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Les Tamouls de Suisse veulent croire en la paix

Les pourparlers de paix ont débuté lundi à Bangkok. Keystone

Exilés en Suisse, ils ont les yeux fixés sur la Thaïlande. Où se déroulent, depuis lundi, des négociations de paix entre gouvernement et séparatistes sri lankais.

Mais pour envisager un retour, les réfugiés Tamouls veulent des garanties.

Les pourparlers de paix entre représentants du gouvernement sri lankais et du mouvement rebelle des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) doivent se tenir durant trois jours dans l’enceinte de Sattahip, base navale des environs de Bangkok.

Cette rencontre est le résultat d’une initiative de la Norvège. Ce pays scandinave est du reste à l’origine du cessez-le-feu qui est entré en vigueur en février dernier. Et qui a été plus ou moins respecté jusqu’ici.

Bien intégrés en Suisse

Le conflit sri lankais a fait 65 000 victimes en dix-neuf ans et provoqué des milliers de départs. Ils sont nombreux à avoir choisi la Suisse. C’est même l’une de leurs destinations privilégiées avec le Canada, l’Allemagne et la Grande-Bretagne.

Sur 36 000 personnes ayant trouvé asile en Suisse, 27 000 bénéficient d’une autorisation temporaire ou même d’un passeport helvétique. 8 000 autres sont enregistrés comme requérants d’asile, et 1000 ont obtenu le statut de réfugié.

«Lorsque les premiers Tamouls sont arrivés en Suisse dans les années quatre-vingts, ils se sont trouvés dans une situation difficile», rappelle Anton Ponrajah, président des organisations tamoules de Suisse. «Ici, ils étaient des ‘exotiques’».

Les remous provoqués par la présence de cette population si différente se sont bien calmés entre-temps. «L’agressivité a pratiquement disparu. Le processus d’intégration est extraordinairement réussi», poursuit M. Ponrajah.

Une main-d’œuvre recherchée

Sur le marché du travail, les Tamouls sont très demandés. Particulièrement dans la restauration et l’hôtellerie «où ils sont considérés comme dignes de confiance, aimables et faciles à former», explique Thomas Allemann, de la Société suisse des hôteliers (SSH).

Fini le temps où ils étaient confinés à des tâches exclusivement non qualifiées, comme la vaisselle. «De plus en plus, on voit des Tamouls dans le service ou la cuisine, où ils font du très bon travail», poursuit Thomas Allemann.

Retour prochain au Sri Lanka?

Au cas de percées dans les négociations en Thaïlande, les Tamouls vivant en Suisse ne sont tout de même pas prêts de regagner leur patrie rapidement.

«Ils se réjouissent bien sûr de l’ouverture de ces pourparlers», indique Anton Ponrajah. Grâce aux pressions internationales, les parties sont pour la première fois susceptibles de trouver une ébauche de solution.

«Mais l’heure du retour est loin d’avoir sonné. Pour cela, il faudrait que la paix et la sécurité soient garanties. En outre, la plupart des Tamouls sont très bien intégrés, avec des enfants nés et éduqués dans les écoles suisses.»

Ainsi donc, l’hôtellerie nationale n’a pas à craindre pour l’instant de perdre sa force de travail favorite. Mais certains scénarios sont en discussion, concède Thomas Allemann. «Tôt ou tard, nous aurons du mal à recruter du personnel qualifié.»

Un long processus

Cela dit, les négociations de paix ne pourront réellement débuter que si les deux parties arrivent à se mettre d’accord sur un calendrier. Mais les points de vue des deux protagonistes sont si éloignés qu’une solution rapide n’est guère envisageable.

Le gouvernement est prêt à accorder une vaste autonomie administrative aux Tamouls. Cependant, pour les observateurs, il est plus que douteux que le chef des Tigres de libération se contente d’un rôle de chef régional.

Autre problème: la majorité cinghalaise reste très sceptique face à la partition de l’île. Enfin, il convient de rappeler que le conflit a fait 3000 victimes rien qu’au cours de cette année.

swissinfo/Félix Münger

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