Les anciens responsables de Swissair inculpés
Près de cinq ans après la débâcle de Swissair, la justice zurichoise a déposé plainte contre 19 ex-responsables de SAirGroup.
Les dirigeants se voient reprocher des préjudices causés aux créanciers, notamment par une diminution du patrimoine, de fausses certifications et une gestion déloyale. Tous rejettent en bloc ces accusations.
L’inculpation vise le conseil d’administration de l’époque. En particulier, le dernier patron de Swissair Mario Corti, l’ex-patron de Credit Suisse Lukas Mühlemann et l’ancien chef de SAirGroup Philippe Bruggisser, a annoncé vendredi le procureur général du canton de Zurich Andreas Brunner.
Parmi les personnes mises en accusation figurent aussi l’ancien responsable des finances George Schorderet, l’industriel Thomas Schmidheiny, l’ancienne politicienne Verena Spoerry et le banquier privé genevois Bénédict Hentsch.
Une vive émotion
Les accusés rejettent en bloc les faits qui leur sont reprochés, a précisé Andreas Brunner.
Le procureur général a relevé qu’ils n’avaient pas agi comme des «criminels économiques voulant s’enrichir», mais comme des dirigeants «mus par le désir de sauver leur entreprise».
Néanmoins, des «actions déloyales» et «intentionnelles» leur sont reprochées par le Ministère public de Zurich, qui traitait là vraisemblablement sa plus grosse affaire.
Cela représente quatre ans et demie d’enquête, plus de 4000 classeurs, l’équivalent de 750 DVD de données électroniques, 130 personnes interrogées ou encore 20 perquisitions pour un acte d’accusation de 100 pages.
Jusqu’à cinq ans de prison
La procédure pénale, dont seule la première partie est close, fait partie du «traitement psychologique et mental» de l’événement, qui a soulevé de «grosses vagues émotionnelles» dans tout le pays, a souligné M. Brunner.
Le Ministère public de Zurich a renoncé à requérir des peines, car le Code pénal est actuellement en cours de révision.
Ce sera donc au tribunal de le faire. Les délits inclus dans l’acte d’accusation peuvent déboucher sur des condamnations à la réclusion allant jusqu’à cinq ans.
Pas de procès agendé
Un éventuel procès n’est d’ailleurs pas encore agendé. Formellement, le tribunal du district de Bülach doit d’abord dire s’il entre en matière sur la plainte déposée par le Ministère public de Zurich.
«La balle est maintenant dans le camp du tribunal», explique le procureur général Christian Weber. Rien ne dit que le procès aura lieu cette année.
Mais, il semble clair qu’il pourra débuter avant l’expiration des premiers délais de prescription de 2008.
swissinfo et les agences
1992, après le non populaire à l’Espace économique européen (EEE), Swissair redoute d’être désavantagé par rapport à ses concurrents et noue des alliances avec des compagnies étrangères – déficitaires – comme Sabena et AOM Air Liberté. Cette opération – connue sous le nom projet « Alcazar » – ne va pas aboutir.
2000, la compagnie helvétique fait face à une perte de 3 milliards de francs. Le chef de SairGroup, Philippe Bruggisser, doit s’en aller.
2001, le fondateur de Crossair, Moritz Suter, reprend la direction pour quelques semaines. Dans le même temps, l’ancien conseiller d’Etat radical zurichois Erich Honneger est nommé président du conseil d’administration.
Printemps 2001, ces derniers sont remplacés par l’ancien chef des finances de Nestlé, Mario Corti.
2 octobre 2001, c’est le jour du ‘Grounding’: toute la flotte de Swissair reste clouée au sol. Seule l’interventon urgente de la Confédération, avec l’injection d’un crédit de 450 millions de francs, permet aux avions de reprendre le vol.
Swissair est définitivement clouée au sol le 1er avril 2002.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.