Les Suisses du Tour de 1937 à 1951

Juste avant, mais surtout après la Deuxième Guerre mondiale, les cyclistes suisses ont vécu leurs plus belles heures de gloire sur les routes du Tour.

Avec, apothéose, les deux uniques victoires finales de Ferdi Kobler (1950) et Hugo Koblet (1951).

1937 – Un 14 juillet…

Né en Belgique, René Pedroli opta pour la nationalité de ses parents – grisons d’origine – à sa majorité.

Il devint ainsi le premier Suisse à s’imposer un 14 juillet, jour de la fête nationale française. A 23 ans, sous la canicule, il remportait au sprint l’étape de Montpellier devant une trentaine de coureurs dont plusieurs spécialistes de l’époque.

A noter que pour la première fois cette année, l’emploi généralisé du dérailleur était accepté.

1937 (bis) – Premier podium

A Paris, le 25 juillet Leo Amberg est le premier Suisse à figurer sur la troisième marche du podium final à Paris aux côtés du Français Roger Lapebie, vainqueur du Tour, et de l’Italien Mario Vicini.

Au classement final, le Lucernois pointait à plus de vingt-six minutes (26’13 ») de retard. Il avait aussi été le premier Suisse à remporter une épreuve contre-la-montre (Vire – Caen, 59 km) crée en 1934.

1947 – A sa façon…

Pietro Tarchini, le puissant routier de Balerna, s’est distingué à sa façon pour signer sa première: le Tessinois s’est en effet classé bon dernier du classement général à Paris après avoir remporté la 19e étape, Les Sables d’Olonne – Vannes (236 km), à la surprise générale.

1948 – Au sommet

Pour la première fois le Tour franchit un col suisse, La Forclaz (1527 m). Le Français Apôtre Lazarides est le premier à le franchir.

1950 – La troisième fut la bonne…

A 31 ans – il les a fêtés le jour de repos à Pau – Ferdi Kubler offre à la Suisse sa première victoire finale dans le Tour.

Il vient de boucler sa troisième Grande Boucle après avoir abandonné en 1947 et 1949. Sur le podium il est entouré du Belge Stan Ockers (2e) et du Français Louison Bobet. Certains mettent un bémol au succès du Zurichois. De fait, vainqueur en 1949 Fausto Coppi, blessé au Giro, n’était pas au départ.

De plus, à l’appel de la 12e étape, les Italiens, emmenés par Gino Bartali, abandonnent. Ils redoutaient les excès d’un public partisan, «Gino le Pieux» ayant été agressé dans le col d’Aspin.

Il affirma même avoir vu un spectateur un couteau à la main… «Dans l’autre il avait un salami», rectifie Kubler. Auquel, en qualité de deuxième du classement général derrière Fiorenzo Magni, on proposa d’endosser le maillot jaune.

«L’aigle d’Adliswil» refusa et se fit un malin plaisir de le revêtir le soir à Perpignan pour ne plus le céder jusqu’à Paris. Avec onze jours de suite en jaune il détient également le record des Suisses dans ce domaine.

1951 – Première à l’étranger

Hugo Koblet ne pouvait décemment pas faire moins bien que son éternel rival et ami Ferdi Kubler. Le 29 juillet il accède à la plus haute marche du podium à Paris, flanqué de Raphaël Geminiani (2e) et de Lucien Lazarides, les deux Français.

Le «Pédaleur de charme», ainsi appelé par le chansonnier/humoriste Jacques Grello, signait «sa première suisse» en remportant une étape du Tour à… l’étranger! Le 27 juillet il écrasait tous ses adversaires dans un contre-la-montre de 97 kilomètres, Aix-les-Bains – Genève. Il laissait le Belge Decock à 4’50 et le Français Barbotin à 4’59.

swissinfo, Pierre-Henri Bonvin

Références: «Histoire du Tour de France», «Le Tour des Suisses», «VELO magazine», «L’Histoire, les archives du Tour», «VELO Gotha», «Almanacco del Ciclismo», «Dictionnaire du cyclisme».

En bref

Les vainqueurs du Tour de France (suite) :

– 1937-1939: Sylvère Maes (BEL)

– 1938-1948: Gino Bartali (ITA)

– 1947: Jean Robic (FRA)

– 1949-1952: Fausto Coppi (ITA)

– 1950: Ferdi Kubler (SUI)

– 1951: Hugo Koblet (SUI)