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Les défis de la politique étrangère de la Suisse

Quand le drapeau rouge à croix blanche dialogue avec l’ONU, à Genève. Keystone

Depuis son arrivée à la tête du ministère des affaires étrangère, Micheline Calmy-Rey a voulu accroître la visibilité de la Suisse dans le monde.

La Conseillère fédérale a mis l’accent sur le droit international, la paix et l’action humanitaire. Mais pour réussir, cette politique doit s’inscrire dans la durée.

«J’ai essayé de donner une visibilité plus forte à notre politique étrangère, et donc un poids politique plus grand sur la scène internationale.» Cette profession de foi lancée en 2003 figure en bonne place sur le site personnel de Micheline Calmy-Rey.

Le site web poursuit en expliquant que la cheffe du DFAE «affirme une politique étrangère active et engagée en faveur de la paix, du droit international, des droits humains et de la lutte contre la pauvreté.»

Deux ans après son entrée en fonction, la ministre socialiste a, sans conteste, réussi quelques coups d’envergure. L’Initiative de Genève figure en tête de liste.

Ce prototype de paix entre Israéliens et Palestiniens, soutenu par la diplomatie suisse et célébré à Genève en décembre 2003, a en effet connu son heure de gloire médiatique et permis à la Suisse de réaffirmer son rôle en faveur de la paix dans le monde.

Fred Tanner cite également le soutien diplomatique et logistique apporté aux pourparlers sur l’avenir de Chypre entre Grecs et Turcs.

Clarifier les buts

Reste que dans les deux cas, ces efforts diplomatiques n’ont pas débouché sur un accord de paix officiel. «Le DFAE devrait sûrement mieux expliquer les finalités, coté suisse, de ces démarches», précise ce responsable du Centre de politique de sécurité de Genève.

«Le DFAE a voulu favoriser l’ouverture d’un débat et offrir une alternative à une situation bloquée», ajoute ce professeur qui animera un cours en 2005 sur la politique étrangère de la Suisse à l’Institut des hautes études internationales. Avant d’ajouter : «Il est très difficile de mesurer à court terme l’impact de telles démarches».

Une chose est sûre: la persévérance finit souvent par payer. Engagée depuis des années en Colombie dans le conflit qui oppose le gouvernement aux forces rebelles des FARC, la Suisse vient d’être choisie comme médiateur officiel entre les deux parties.

Dans l’enceinte des Nations Unies, la Confédération helvétique a également pris une place qui va au-delà de sa taille réelle. C’est en tous cas l’avis d’Alain Campiotti, correspondant avisé du quotidien Le Temps à New York.

«Les Suisses comprennent très bien comment fonctionne la machine onusienne et ils se montrent très actifs, souligne le journaliste. Ils travaillent en particulier à la réforme de la commission des droits de l’homme. Ce qui demande un effort soutenu et une capacité à créer des alliances.»

Complicité onusienne

Dans ce dossier comme dans d’autres, les Suisses et le patron de l’ONU, Kofi Annan, sont d’ailleurs sur la même longueur d’onde, selon Alain Campiotti.

Signe de cette confiance mutuelle, le Suisse Nicolas Michel a été nommé en mai dernier conseillé juridique du secrétaire général des Nations Unies. Et cet ancien professeur a pour tâche de conseiller Kofi Annan sur toutes les questions juridiques touchant au droit international. Un domaine pour le moins sensible.

D’une manière générale, Alain Campiotti estime qu’à l’ONU, la Suisse réussit aussi bien que des pays comme la Norvège ou la Suède, qui eux sont membres de l’organisation depuis ses débuts.

De fait, la diplomatie helvétique récolte là les fruits d’un effort entamé bien avant l’arrivée de Micheline Calmy-Rey au DFAE, et de l’adhésion de la Suisse à l’ONU. Et ce dans un domaine – le droit international – où son expertise est reconnue.

S’inscrire dans la durée

Or, pour continuer à marquer des points et accroître sa visibilité, la politique extérieure de la Suisse devra s’en donner les moyens. «Pour pouvoir mener une action continue, le DFAE aura besoin de plus de ressources financières et humaines», relève Fred Tanner.

«Or la tendance actuelle va plutôt en sens inverse, ajoute le professeur, avec des restrictions budgétaires et des réductions de postes. De plus, la carrière diplomatique ne séduit plus beaucoup les étudiants.»

Raison pour laquelle, Micheline Calmy-Rey a fortement poussé à la création d’un pôle de compétence à Genève en matière de relations internationales.

La ville compte en effet l’Institut universitaire de hautes études internationales (HEI) et celui consacré aux politiques de développement (IUED). Les deux écoles vont renforcer leurs collaborations et mieux tirer partis des organisations internationales et des ONG installées sur les bords du Lac Léman.

Ce projet permettra notamment de mieux former les futurs diplomates suisses. Ce centre de compétence pourra également renforcer l’action de la politique extérieure suisse.

«Un certain nombre de diplomates nous l’ont demandé: ils aimeraient pouvoir faire appel à des compétences genevoises pour traiter certains dossiers», relève ainsi Michel Carton.

Et le nouveau directeur de l’IUED de conclure: «Reste à savoir quels moyens seront mis à disposition de ce projet. Et là, les réponses ne sont pas encore claires, ni du coté du canton de Genève, ni de la Confédération.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

En 2005, les relations avec l’étranger représenteront 4,7% des dépenses de la Confédération.
Ce budget est principalement utilisé par l’aide au développement (1,4 milliard de francs) et les relations politiques (820 millions de francs).
Le DFAE (y compris la DDC) employe 3500 personnes, dont 115 ambassadeurs.

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