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Michel Ritter sous le coup de nouveaux reproches

Les choses se compliquent pour Michel Ritter, le directeur du Centre culturel suisse de Paris. Keystone Archive

Le directeur du Centre culturel suisse de Paris a «échangé» des adresses contre des meubles. Des personnalités envisagent de porter plainte.

Pour Pro Helvetia, Michel Ritter a commis une faute professionnelle. Mais qui n’implique pas son licenciement.

Le conflit opposant le directeur du Centre culturel suisse de Paris (CCSP) à ses employés a pris une nouvelle tournure.

Il ne s’agit plus seulement de défendre tel ou tel choix artistique, selon les révélations faites mardi soir lors de l’émission d’information «10 vor 10» de la télévision alémanique DRS.

Peu après son arrivée en septembre 2002, Michel Ritter a en effet obtenu pour 35’000 francs de nouveaux meubles en échange d’adresses d’artistes et de personnalités inscrites dans le fichier du CCSP.

Le mobilier, fourni par une grande marque de design, a pris place dans le bureau du nouveau directeur et dans la bibliothèque.

Un «sponsoring normal»

Michel Ritter se défend d’avoir commis un acte illégal. «C’est une forme de sponsoring, déclare-t-il, que j’ai déjà pratiqué», a-t-il déclaré à swissinfo.

L’ancien directeur du centre d’art contemporain de Fribourg, Fri-Art , ne veut pas préciser s’il a recouru à ce type de soutien financier lorsqu’il était à Fribourg.

«Je n’ai pas consulté toutes les lois existantes, mais je ne vois rien de répréhensible dans ce que j’ai fait. Je n’ai rien à ajouter», conclut-il.

Interrogé par «10 vor 10», l’écrivain Bernard Comment ne cache pas son indignation.

«Pour moi, c’est un véritable scandale. Et c’est aussi un manque de respect par rapport au pays hôte du Centre culturel et par rapport à des gens qui ont bien voulu donner leur adresse parce que c’est un fichier culturel.»

Vers des suites judiciaires



L’«échange» pourrait même avoir des suites judiciaires. «Beaucoup de personnes ont protesté après avoir reçu un courrier publicitaire d’un fabricant de meubles, indique l’administratrice du CCSP, Bruna Mettler, la majorité par téléphone, une poignée par écrit.

Certains envisagent des démarches en justice au nom de la protection de la vie privée. Ce troc tombe sous le coup de la loi française sur l’informatique et les libertés. Il peut aussi être considéré comme une vente dissimulée contre un achat dissimulé.»

Bruna Mettler indique encore que les employés n’étaient pas au courant de la démarche de Michel Ritter pour obtenir le nouveau mobilier.

«Nous l’avons appris par les réclamations des personnes lésées. Michel Ritter m’avait simplement dit que nous aurions du sponsoring, sans plus.»

Pour le personnel de l’hôtel Poussepin, siège du CCSP, l’affaire démontre bien que le conflit qui les oppose au directeur est bien plus grave que la seule querelle de choix artistique évoquée jusqu’ici.

Pro Helvetia au courant



La révélation de la vente du fichier d’adresses donne en outre une autre résonance au communiqué publié par Pro Helvetia il y a dix jours, selon lequel «le programme artistique Michel Ritter n’est pas remis en cause».

Pro Helvetia annonçait aussi un audit interne. Après deux reports, le verdict de la fondation a été annoncé pour la semaine prochaine.

Contactée par swissinfo sur l’affaire du mobilier, le directeur de Pro Helvetia, Pius Knüsel, répond: «Ce n’est pas nouveau. Cette affaire a été révélée la semaine dernière par la Radio suisse romande».

«Nous en avons parlé avec Michel Ritter. C’est pour nous une faute professionnelle. La loi française est très rigide sur ces questions. Mais, le Comité directeur a estimé que cette n’était pas suffisante pour le licencier».

De leur côté, des proches de l’institution ne cachent pas leur gêne. Déplorant les lourdeurs si fédérales de la Fondation, certains souhaitent qu’un plénum du Conseil de fondation (qui n’a pas été consulté sur l’affaire) soit convoqué rapidement pour se prononcer.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

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