Les Suisses se mobilisent contre la peine de mort
Amnesty International et les Eglises suisses demandent au Japon, à l'Arabie Saoudite et aux Etats-Unis d'abolir la peine capitale.
Mardi, la Journée internationale des droits de l’homme était placée sous le thème de la lutte contre la peine de mort.
Plusieurs actions de sensibilisation ont eu lieu en Suisse.
Ce sont surtout des stands d’information qui ont pris place au centre des principales villes de Suisse, dont Genève, Lausanne, Delémont, Sion, Berne, Zurich, Bâle ou Lugano. Et, comme chaque année, des bougies de la liberté étaient en vente.
Le slogan de la campagne était simple et percutant: «La peine de mort n’est pas une solution».
«Cela ne doit pas être un moyen pour l’Etat et les victimes de prendre une revanche sur les coupables», précise Daniel Garcia, président de la section suisse d’Amnesty International.
«Seul Dieu a le droit de décider de la vie ou de la mort d’une personne», ajoute Muriel Beck, déléguée pour les droits de l’homme à la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FCES).
Le cas américain
Une marche aux flambeaux a eu lieu tôt mardi matin à Berne ainsi qu’un service religieux en faveur des droits de l’homme.
Les Eglises de Suisse ont également adressé une pétition aux autorités de trois Etats qui continuent d’appliquer la peine de mort: l’Arabie Saoudite, le Japon et les Etats-Unis.
Aux Etats-Unis justement, les condamnations à mort sont fréquentes et les erreurs se multiplient: souvent des innocents sont exécutés.
Et l’ombre de la discrimination raciale est toujours présente. Dans le couloir de la mort, la majorité des détenus sont noirs et viennent des basses couches de la société.
Mais comment se fait-il qu’une puissance mondiale, avec des principes démocratiques, s’obstine à maintenir la peine capitale?
«Les Etats-Unis n’ont pas la même conception du droit que les Européens, explique Muriel Beck. Le système pénal américain vise plus à punir qu’à réintégrer les personnes qui commettent un délit. En Europe, c’est l’inverse.»
«Le présumé engagement des Etats-Unis en faveur des droits de l’homme est plus une question d’image qu’une réalité», poursuit-elle.
Le Japon et l’Arabie Saoudite
Autre pays industrialisé et moderne: le Japon. Là aussi la peine de mort est encore en vigueur. Les condamnés sont pendus. La famille et les assistants religieux ne sont même pas avertis.
Les pratiques japonaises sont peu connues. Les exécutions sont dissimulées à l’opinion publique et sont classées «secret d’Etat».
Pour sa part, l’Arabie Saoudite est l’un des pays où l’on enregistre le plus grand nombre de condamnations à mort: en moyenne, deux par semaine.
On y risque la peine de mort si l’on «s’éloigne de l’Islam», en cas de trafic de drogue ou si l’on est accusé de «sorcellerie».
Selon Amnesty, les procès ne durent que quelques minutes et se déroulent à huis clos.
En 1999, l’Arabie Saoudite a versé plus d’un milliard de dollars à différentes sociétés de relations publiques pour qu’elles aident le régime à cacher les graves violations des droits de l’homme.
La prison à vie
«La peine de mort est inhumaine et contraire aux droits fondamentaux, déclare encore Daniel Garcia. Le droit pénal existe pour protéger la population. Et c’est possible sans faire appel à la peine capitale. Par la prison à vie, par exemple.»
Les Eglises suisses et les différentes organisations de défense des droits de l’homme ont donc décidé d’envoyer une pétition aux autorités de ces trois pays.
Moratoire sur les exécutions
Elles demandent un moratoire immédiat sur les exécutions, en vue d’une abolition totale de la peine de mort.
Mardi, des manifestations et des débats se déroulent dans toute la Suisse pour sensibiliser la population. Et des appels sont lancés dans les églises en faveur de l’abolition de la peine de mort.
swissinfo/Elena Altenburger
(Traduction: Alexandra Richard)
En 2000:
La peine de mort est encore en vigueur dans 87 pays
5 pays continuent de condamner à mort des mineurs:le Niger, les Etats-Unis, l’Iran, l’Arabie Saoudite et le Yémen
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