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Les altermondialistes se préparent à Rio+20

L’édition 2012 du Forum Social Mondial s’est ouverte avec une marche de 5000 personnes dans les rues de Porto Alegre. Keystone

Le Forum Social Mondial s’est ouvert mardi à Porto Alegre (Brésil), parallèlement au Forum Economique Mondial de Davos. Pour cette édition 2012, les altermondialistes se concentrent sur des propositions en vue du Sommet des Peuples sur le climat et le développement durable de Rio, qui aura lieu en juin.

C’est avec des slogans contre le capitalisme et pour la défense de l’environnement qu’une marche de quelque 5000 personnes organisée dans les rues de Porto Alegre a marqué mardi le premier jour du Forum Social Mondial (FSM) 2012. L’événement réunit jusqu’au 29 janvier des organisations de la société civile et des mouvements sociaux en provenance du monde entier.

Comme il est devenu de tradition, le FSM se tient en contrepoint du Forum Economique Mondial (WEF), qui s’est également ouvert cette semaine dans la station suisse de Davos.

Recherche de solutions

Baptisé Forum Social Thématique 2012, avec pour titre «Crise capitaliste, justice sociale et environnementale», le FMS se déroule cette année au Brésil dans une version réduite. Environ 40’000 personnes devraient y participer, selon les organisateurs.

L’objectif principal de la rencontre est de discuter et d’élaborer des propositions qui seront présentées lors du sommet Rio+20, une conférence sur l’environnement et le développement durable des Nations Unies qui se déroulera au mois de juin à Rio de Janeiro.

A Porto Alegre, les principales discussions porteront sur la recherche de stratégies destinées à surmonter la crise économique globale sans pénaliser les couches les plus défavorisées de la société. Une quête qui doit aller au-delà d’une simple définition d’une économie durable offrant des alternatives face aux changements climatiques.

«Trois ans après la pire crise économique depuis 1929, trois ans après l’énorme hausse des prix des marchandises et des aliments provoquée par la spéculation des géants de la finance, quatre ans après que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a donné l’alerte sur l’urgence d’une transition vers une économie sobre en carbone, tous les problèmes traînent sans perspectives de solution, avec des pouvoirs établis qui sont juste préoccupés par le maintien des affaires à leur niveau habituel», dénonce le document d’ouverture du FSM.

Peu de chefs d’Etat

Le FSM n’aura pas lieu cette fois en présence de chefs d’Etats étrangers, à l’exception du président uruguayen José Mujica, qui participera jeudi à un débat aux côtés de la présidente du Brésil Dilma Rousseff.

La présidente brésilienne a donné pour consigne à ses ministres et hauts fonctionnaires présents à Porto Alegre de débattre en profondeur avec les représentants des mouvements sociaux des questions liées au thème du forum. Mais également des efforts à accomplir en vue d’une éradication de la pauvreté au Brésil, qui reste l’objectif prioritaire de son programme.

Selon le représentant spécial du secrétariat général de la présidence pour les dossiers internationaux, Diogo Sant’Ana, le gouvernement brésilien recherchera le dialogue durant le FMS, afin «d’arrondir les angles» avec la société civile.

«Il existe des thèmes polémiques, mais toutes les discussions que nous avons eues avec le comité organisateur nous laissent à penser qu’il sera possible de parvenir à un consensus», souligne-t-il, en rappelant au passage que l’élaboration du document officiel du gouvernement brésilien pour Rio+20 s’est faite après diverses consultations auprès de la société civile.

Personnalités habituelles

Autres moments forts de ce Forum thématique 2012: des débats avec la participation de l’ancienne ministre brésilienne de l’Environnement, Marina Silva, et de l’inventeur du programme Faim Zéro au Brésil, José Graziano, qui vient de reprendre le poste de directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Quelques noms de la gauche internationale habituellement liées au FSM sont également présents à cette édition 2012. Parmi eux: le journaliste espagnol Ignacio Ramonet, le sociologue portugais Boaventura de Souza ou encore le politologue italien Luigi Bobbio.

Parmi les premiers arrivés à Porto Alegre, Boaventura de Souza tire un bilan positif des onze années d’existence du forum. «Le FSM a permis à l’Amérique du Sud de devenir le continent comptant le plus grand nombre de mouvements de contestation face au capitalisme, dit-il. De plus, le forum a fortement contribué à la consolidation des gouvernements de gauche dans la région.»

D’autres participations au FSM promettent d’être plus polémiques. C’est notamment le cas du militant d’extrême-gauche italien Cesare Battisti, membre des Prolétaires armés pour le communisme dans les années 1970. L’an dernier, le gouvernement brésilien avait refusé son extradition vers l’Italie, où il est accusé de quatre assassinats. Arrivé mardi à Porto Alegre, il a été reçu par le gouverneur de l’Etat du Rio Grande do Sul, Tarso Genro, qui était ministre brésilien de la Justice à l’époque du refus de l’extradition.

Présence suisse

Il est difficile de préciser le nombre de participants suisses au FSM 2012. «L’organisation n’enregistre pas les participants par nationalité, explique Ivan Trindade, membre des service de presse de la manifestation. Mais en tout cas, je pense qu’au moins une dizaine d’organisations suisses participent directement ou indirectement aux activités.»

Représentant de l’Entraide protestante suisse (EPER), Uli Ide a participé au séminaire «Vers Rio+20: pour une autre économie», qui réunissait diverses organisations afin de discuter de la nécessité de transformer les modes de consommation et de production pour arrêter le réchauffement global.

«Notre objectif est d’organiser, d’ici Rio+20, quelques activités avec des acteurs locaux en relation avec la question agraire et la souveraineté alimentaire. Il est possible de changer la production agricole et de débattre de propositions alternatives allant dans le sens d’une économie verte», a déclaré Uli Ide.

Le Forum Social Mondial (FSM) se présente comme une alternative sociale au Forum Economique de Davos (WEF) qui réunit chaque année dans la station grisonne les grands décideurs économiques et politiques de la planète.

Le (FSM) réunit des organisations non gouvernementales, des syndicalistes, des mouvements citoyens et des représentants de la politique (généralement à gauche).

Cette rencontre permet de débattre de thèmes liés notamment à un développement durable et social ainsi qu’à la protection de l’environnement. De nombreux ateliers sont également organisés, mais le FSM a toujours rejeté l’idée d’établir un document final.

La première édition du FSM a eu lieu en 2001 à Porto Alegre. Cette ville du sud du Brésil a également accueilli les éditions 2002, 2003 et 2005.

En 2004, le FSM a quitté pour la première fois l’Amérique latine pour s’établir en Inde, à Bombay. En 2006, il a été décentralisé à Bamako, Caracas et Karachi. En 2007, il  s’est déroulé pour la première fois entièrement sur sol africain, à Nairobi au Kenya.

Depuis 2007, le FSM n’est plus organisé que tous les deux ans (en 2009 à Belém, capitale de l’Amazonie brésilienne et en 2011 à Dakar).

Mais d’autres forums régionaux ou thématiques sont organisés en marge de la manifestation principale bisannuelle.

(Traduction du portugais: Olivier Pauchard)

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