Mobilisation contre l’accord de transit au Sénégal
L'opposition s'intensifie au Sénégal et en Suisse contre l'accord de transit des réfugiés signé en janvier.
Des ONG de défense des droits de l’homme et des partis d’opposition sénégalais se mobilisent contre son adoption par le parlement.
«Non à l’accord de la honte!», ont lancé vendredi cinq organisations non-gouvernementales (ONG).
«Les conséquences seront désastreuses pour les Africains demandeurs d’asile en Suisse», ont-elles encore souligné lors d’une conférence de presse commune.
Le Parti Socialiste sénégalais (PS) s’est joint au front de refus mené par la Rencontre africaine de Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), le Réseau Ouest Africain pour les Réfugiés et les Personnes Déplacées (WARIPNET), l’Association des Sénégalais de Genève (ASG), ainsi que les ONG suisses Solidarité Sans Frontières et Augenauf.
«Poudre aux yeux»
«Derrière cet accord se trouve l’option suisse pour un asile zéro», malgré l’engagement de Berne à respecter les conventions internationales en matière d’asile, ont souligné les ONG.
Elles ont qualifié de «fallacieuses et de poudre aux yeux», les arguments «humanitaires» fournis par le gouvernement sénégalais pour justifier l’accord.
L’échec de l’application de cette politique de réadminision temporaire des requérants d’asile déboutés en Côte d’Ivoire et au Ghana devrait servir d’exemple aux autorités sénégalaises, ont-elles encore fait remarquer.
Basse besogne
Le gouvernement sénégalais a donc récolté une salve de critiques. En acceptant de faire de leur pays, un «centre de tri», les dirigeants sénégalais se chargeront «d’exécuter la basse besogne que la Suisse a les moyens humains et matériels de faire toute seule».
Salvador Pitta, représentant de Solidarité Sans Frontières et d’Augenauf, a fustigé la «complicité» du gouvernement sénégalais. Alors que Berne est en train de «légaliser et d’institutionnaliser» la pratique de «la conduite à l’ambassade (…) (qui) risque chaque fois de violer les conventions internationales sur les droits et statuts des réfugiés».
Le député socialiste Pape Babacar Mbaye, l’un des plus ardents opposants de l’accord, a affirmé qu’il le rejetait tant dans son esprit que dans sa lettre. «C’est un combat qui dépasse le cadre politique», a-t-il dit.
Il s’agit selon lui de «préserver» les relations de bon voisinage entre le Sénégal et ses voisins, ainsi que du respect et de la protection des réfugiés.
Mercredi déjà, le PS avait abordé la question de l’accord, lors de la réunion hebodmadaire de son bureau politique. Les membres de cette instance dirigeante du parti ont unanimement rejeté le texte.
Zone de transit
L’accord doit être ratifié prochainement par le parlement sénégalais et les Chambres fédérales avant d’entrer en vigueur. Toutefois, les ONG ont annoncé leur intention de porter l’accord devant la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples.
Le texte vise à faire du Sénégal une zone de transit pour l’identification et le rapatriement de demandeurs d’asiles africains en Suisse.
La signature du document le 8 janvier par la conseillère fédérale Ruth Metzler avait été entravée le jour même par l’avis de la commission des affaires étrangères du parlement sénégalais. Celle-ci n’avait pas été consultée lors du processus en cours comme le veut l’usage.
De multiples tractations de dernière minute avaient toutefois permis d’aplanir les difficultés.
swissinfo et les agences
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