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Moins de soldats pour les missions civiles

L'image de soldats gardant une ambassade pourrait se faire plus rare. Keystone

Le gouvernement suisse veut diminuer massivement l'engagement de l'armée en faveur des autorités civiles. Cette mesure vise en particulier la surveillance des ambassades étrangères.

Le nombre des militaires engagés dans des missions civiles devrait être réduit des trois quarts. A l’avenir, l’emploi des soldats en cours de répétition sera dans la mesure du possible évité.

Le gouvernement profite du fait que la législation actuelle arrive à échéance à la fin de l’année pour proposer au Parlement un projet pragmatique basé sur les expériences accumulées et concerté avec les cantons.

D’une manière générale, un maximum de 245 spécialistes de la sécurité militaire pourront encore être engagés dès 2012, contre 1090 aujourd’hui. La protection des ambassades subit la plus grande réduction, de 800 à 125. Un délai de transition de deux ans, avec 600 militaires, est prévu.

Toujours la même mission

Le soutien au corps des gardes-frontière passera de 200 à 100 spécialistes, plus 100 autres durant l’Euro 08. Il restera enfin 20 militaires spécialisés à disposition de la sécurité aérienne civile, contre 90 actuellement, a précisé le ministre de la Défense.

La mission ne change pas: demain comme hier, l’armée complète les besoins des autorités civiles en matière de sécurité, a rappelé le ministre de la Défense Samuel Schmid. Son rôle doit toutefois rester subsidiaire. Il s’agit aussi de répondre aux nombreuses critiques qui ont visé la surveillance des ambassades par des soldats de milice, voire des recrues, mal préparées.

Augmenter la qualité du personnel permet d’en réduire la quantité. En supprimant certains doublons et si les postes sont occupés par des spécialistes de la sécurité militaire, on peut diminuer de moitié le personnel en maintenant le niveau de sécurité actuel, ont assuré le gouvernement et la représentante de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police, Karine Keller-Sutter.

Rester prêts

Dans l’idéal, les militaires ne devraient plus être là pour assurer le courant normal qui doit être pris en charge par des civils mieux formés. Mais en cas de situation extraordinaire, on doit toujours pouvoir faire appel à eux à court terme.

Il coûterait en effet trop cher aux cantons d’entretenir une réserve de policiers, a ajouté Karine Keller-Sutter.

Pour que l’engagement de militaires spécialisés soit efficace et rapide, l’armée doit être associée très en amont des cantons. D’où l’institutionnalisation de la plateforme entre cantons, villes hôtes d’ambassades et Confédération qui réunit des politiques et des spécialistes.

Cette plateforme devient permanente. Elle permet davantage d’imbrication entre Confédération et cantons, qui renforce la capacité de réaction quand des événements surviennent, a souligné Samuel Schmid. C’est par elle que les cantons passent pour demander au gouvernement un appui de l’armée. Une procédure unifiée a été mise en place, a précisé Karine Keller-Sutter.

Dépenses à la baisse

Financièrement, la réduction de l’engagement de l’armée en faveur des autorités civiles permettra à la Confédération d’économiser quelque 8 millions de francs par an.

Cela malgré une augmentation de 80% à 90% du taux d’indemnisation des cantons pour la garde d’ambassades, comme le propose parallèlement le gouvernement au Parlement. Cette hausse représente quelque 12 millions de francs.

swissinfo avec les agences

La question de savoir dans quelle mesure l’armée peut et doit être utilisée pour des missions de sécurité en Suisse fait toujours l’objet de résistances et de controverses. D’autant plus que les missions de police relèvent de la compétence des cantons.

La Confédération, de son côté, est notamment compétente dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, du blanchiment d’argent et de la cyber-criminalité. La création d’un corps fédéral de police n’a en revanche pas dépassé le stade des discussions.

La Confédération est par contre d’une autre troupe qui assure des tâches de sécurité: le Corps des gardes-frontières, qui dépend du ministère des Finances.

Le ministre de la Défense Samuel Schmid a à plusieurs reprises réclamé la création d’un ministère de la Sécurité qui rassemblerait les différentes tâches en matière de sécurité. Mais cette demande ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement. Le ministre de la Justice et Police Christoph Blocher y est ouvertement hostile.

Le gouvernement veut se pencher cette année encore sur une réorganisation des ministères. La création d’un nouveau ministère de la Sécurité est donc toujours à l’ordre du jour.

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