant la justice par des politiciens, des syndicalistes, des maires, des fonctionnaires et même des journalistes.

Autant de personnes qu’il avait copieusement insulté à l’époque où il était rédacteur en chef de l’hebdomadaire de la Lega, ‘Il Mattino della domenica’, édité par son ami et compère Giuliano Bignasca.

Un ami qui semble d’ailleurs lui tourner le dos ces temps-ci. Plus précisément depuis que Flavio Maspoli dirige’Ticino Oggi’, le dernier-né des quotidiens tessinois voulu et financé par le patron de Thermoselect.

Thermoselect, souvenez-vous, c’est une société allemande qui construit des stations d’incinérations de déchets et avec laquelle le Tessin avait signé une convention qu’il a résilié, depuis, faute de garanties.

Un personnage adoré ou détesté

Au Tessin, Flavio Maspoli est un personnage, tout à la fois adoré ou détesté. Mais, dans tous les cas, médiatique. Dès lundi, il fera d’ailleurs une fois de plus probablement la une des journaux.

Dans tous les cas, son affaire occupera les colonnes de la rubrique judiciaire pendant une semaine au moins. Car les accusations portées par le tribunal correctionnel de Locarno (qui siègera à Lugano) sont lourdes.

Elles ont été formulées par le procureur luganais Emanuele Stauffer, au terme d’une enquête d’un an qui avait été ouverte après les faillites du journal ‘l’Altra Notizia’ et des sociétés Deag et Medeag, intermédiaires du groupe Denner au Tessin.

Seul après la mort de Karl Schweri

Durant l’enquête, Karl Schweri – l’ancien patron de Denner – avait lui aussi été accusé d’escroquerie. Mais l’accusation est tombée à sa mort.

En effet, le procureur tessinois estimait que la débâcle financière des deux sociétés administrées par Flavio Maspoli était due à la politique commerciale de Denner. En partie du moins.

Quoi qu’il en soit, après le décès de Karl Schweri, le ténor de la Lega reste seul pour répondre des accusations de banqueroute simple et frauduleuse, gestion déloyale, omission de comptabilité et faux dans les titres.

Selon le procureur, Flavio Maspoli aurait prélevé de l’argent de ses sociétés avant que leur faillite soit déclarée. Le co-fondateur de la Lega, lui, répond que son procès est politique.

Toujours est-il que les trois faillites qui lui sont reprochées représentent la coquette somme de sept millions de francs environ.

Des problèmes de santé

En janvier de cette année, Flavio Maspoli a renoncé à la présidence de la députation tessinoise aux Chambres fédérales, à cause de sa santé – il dépasse les 120 kilos et a des problèmes de coeur.

Lundi, il pourrait donc bien ne pas se présenter devant se juges. Mais, avec ou sans lui, la juge du tribunal Giovanna Roggero-Wil dirigera l’audience avec la fermeté qui la caractérise.

C’est elle qui avait condamné, en juin 2001, l’ex-président du tribunal pénal tessinois Franco Verda à dix-huit mois de prison pour corruption.

swissinfo/Gemma d’Urso à Lugano