Les activistes de gauche interdits à Brunnen

Les militants anti-fascistes, ici à Lucerne en 2005, n'auront pas accès à Brunnen. Keystone

Les opposants aux extrémistes de droite n'auront pas le droit de défiler le 1er Août prochain à Brunnen, au bord du lac des Quatre-Cantons, en face du Grütli.

Les autorités cherchent à prévenir toute confrontation entre extrémistes, en marge de la traditionnelle Fête nationale, dont les néo-nazis ont récemment été exclus de facto.

Comme l’an passé, les activistes de gauche ne pourront pas défiler le 1er août prochain à Brunnen, dans le canton de Schwytz. Les autorités communales leur en ont refusé l’autorisation, craignant des affrontements avec les néonazis qui colonisent chaque année le Grütli voisin.

Le «Bündnis für ein buntes Brunnen», en français l’«Alliance pour un Brunnen multicolore», avait déposé en août dernier déjà une demande d’autorisation pour manifester le 1er août 2006 à Brunnen.

Intitulée «Brunnen est multicolore, pas brune», la manifestation «anti-fasciste» devait comprendre une «fête multiculturelle» entre 11h30 et 19h00. Le nombre de participants prévu était estimé entre 500 et 800.

Dans la paix et la dignité

Comme l’année précédente, l’exécutif de la commune d’Ingenbohl, dont fait partie Brunnen, a rejeté la requête du groupe de gauche, qui avait été déposée par l’avocat bernois du groupe, Daniele Jenni. Les autorités veulent que «le 1er août puisse à nouveau être fêté dans la paix et la dignité», écrivent-elles dans un communiqué publié mercredi.

«Cela après que la fête du Grütli a été détournée abusivement par des représentants de l’idéologie d’extrême droite ces dernières années», précise le conseil communal. Ce dernier craint des affrontements violents entre les extrémistes de droite et de gauche. Et le risque de tels affrontements a augmenté, selon les estimations des spécialistes.

Les autorités communales ont offert des alternatives à l’»Alliance pour un Brunnen multicolore», assurent-elles. Le groupe peut faire recours contre cette décision auprès du gouvernement schwytzois. Il semble peu probable qu’il soit entendu. L’an passé, il a été débouté par le Conseil d’Etat sur la même question.

Manifestation néonazie en 2005

Le 1er août 2005, quelque 700 néonazis qui redescendaient du Grütli (canton d’Uri) ont quant à eux défilé dans la rue principale de Brunnen alors qu’ils n’en avaient pas l’autorisation. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues pour éviter «la casse et les blessés», selon le gouvernement schwytzois. Une enquête dirigée contre treize extrémistes de droite est en cours.

Cette année, les organisateurs tenteront d’empêcher les néonazis de monter en force au Grütli et de perturber la fête nationale comme ils le font régulièrement depuis quelques années. La Commission du Grütli, la Confédération et les gouvernements uranais et schwytzois vont mettre en place un système de réservation des places lié vraisemblablement à des restrictions et un contrôle plus sévère.

Rappelons que lors de la fête nationale helvétique, plusieurs centaines de personne se rendent chaque année au bord du lac des Quatre cantons, en Suisse centrale, sur la prairie du Grütli, où la Suisse est née en 1291, selon la légende.

Or, depuis quelques années, des militants d’extrême droite tentent de s’approprier cette cérémonie en chahutant les officiels présents et en perturbant le déroulement de la manifestation. Une tendance qui a culminé l’année dernière, lorsque les extrémistes ont perturbé le discours du président de la Confédération, Samuel Schmid.

swissinfo avec les agences

En bref

– La Fête nationale du Premier août a été introduite en 1891. Cette journée est officiellement fériée depuis 1994.

– Une célébration est organisée chaque année sur la colline du Grütli, lieu mythique où aurait été conclu le pacte défensif de 1291 entre représentants des cantons d’Uri, Schwytz et Unterwald, à l’origine de la Suisse moderne de 1848.

– Depuis une dizaine d’années, des extrémistes de droite se rendent à la célébration du Grütli. Les perturbations ont culminé en 2005, en présence du président de la Confédération Samuel Schmid.

– C’est à Brunnen (Schwytz) qu’une large partie des participants à la cérémonie embarquent à bord des bateaux qui les amènent de l’autre côté du lac, sur la fameuse prairie du Grütli.