Les juifs de Suisse calment le jeu

Selon Alfred Donath, le patron du Congrès juif mondial devrait comprendre qu'il doit s'excuser. Keystone Archive

La Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) a finalement décidé de ne pas exiger d’excuse d’Israel Singer, président du Congrès Juif mondial.

Ce dernier avait qualifié la neutralité suisse durant la 2e Guerre mondiale de «crime», provoquant un tollé lors de la commémoration d’Auschwitz.

Selon Le Temps de vendredi, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) s’est finalement entendue pour modérer les termes de sa lettre à Israel Singer, président du comité exécutif du Congrès juif mondial (CJM).

Le ton de la lettre envoyée ce jour est moins dur que les propos tenus dans le même quotidien romand le 27 janvier dernier par Alfred Donath, président de la FSCI.

«Nous allons demander non seulement qu’Israel Singer s’excuse, mais qu’il quitte la présidence du board of governors, car il s’est disqualifié», avait déclaré Alfred Donath.

L’intéressé précise à swissinfo l’approche désormais privilégiée. «Le ton n’a pas changé, explique Alfred Donath. Ce qui est différent, c’est que nous estimons qu’Israel Singer est assez mûr pour comprendre qu’il devrait s’excuser. Sans que nous ne le demandions directement.»

Complet désaccord

Le président de la FSCI esquisse aussi le contenu de la lettre: «Nous y exprimons notre complet désaccord avec ce qu’a dit Israel Singer, en répétant que la Suisse a fait son examen de conscience avec la commission Bergier. Qu’elle a eu des torts pendant la guerre, mais qu’il ne faut absolument pas les mettre au niveau du rôle qu’a joué l’Autriche, ou en parallèle avec la collaboration en France. Nous lui rappelons que la Suisse a accueilli 30’000 réfugiés, auxquels elle a sauvé la vie.»

Ce n’est pas tout. «Dans cette lettre, nous exprimons aussi notre étonnement qu’il puisse s’exprimer au nom du Congrès juif mondial, duquel nous faisons partie», relève Alfred Donath.

Le même Alfred Donath souligne que «la réprobation dans les milieux juifs est unanime.» Avant de conclure que «normalement, lorsqu’on reçoit une lettre, on y répond. Mais il est plus que probable qu’il ne nous répondra pas.»

Durement ressenti

A l’origine de la dispute: les propos tenus par le président du CJM le 25 janvier dernier à Berlin, deux jours avant les commémorations officielles des 60 ans de la libération du camp d’Auschwitz.

Israel Singer avait notamment déclaré que «la ‘neutralité’ suisse face au mal (nazi) était un crime». Alfred Donath avait jugé «extrêmement malheureux» le moment choisi pour «lancer une polémique qui n’a absolument pas sa place aujourd’hui».

Le gouvernement avait décidé de ne pas réagir officiellement, Israel Singer étant une personne privée. A l’inverse de la FSCI, qui s’était rapidement mise d’accord pour lui écrire.

swissinfo

En bref

– La Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) a écrit à Israel Singer suite aux propos qu’il a tenu le 25 janvier dernier, juste avant les commémorations officielles des 60 ans de la libération du camp d’Auschwitz.

– Le président du comité exécutif du Congrès juif mondial (CJM) avait qualifié de «crime» la politique de neutralité de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale.

– Cette polémique intervient sur fond de tensions entre le CJM et la FSCI, qui a demandé des explications sur la gestion financière de cette organisation.

– Le procureur de l’Etat de New York s’y intéresse aussi et une enquête préliminaire est en cours.