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Les Etats-Unis veulent geler l’argent du terrorisme

Des prisonniers détenus à Guantanamo ont fourni de nouveaux renseignements sur le financement du terrorisme. Keystone Archive

Le sous-secrétaire américain au Trésor a rendez-vous mardi à Zurich avec des banquiers suisses.

Jimmy Gurulé veut que plusieurs pays européens – dont la Suisse – gèlent les avoirs d’une dizaine d’hommes d’affaires soupçonnés de financer Al-Qaïda.

Après un crochet par le Liechtenstein, Jimmy Gurulé doit repasser par Zurich mardi. Il doit y avoir des entretiens avec des responsables du secteur bancaire, en particulier ceux du Crédit Suisse Group (CSG) et de l’UBS, après avoir déjà rencontré lundi Valentin Roschacher, le procureur général de la Confédération.

Au cours de cette visite organisée par Washington, le vice-ministre américain de l’Economie et des Finances se rendra aussi au Luxembourg et en Suède, de même qu’au Danemark, le pays qui assure la présidence tournante de l’Union Européenne.

Al-Qaïda s’est reconstituée

L’objectif de Jimmy Gurulé est de raviver la lutte contre le financement du terrorisme, à un moment où Washington estime qu’Al-Qaïda s’est reconstituée après le choc initial provoqué par les bombardements américains en Afghanistan et la chute des Talibans.

Vendredi, George Tenet, le directeur de la CIA, a en effet déclaré que le réseau d’Oussama Ben Laden «s’est réorganisé». A tel point que, selon le patron de la centrale américaine de renseignements, «le niveau de menace terroriste est aujourd’hui aussi élevé qu’il l’était avant les attentats du 11 septembre 2001».

De nouveaux renseignements

Certes, le porte-parole de l’ambassade américaine à Berne souligne que «la coopération entre les Etats-Unis et la Suisse est très bonne» dans la traque de l’argent du terrorisme. Les deux gouvernements ont d’ailleurs signé le mois dernier un accord sans précédent qui vise à renforcer l’échange d’informations dans ce domaine au niveau policier et judiciaire.

Mais, récemment, l’Administration Bush a obtenu de nouveaux renseignements qui l’amènent à penser qu’Al-Qaïda dispose encore de nombreuses sources de financement. Les renseignements émanent de certains individus faits prisonniers en Afghanistan et détenus sur la base américaine de Guantanamo.

Grâce à ces informations, les Américains ont identifié une dizaine d’hommes d’affaires qui apportent une aide financière au groupe qui est soupçonné d’avoir commandité les attentats de septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone.

La plupart des hommes d’affaires en question sont originaires d’Arabie Saoudite. La semaine dernière, le Council on Foreign Relations déplorait que l’Administration Bush se soit abstenue d’exercer de lourdes pressions sur le gouvernement saoudien depuis les attentats.

Des informations spécifiques

«L’Administration Bush devrait être beaucoup plus ferme» avec l’Arabie Saoudite, lançait ainsi Maurice Greenberg, le directeur de ce centre de recherche très influent aux Etats-Unis. Car quoi que nous fassions en ce moment, ça ne marche pas.»

En attendant une décision politique de peser directement sur Ryad, la visite de Jimmy Gurulé est destinée à renforcer la coopération entre les Etats-Unis et l’Europe, où la plupart des hommes d’affaires identifiés ont placé des avoirs.

«Le problème du financement du terrorisme est d’une ampleur énorme et il reste beaucoup à faire», a rappelé le sous-secrétaire avant de quitter Washington.

A l’occasion de sa tournée européenne, il entend présenter à ses interlocuteurs «des informations spécifiques sur des cibles qui ont un impact important». Et obtenir le gel des avoirs des hommes d’affaires suspectés de financer Al-Qaïda.

swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington

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