Les lettres d’une Suissesse à un condamné à mort américain
Réunis au sein de l'association «Lifespark», l'étincelle de vie, des Suisses correspondent avec des condamnés à mort, aux Etats-Unis. Parmi eux, Sophie Breitenmoser.
Elle est déterminée, simple et directe. Maman de deux enfants, ergothérapeute, responsable du groupe romand d’Amnesty International à Bienne, Sophie Breitenmoser est aussi membre de «Lifespark».
Depuis quatre ans, elle correspond avec Gérald, 36 ans, noir-américain, condamné à mort. Détenu depuis six ans dans une prison du Texas, il attend son exécution dans le couloir de la mort. Son seul lien avec l’extérieur: ses deux correspondantes suisses.
«Ma première lettre était sobre. Je me suis présentée, raconte Sophie Breitenmoser. Gérald m’a répondu. Au début, il me posait beaucoup de questions très simples comme la couleur de mes cheveux, mon travail, ma famille. Ensuite, une relation de confiance s’est établie».
«Il est devenu un ami pour moi et je suis devenue une amie pour lui. Une amitié saine et réciproque. Je lui parle aussi de mes problèmes et il me propose des solutions. Parfois, je finis par oublier qu’il est prisonnier dans le couloir de la mort».
Gérald ne connaît pas la date de son exécution. Il attend. Et sa correspondante attend avec lui. «Même si j’ai toujours un peu d’espoir, j’essaie de ne pas oublier qu’il n’a pas d’avenir, à plus ou moins long terme. Objectivement, je sais qu’il n’y a pas d’autre issue avec la politique actuelle».
Sophie Breitenmoser aimerait rencontrer son correspondant. Mais elle tempère son enthousiasme. «Les possibilités d’entretien sont très restreintes. Et la situation ne va pas en s’améliorant avec la nouvelle politique du président Georges W. Bush».
Sa prochaine lettre sera pour bientôt. Sophie et Gérald s’écrivent en moyenne une fois par mois.
Alexandra Richard
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