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Mondial 2010: la Suisse face au colosse espagnol

Fernando Torres devrait faire son entrée en cours de match face à la Suisse. Keystone

Ancien footballeur, José Antonio Martin ‘Peton’ est aujourd’hui le manager de l’attaquant espagnol Fernando Torres. A la veille de la confrontation Suisse-Espagne à Durban, ce touche-à-tout du football analyse les forces en présence. Interview.

La Suisse affronte l’Espagne mercredi à Durban pour son entrée en lice dans le Mondial sud-africain. Face aux champions d’Europe en titre, grands favoris de cette Coupe du monde, la tâche des joueurs d’Ottmar Hitzfeld s’annonce titanesque.

Les Espagnols pourront compter sur leur attaquant vedette Fernando Torres, de retour de blessure, comme le confirme José Antonio Martin ‘Peton’, son manager qui l’accompagne depuis ses 14 ans.

Ancien footballeur, aujourd’hui directeur d’une agence de joueurs, journaliste, consultant et écrivain, José Antonio Martin prédit un bel avenir à la sélection suisse suite à sa victoire lors du Mondial des moins de 17 ans au Nigéria. Il regrette toutefois qu’Ottmar Hitzfeld n’ait pas fait confiance au jeune Nassim Ben Khalifa, «le footballeur sur lequel va reposer le jeu offensif de la Suisse dans le futur».

swissinfo.ch: Que sait-on en Espagne au sujet de la sélection suisse?
José Antonio Martin: Ceux qui suivent le football international connaissent très bien la Suisse, en particulier depuis le dernier Eurofoot. Ce qui m’a le plus surpris dans un passé récent, ce fut le retour d’Alex Frei après quatre mois de blessure. J’ai également suivi attentivement les derniers résultats de l’équipe de Suisse, en particulier la défaite face au Costa Rica (0-1). Mais l’équipe s’est bien reprise en tenant en échec l’Italie (1-1).

swissinfo.ch: Avez-vous l’impression que la Suisse est un rival qui convient bien à l’Espagne?
J.A.M.: C’est une équipe qui a traditionnellement posé beaucoup de problèmes à la sélection espagnole. Je me rappelle de la rencontre disputée lors du Mondial 1966 à Sheffield, en Angleterre. Ce fut un match très difficile et nous avons finalement gagné (2-1) grâce à un but sur une action individuelle de Manolo Sanchis. Je suis persuadé que la Suisse ne sera pas un rival facile à manier.

swissinfo.ch: Le défenseur suisse Philippe Senderos a des origines espagnoles. Quelle est votre opinion à son sujet?
J.A.M.: Senderos est un joueur dont la progression a été freinée ces dernières années. Il aura une chance de se mettre en évidence en Afrique du Sud. Personne ne sait réellement ce qu’il s’est passé avec son entraîneur, Arsène Wenger, à Arsenal. Il a été relégué sur le banc après l’arrivée du défenseur Thomas Vermaelen puis a encore dû faire les frais du retour du vétéran Soll Campbell. Il a également été victime de plusieurs blessures qui l’ont handicapé. Aujourd’hui, c’est un peu une inconnue.

swissinfo.ch: Et que vous inspire Ottmar Hitzfeld, le coach des Suisses?
J.A.M.:Grâce à un technicien du talent d’Ottmar Hitzfeld, la Suisse a disserté et analysé le jeu espagnol sous toutes ses coutures. Je suis convaincu qu’Hitzfeld a réussi à faire comprendre à son équipe les fondements du jeu collectif espagnol. Pour cette raison, je ne crois pas que l’Espagne dominera aisément la Suisse. Tout le contraire par exemple du Honduras, qui pourrait se montrer moins discipliné tactiquement et subir davantage le jeu espagnol.

swissinfo.ch: Quelles sont les deux équipes du groupe qui vont se qualifier pour les huitièmes de finale?
J.A.M.: Je vois clairement l’Espagne arriver en tête du groupe. La deuxième place qualificative sera davantage disputée et va dépendre de petits détails. A priori, le Chili, la Suisse et le Honduras présentent un niveau assez égal. J’octroie cependant un petit avantage à la Suisse pour sa rigueur tactique.

swissinfo.ch: Vous connaissez Fernando Torres depuis très longtemps. Sera-t-il prêt à jouer contre la Suisse?
J.A.M.: Fernando se porte très bien. Je sais qu’il ne va pas manquer un match si important. Il a une grande facilité pour récupérer de n’importe quelle blessure. Il a fait son retour au jeu le 8 juin en deuxième mi-temps contre la Pologne (ndlr: victoire 6-0 de l’Espagne). Ce furent ces premières minutes sur le terrain après son opération du genou en avril. Sa longue inactivité est passée inaperçue. Il a été complètement dans le rythme et a même marqué un but.

swissinfo.ch: Revenons à l’équipe de Suisse. Que vous a inspiré la victoire de la sélection des moins de 17 ans lors du mondial nigérian en novembre 2009?
J.A.M.: La Suisse réalise un excellent travail avec les jeunes footballeurs depuis de nombreuses années. Je pense que d’ici trois à quatre ans, la Suisse pourra compter sur une sélection nationale très solide. Tant dans les catégories juniors qu’au sein de son équipe nationale, la Suisse aligne une formation pluriculturelle. Ce mélange est une magnifique leçon de réalité et un signal très important dans la lutte contre le racisme.

Nassim Ben Khalifa a été la star du Mondial des moins de 17 ans. C’est un attaquant exceptionnel, une figure remarquable. Je crois que c’est une erreur de ne pas l’avoir sélectionné pour le Mondial en Afrique du Sud. Pour ma part, je l’aurais pris avec, en toute sécurité, afin qu’il s’imprègne de l’atmosphère d’un tel tournoi. C’est le footballeur sur lequel va reposer le jeu offensif de la Suisse dans le futur.

Ivan Turmo, swissinfo.ch
(Adaptation de l’espagnol: Samuel Jaberg)

Confrontations. Mardi à Durban (coup d’envoi 16h00), la Suisse et l’Espagne disputeront la 19e confrontation de leur histoire. La balance est très clairement favorable à la sélection ibérique, qui a remporté 15 des 18 matches disputés jusqu’ici. La Suisse n’a obtenu que trois fois le nul, jamais la victoire.

Mondial. Les deux équipes se sont affrontées à deux reprises lors d’un Mondial de football. La première fois en 1966 en Angleterre, où l’Espagne s’était imposée 2-1. Aux Etats-Unis, en 1994, la Suisse s’était inclinée largement (3-0) lors d’un huitième de final disputé à Washington.

Participations. En Afrique du Sud, la sélection suisse dispute le neuvième Mondial de son histoire. Son meilleur résultat date de 1950, au Brésil, où elle avait terminé au sixième rang. L’Espagne participe pour sa part à sa 13e phase finale de Coupe du monde, une compétition qu’elle n’a jamais remportée.

Hispano-suisses. Outre Philippe Senderos, plusieurs joueurs suisses d’origine espagnole ont porté le maillot de l’équipe de Suisse. On se souvient notamment des milieux de terrain Ramon Vega et Ricardo Cabanas.

Comme l’a confirmé le sélectionneur Ottmar Hitzfeld lundi, la Suisse devra composer sans son milieu de terrain Valon Behrami ni son attaquant Alexander Frei, tous deux blessés, lors du match face à l’Espagne.

Le sélectionneur espagnol, Vicente Del Bosque, pourrait laisser par précaution sur le banc Andres Iniesta, qui souffre d’une lésion musculaire. Fernando Torres débutera la rencontre sur le banc mais pourrait bien revenir au jeu en cours de match.

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