Les Etats-Unis donnent une bonne note à la Suisse
Suite aux attentats du 11 septembre, les banques suisses ont été «exemplaires». Dixit John Ashcroft, ministre de la Justice des Etats-Unis.
Après les récriminations américaines de ces dernières années contre les banques suisses, les propos tenus par John Ashcroft ont probablement fait plaisir au milieu de la finance helvétique.
Mercredi, à Berne, le représentant de l’Association suisse des banquiers (ASB) avait en tout cas l’air ravi. Il faut dire que le ministre de la Justice des Etats-unis n’a pas ménagé ses compliments.
Jugez plutôt: John Ashcroft a remercié «la Suisse et spécialement ses banques» pour «l’attitude responsable» et «exemplaire» qu’elles auraient adopté pour aider les Etats-Unis dans leur «défense de la culture civilisée», sous-entendu pour combattre le terrorisme.
Selon le ministre américain, la Suisse est un «carrefour» des flux financiers liés aux activités terroristes. Mais grâce à la collaboration «constructive» de ses banques, des sommes importantes – «30% du total des avoirs bloqués dans le monde» en rapport avec les attentats du 11 septembre – auraient pu être gelées.
Le refus de coopérer des banques suisses dans ce domaine et en matière de lutte contre le crime organisé serait donc «un mythe». Et d’ajouter qu’il serait temps «que le monde prenne conscience de ce fait».
Une collaboration renforcée
La visite de John Ashcroft était essentiellement axée sur la lutte contre le terrorisme. Elle a notamment permis au patron de la Justice américaine de revenir sur un projet d’accord actuellement en discussion entre la Suisse et les Etats-Unis.
En effet, les deux pays souhaitent renforcer leurs collaborations policière et judiciaire dans les enquêtes sur les attentats anti-américains du 11 septembre.
Il est prévu, rappelons-le, que des policiers helvétiques se rendent aux Etats-Unis et des policiers américains en Suisse. Afin qu’ils puissent travailler tous ensemble et en permanence sur un certain nombre de dossiers.
On sait que, aujourd’hui déjà, les Etats-Unis et la Suisse échangent régulièrement des agents de liaison pour discuter d’enquêtes en cours.
Un précieux secours
Le ministre américain de la justice s’est d’ailleurs félicité de l’aide qu’aurait fourni la police suisse aux Etats-Unis dans l’affaire du ressortissant américain José Padilla – alias Abdallah El-Muhajir – qui est accusé par Washington d’avoir voulu faire exploser une bombe radioactive.
Pour mémoire, José Padilla aurait passé plusieurs fois par Zurich-Kloten. Et c’est après un voyage en provenance de Suisse qu’il aurait été arrêté à Chicago le 8 mai dernier.
Pour des raisons qui tiendraient au secret de l’enquête, John Ashcroft n’a pas voulu dire si l’aide helvétique avait été «cruciale». Mais il a souligné qu’elle avait été d’un «précieux secours».
L’exemple suisse
Sur un point au moins, John Ashcroft a surpris son auditoire en déclarant que dans leur effort de mieux contrôler l’immigration sous l’angle de la sécurité, les Etats-Unis pourraient dans les années à venir se fonder sur… la réglementation suisse!
Il faisait allusion au fait qu’en Suisse, comme dans d’autres pays européens, un étranger doit généralement s’annoncer aux autorités locales dans les trois mois qui suivent son arrivée dans le pays.
Une obligation qui est tout à fait contraire à la tradition de respect de la sphère individuelle telle qu’elle a été comprise jusqu’ici dans la plupart des pays anglo-saxons.
swissinfo/Michel Walter
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