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Les clubs suisses en quête de sang neuf

Freddie Wyser, président de la Fédération des sociétés suisses au Royaume-Uni (FOSSUK). swissinfo.ch

En Grande-Bretagne, le nombre d'expatriés suisses ne cesse d'augmenter; pourtant les rangs des clubs helvétiques se font de plus en plus clairsemés. Certains se mobilisent pour tenter d'inverser la tendance.

Parmi eux, Freddie Wyser, président de la Fédération des sociétés suisses au Royaume-Uni (FOSSUK) et résident dans la capitale écossaise Edimbourg depuis 30 ans.

Freddie Wyser vient de conclure la 43ème assemblée générale ordinaire de la FOSSUK, qui s’est tenue les 14 et 15 juin derniers à Londres.

Par les sujets discutés cette année, les expatriés ont notamment accepté un changement des statuts de la Fédération, qui permettra désormais à quatre Suisses – deux membres de la FOSSUK et deux représentants issus de la communauté suisse plus large – d’être élus comme délégués «britanniques» auprès de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE).

L’objectif d’une telle décision étant d’encourager un nombre plus grand de personnes à s’impliquer dans les activités des sociétés suisses du Royaume-Uni.

swissinfo: Pourquoi était-il si important de réviser vos statuts afin de permettre à deux délégués non-membres de la FOSSUK de siéger à l’OSE?

Freddie Wyser: Les quelque 25 sociétés suisses au Royaume-Uni regroupent environ 3000 membres au total. Or près de 27’000 Suisses sont enregistrés auprès de l’ambassade comme expatriés. Nos sociétés ne représentent donc que 10% des Suisses au Royaume-Uni. Il y a là une disproportion très flagrante.

Nous nous sommes donc dit qu’il serait bon de trouver du sang neuf en dehors de la FOSSUK. Le fait que deux délégués externes à la FOSSUK puissent être élus à l’OSE devrait permettre d’attirer un plus grand public suisse à nos activités.

swissinfo: Est-il plus difficile d’attirer les jeunes de la génération Facebook?

F. W.: Le malaise se constate à l’échelle mondiale. Les sociétés suisses se font de plus en plus vieillissantes et les jeunes ne semblent pas particulièrement intéressés à s’y joindre, si bien que nos clubs ont tendance à fonctionner en cercle fermé.

La télévision et Internet rendent le terrain beaucoup plus difficile qu’il y a 20 ou 30 ans.

Certains clubs sont toutefois mieux lotis que d’autres. A Edimbourg, nous avons par exemple réussi à apporter du sang neuf. Le Club suisse de la ville compte environ 50 membres – 80 avec les partenaires – ce qui fait de lui le plus important des cinq clubs basés en Ecosse. Depuis l’ouverture d’un consulat suisse en Ecosse en 2006, les activités et manifestations au sein de la communauté suisse se sont multipliées.

Ailleurs, d’autres clubs sont en train de mourir en raison du manque d’adhésions. Il n’y aura bientôt plus personne pour assister à leurs réunions.

swissinfo: Quel est le rôle politique des 650’000 Suisses vivant à l’étranger?

F. W.: Le nombre de Suisses qui s’enregistrent auprès des ambassades afin de pouvoir voter augmente chaque mois. Je pense que l’introduction du vote électronique va leur permettre de se sentir davantage impliqués.

Pendant longtemps, les partis politiques ne se sont guère souciés des Suisses de l’étranger, mais ils réalisent petit à petit que ces 650’000 personnes représentent une quantité importante d’électeurs et de votants, capables d’influencer l’issue des scrutins.

swissinfo: Est-il si important pour les Suisses de l’étranger d’être représentés au Parlement fédéral, voire dans les législatifs cantonaux ou communaux?

F. W.: C’est effectivement une préoccupation partagée par de nombreux expatriés, mais à titre personnel, j’ai toujours considéré que cela est absurde. Comment voulez-vous qu’un Suisse vivant en Chine puisse assumer un mandat politique en Suisse, sans qu’il y réside ni même ne sache ce qui s’y passe vraiment, sauf lorsqu’il y passe ses vacances?

Sans parler du coût d’un tel mandat; soit vous êtes riche et vous pouvez vous permettre de le remplir, soit vous vous faites sponsoriser par, disons, un membre de votre parti.

L’an dernier, Edgar Studer, un fonctionnaire retraité de Finchampstead [ndlr, ville du sud de l’Angleterre], s’est lancé dans la course aux élections fédérales pour le compte de l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste). Il a investi beaucoup d’efforts mais au final, il n’a récolté qu’un maigre support. Les gens n’étaient pas intéressés. Il en a été si malheureux qu’il s’est démis de toutes ses attaches avec les Suisses de l’étranger.

swissinfo: Vous avez passé la majeure partie de votre vie hors de Suisse. Quel est votre point de vue sur votre pays d’origine?

F. W.: J’adore la Suisse et je me considère encore et toujours comme Suisse. D’ailleurs je ne possède pas d’autre passeport.

Je rentre au pays quatre à cinq fois par année, et à chaque fois, c’est une immersion complète dans le mode de vie suisse. Je n’aime pas vraiment les grandes villes comme Genève ou Zurich, qui manquent d’identité. Je leur préfère les petites bourgades comme Aarau où Buchs. J’apprécie aussi la propreté, la ponctualité et la convivialité des Suisses.

Mais mes compatriotes sont encore étroits d’esprit comparés au reste du monde; bien que vivant au cœur de l’Europe, ils sont vraiment isolés de leurs voisins, membres de l’Union européenne.

Interview swissinfo, Simon Bradley à Londres,
(traduction: Laurent Andrey)

668’107 Suisses vivaient à l’étranger à fin 2007 (+3,6% par rapport à 2006). 119’429 d’entre eux étaient inscrits auprès des ambassades afin de pouvoir voter.

La communauté suisse au Royaume-Uni s’élevait à 28’288 individus, en hausse de 962 par rapport à 2006.

Depuis 1992, les Suisses de l’étranger ont le droit de prendre part aux votations fédérales et aux élections grâce au vote par correspondance.

Plus de 40 Suisses de l’étranger se sont portés candidats aux élections législatives d’octobre 2007. En 2003, il n’étaient que 17.

Actuellement, aucun Suisse de l’étranger ne siège au Parlement suisse.

Freddie Wyser, ancien dirigeant dans l’industrie alimentaire et aujourd’hui retraité, a vécu les 30 dernières années à Edimbourg, en Ecosse. Il est président de la FOSSUK depuis deux ans et membre du Club suisse d’Edimbourg depuis cinq ans.

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