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Les responsables de «l’Angolagate» perdent au TF

Les armes avaient été vendues au président angolais Jose Eduardo Dos Santos entre 1993 et 1994. Keystone Archive

Le Tribunal fédéral a tranché. La Suisse va transmettre à la France tous les documents bancaires liés aux ventes d'armes à l'Angola en guerre.

Le 1er décembre 2000, Pierre Falcone, un homme d’affaires français, est emprisonné pour «commerce illicite d’armes», «trafic d’influence», «abus de biens sociaux», «abus de confiance» et «fraude fiscale». Associé à Arcadi Gaydamak, un Russe, réfugié depuis en Israël, il aurait vendu pour 633 millions de dollars d’armes à l’Angola, alors victime d’une guerre civile meurtrière.

Pour réaliser leur juteux business, les deux hommes versaient de copieuses commissions à des personnalités françaises, comme Jean-Christophe Mitterrand, le fils de l’ancien président, Jean-Charles Marchiani, député européen et bras droit de Charles Pasqua, ou l’écrivain Paul-Loup Sulitzer.

Ce vaste trafic d’armes transitait, du moins financièrement, par la Suisse. Pierre Falcone avait créé la société Montaigne Financial Services, et bénéficiait depuis 2000 d’un permis B dans le canton de Vaud. Les autres acteurs possédaient tous les comptes bancaires dans la Confédération.

Opérations de blanchiment en Suisse

Dès le mois de décembre 2000, les juges français Isabelle Prevost-Desprez et Philippe Courroye adressaient des commissions rogatoires en Suisse. C’est le magistrat genevois Daniel Devaud qui assure l’entraide judiciaire. Il a ouvert sa propre enquête, considérant que «l’Angolagate» a donné lieu à des opérations de blanchiment sur territoire helvétique.

Les principaux acteurs du dossier ont déposé des recours pour bloquer la transmission des informations en France. Daniel Devaud avait demandé à tous les établissements financiers de lui communiquer des informations sur une dizaine de personnalités françaises (dont l’ancien ministre Charles Pasqua) et sur une douzaine de sociétés.

Le Tribunal fédéral a débouté Pierre Falcone, Arcadi Gaydamak, et leurs amis. Un énorme paquet de documents va donc être transmis à Paris. Il évoque des ventes illicites d’armes à l’Angola pour 463 millions de dollars, mais parle également de trafic de munitions en direction du Congo et du Cameroun.

Financement des élections européennes

Les faits reprochés ne s’arrêtent pas là. L’enquête porte également sur «le détournement du produit de ces ventes», pour des montants de 78,4 millions de dollars et de 68,7 millions de dollars, et des transferts du butin, «en tout ou partie sur des comptes bancaires en Suisse».

Ajoutez «un trafic d’influence lié au financement des élections au Parlement européen» en 1999. En clair, l’argent de ce trafic d’armes aurait pu financer la liste conduite par l’ancien ministre Charles Pasqua.

Il reste à savoir si la justice française aura les mains libres pour ennuyer un homme politique qui vient de se réconcilier avec Jacques Chirac. Inculpé dans d’autres dossiers, Charles Pasqua ne s’est pas présenté aux dernières élections présidentielles, et a appelé à voter pour l’actuel locataire de l’Elysée.

swissinfo/Ian Hamel

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