Micheline Calmy-Rey accusée de partialité
La Fédération suisse des communautés israélites regrette le «manque d’équilibre» dont la ministre aurait fait preuve lors de son voyage au Proche-Orient.
Le Département fédéral des affaires étrangères rejette ces griefs et constate que la Suisse assume une position officielle très claire.
Le comité central de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) s’est mis d’accord sur une résolution tout à fait limpide dans laquelle il précise ce «manque d’équilibre» constaté lors du voyage au Proche-Orient de la cheffe des Affaires étrangères (3 au 8 février derniers).
Micheline Calmy-Rey aurait notamment fait preuve d’un «manque de compréhension pour les besoins sécuritaires de la population civile israélienne».
La FSCI reproche aussi à la conseillère fédérale sa «référence systématique à la Palestine pour désigner les territoires autonomes».
Assimilation malheureuse
Autre grief des juifs de Suisse à l’encontre de la ministre: «L’assimilation symbolique, lors du dépôt d’une couronne, de la tombe de Yasser Arafat et du mémorial Yad Vashem pour la Shoah».
La FSCI ne s’arrête pas au constat. Elle estime aussi qu’une «politique plus équilibrée aurait permis à la Suisse de jouer dans le processus de paix un rôle conforme à sa tradition».
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) réagit. Il indique à swissinfo que la Suisse a reconnu à plusieurs reprises le droit d’Israël à défendre ses citoyens dans le cadre des Conventions de Genève.
Qui plus est, les attentats contre Israël ont toujours été condamnés par la Suisse. Depuis la mort d’Arafat, note aussi le DFAE, plusieurs chefs d’Etat se sont rendus sur sa tombe. Mais le département précise bien qu’il n’existe aucune relation entre ladite tombe et le mémorial dédié aux victimes de l’Holocauste.
Violente critique
Lui aussi critique, l’ambassadeur d’Israël en Suisse avait estimé dimanche dans le SonntagsBlick que son pays se sent mal compris par la Suisse. Une impression confirmée «lors de certaines discussions avec la ministre» durant ce voyage.
Aviv Shiron constate que si les relations entre les deux pays sont bonnes, «le Conseil fédéral a été le seul gouvernement à réduire ses liens avec Israël en matière d’armement et de sécurité» durant la deuxième Intifada.
L’ambassadeur souligne aussi les déclarations «clairement anti-israéliennes» de parlementaires et de représentants des autorités suisses ces dernières années.
«Mon impression est que, parfois, certains politiciens ou journalistes tentent de juger d’une situation qu’ils ne connaissent pas précisément», poursuit l’ambassadeur.
Israël est peut-être sensible à la critique, admet Aviv Shiron, mais celle-ci «est assez violente en Suisse. Certains médias ont parlé de nettoyage ethnique dans les territoires palestiniens. Ce qu’on voit rarement dans les autres pays. Nous avons rendu Micheline Calmy-Rey attentive à cet aspect de nos relations (…)».
swissinfo et les agences
– La ministre helvétique des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey était en visite en Israël et dans les territoires palestiniens du 3 au 8 février dernier. Elle a pu y observer la situation des populations impliquées dans le conflit.
– La conseillère fédérale s’est notamment entretenue avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le premier ministre Ahmed Qoreï.
– Côté israélien, elle a pu rencontrer les deux vice-premiers ministres Shimon Peres et Ehud Olmert. Mais pas le premier ministre Ariel Sharon.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.