Micheline Calmy-Rey n’oublie pas la Tunisie
La ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a reçu quatre militants tunisiens des droits de l'homme jeudi à Berne.
Elle leur a assuré que la Suisse allait suivre la situation dans leur pays. Deux des quatre activistes avaient observé une grève de la faim à l’occasion du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) de Tunis le mois dernier.
L’entretien a été organisé après une demande de l’ONG fribourgeoise de défense des droits de l’homme Vérité-Action. Les deux grévistes, les avocats Abderraouf Ayadi et Samir Dilou, ont remercié la Suisse officielle pour la position adoptée lors du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI).
«Nous étions habitués à ce que les ONG suisses soutiennent le mouvement pour les libertés et les droits de l’homme en Tunisie. Mais cette fois-ci, c’est la Suisse officielle qui a parlé des sujets qui fâchent», a relevé Samir Dilou après la rencontre.
Micheline Calmy-Rey a pour sa part indiqué que la Suisse allait suivre la situation des droits de l’homme en Tunisie. Selon Carine Carey, porte-parole du Département des affaires étrangères (DFAE), la ministre suisse a rappelé que Berne s’attend à ce que tous les Etats «respectent leurs engagements» en matière de droits de l’homme.
Un organe de suivi
Par ailleurs, les Tunisiens ont fait part à Micheline Calmy-Rey de la suite du mouvement des militants des droits de l’homme en Tunisie. Ils ont créé un organe de suivi, la Commission pour les droits et les libertés, pour réclamer la libération des détenus politiques et les libertés fondamentales.
Plusieurs actions doivent être organisées et un débat doit être entamé entre toutes les sensibilités politiques et associatives en Tunisie.
«Nous sommes très optimistes quant à son aboutissement. Les projecteurs sont braqués sur la Tunisie. Le régime ne va pas se permettre de rentrer dans une répression accrue», fait ainsi observer Samir Dilou.
Messieurs Dilou et Ayadi étaient accompagnés de deux membres de Vérité- Action, dont la présidente Aïssa Safwah. Ils poursuivent leur visite en Suisse vendredi à Genève en compagnie de deux autres anciens grévistes, le président du syndicat des journalistes tunisiens Lofti Hajji et un autre avocat, Me Ayachi Hammami.
Les quatre hommes doivent rencontrer plusieurs rapporteurs spéciaux de l’ONU en charge de questions liées aux droits de l’homme. Ils doivent ensuite s’entretenir avec des responsables de la Commission internationale des juristes et du Haut-Commissariat des droits de l’homme à l’ONU.
La grève aussi en Suisse
Leur visite en Suisse est la première qu’ils effectuent à l’étranger depuis la fin de leur jeûne d’un mois le 18 novembre, au dernier jour du SMSI à Tunis.
Dix opposants au régime tunisien vivant en Suisse, membres de l’organisation Ezzeitouna («l’olivier» en arabe), avaient également effectué une grève de la faim pendant toute la durée du SMSI, en soutien à leurs compatriotes tunisiens.
Pour mémoire, lors du SMSI, le président de la Confédération Samuel Schmid avait appelé la Tunisie à respecter la liberté d’expression, dans un discours dont la retransmission à la télévision tunisienne avait subitement été coupée. La Suisse avait ensuite formellement protesté auprès du gouvernement tunisien
swissinfo et les agences
– Après une 1ère phase en décembre 2003 à Genève, la 2e phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) s’est tenue à Tunis du 16 au 18 novembre.
– Samuel Schmid, président de la Confédération a été salué par l’ensemble de la société civile après son discours à l’ouverture du Sommet. Parmi les 27 chefs d’Etat présents à Tunis, il a été le seul à parler des violations des droits de l’homme dont se rend coupable le régime du président Ben Ali. Des violations qu’il a fermement condamnées.
– Son collègue Moritz Leuenberger, ministre des transports, communication et énergie, a repris les mêmes thèmes dans le discours qu’il a prononcé à la cérémonie de clôture, en adoptent toutefois un ton plus diplomatique.
– A noter que la Suisse, hôte d’honneur en tant que pays organisateur de la première phase du Sommet, en 2003 à Genève, était le seul pays occidental représenté à Tunis par deux membres de son gouvernement, dont le président.
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