Mondial: le feu passe au vert pour les «Oranje»
Victorieux 3-2 de l’Uruguay mardi soir au Cap, les Pays-Bas ont obtenu leur ticket pour la finale du Mondial 2010 en Afrique du Sud. Ils affronteront dimanche à Johannesburg le vainqueur de l'autre demi-finale qui opposera mercredi l’Allemagne à l’Espagne.
La troisième sera-t-elle la bonne? Finalistes malheureux en 1974 et 1978, les Pays-Bas auront la possibilité d’accrocher, dimanche, la première étoile dévolue aux vainqueurs de la Coupe du monde à leur maillot orange.
Mardi, au Cap, la sélection batave est venue à bout d’une coriace équipe uruguayenne (3-2). C’est Sneijder (70e) et Robben (73e) qui ont permis de décanter la situation en deuxième période. Déjà revenue au score après le but initial de Van Bronckhorst, la «Celeste» y a cru jusqu’au bout en inscrivant le but de l’espoir à la 92e.
Au final, la logique a été respectée. Les Néerlandais, vainqueurs du Brésil en quarts, avaient été désignés clairement favoris avant cette rencontre. Mais l’Uruguay avait déjà déjoué jusqu’ici plus d’un pronostic. Face à face pour cette première demi-finale, s’affrontaient en effet deux équipes encore invaincues dans la compétition.
Un glorieux passé
Deux formations au passé glorieux également en quête d’un retour au premier plan mondial. Victorieuse de la première édition de la Coupe du monde disputée sur son sol en 1930, la «Celeste» avait encore ajouté une deuxième étoile sur son maillot en 1950 au Brésil. En 1970, l’Uruguay disputait encore les demi-finales de la compétition au Mexique. Mais depuis, plus rien ou presque.
Pratiquant un football rigoureux et physique, qui tranche avec le football chatoyant des meilleures équipes sud-américaines, l’Uruguay a longtemps évolué à l’ombre de ses prestigieux voisins argentin et brésilien. Elle a d’ailleurs été privée de participation aux trois dernières Coupes du monde.
Mais cette année, patatras! Alors qu’elles étaient encore quatre en lice au stade des quarts de finale (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay), les trois premières nommées ont buté sur les représentants de la vieille Europe, respectivement les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Espagne.
Les Pays-Bas retrouvaient quant à eux le dernier carré de la compétition douze ans après une demi-finale perdue face au Brésil à Marseille. Victorieux de leur cinq premiers matches de la compétition, et notamment du Brésil (2-1) en quart de finale, les «Oranje» se sont appuyés sur un jeu collectif très efficace ainsi que sur de brillantes individualités (Robben, van Persie, Sneijder) pour atteindre ce stade de la compétition.
Van Bronckhorst frappe fort
Mardi, au stade Green Point du Cap, c’est Giovanni Van Bronckhorst qui s’est illustré le premier dans le collectif batave. D’une frappe placée et fuyante décochée du pied gauche à 36 mètres du but, le capitaine et latéral gauche a montré le chemin de la finale dès la 18e minute – et inscrit au passage certainement le plus beau but de ce Mondial. Une réussite précoce très importante, pensait-on, l’Uruguay disposant d’une défense très difficile à manœuvrer, comme les Néerlandais avaient pu le constater en début de rencontre.
Dernière représentante du la zone «Amsud», l’Uruguay devait, outre sa défense de fer et une force mentale hors du commun, sa qualification à son duo d’attaquants Diego Forlan-Luis Suarez (trois buts chacun). Grâce à son «sauvetage» de la main à la dernière minute des prolongations face au Ghana en quarts de finale, Luis Suarez s’était mué en sauveteur – on pourra toujours discuter de la dimension éthique du geste – de son pays mais son expulsion lui a valu de suivre la demi-finale depuis les tribunes.
Diego Forlan ne s’est toutefois pas laissé dépiter par l’absence de son compère à la pointe de l’attaque uruguayenne. Laissé libre aux 40 mètres par des Hollandais étonnement attentistes après l’ouverture de score, l’attaquant de l’Atletico Madrid a décoché une somptueuse frappe enroulée qui trompait la vigilance du gardien Stekenlenburg (40e). L’Uruguay, bien que dominée, a ainsi pu rentrer aux vestiaires avec l’espoir intact de disputer une finale mondiale.
A noter qu’Ottmar Hitzfelf ne s’était pas trompé sur la qualité de cette équipe, puisqu’au sortir d’une défaite le 3 mars dernier à Saint-Gall (1-3), le sélectionneur suisse avait estimé qu’elle avait le potentiel pour atteindre la finale du Mondial. On lui pardonnera l’erreur d’approximation, une demi-finale représentant déjà un accomplissement exceptionnel pour ce petit pays d’Amérique du Sud peuplé de 3,4 millions d’habitants, soit moins de la moitié de la Suisse.
Deux buts en trois minutes
Première victime d’une confrontation rude et hachée – la nervosité était palpable sur le terrain, de Zeeuw a dû céder sa place à Van der Vaart à la pause. Bien que dominateurs à la reprise, Van Bronckhorst & Cie ont peiné à imposer un tempo suffisant pour mettre en péril la Celeste. Et à la 51e, sur une sortie ratée de Stekenleburg, Cavani a été à deux doigts de mettre les «Oranje» dans de sales draps, Van Bronkhorst étant obligé de se substituer à son gardien pour sauver de la tête.
Mais tout s’est décanté très vite pour la sélection néerlandaise. Il a fallu un coup-franc à 30 mètres tiré magnifiquement par Forlan et bien stoppé par Stekenlenburg pour mettre le feu aux poudres. Dans l’enchaînement, Van der Vaart et Robben ont été tout près de doubler la mise. Le gardien Muslera veillait au grain, mais il ne pourra rien dans la minute suivante sur une frappe enroulée de Sneijder (69e) à l’orée des 16 mètres (2-1).
Trois minutes plus tard, Kuyt, lancé côté gauche, pouvait adresser un centre parfait pour Robben, qui ajustait une tête croisée inarrêtable. C’est 3-1 pour les «Oranje», qui ont à cet instant du match fait un énorme pas vers leur première finale mondiale depuis 1978.
Rendez-vous avec l’histoire
Comme souvent depuis le début de la compétition, les Pays-Bas ont fait la différence en deuxième mi-temps. La statistique est implacable: sur 12 buts marqués dans ce Mondial par Van Persie & Cie, 9 l’ont été après le thé. Malgré le baroud d’honneur uruguayen et le but de Maxi Pereira à la 92e, les Pays-Bas n’ont pas cédé leur précieux ticket pour la finale.
Finalistes malheureux en 1974 et 1978, à l’époque du «football total» mis en place par le sélectionneur Rinus Michels, les Néerlandais partiront à la recherche de leur premier titre Mondial dimanche soir au stade Soccer City de Johannesburg (20h30).
S’ils ont régulièrement proposé un football offensif et attractif ces vingt dernières années, les hommes de l’entraîneur Bert van Marwijk disposent cette année d’un atout supplémentaire: une discipline défensive impressionnante. Quel que soit l’adversaire – l’Espagne ou l’Allemagne, qui s’affrontent mardi soir à Durban – la marée orange aura une formidable occasion de prendre rendez-vous avec l’histoire ce dimanche 11 juillet 2010 à Johannesburg.
Samuel Jaberg, swissinfo.ch
Uruguay – Pays-Bas 2-3 (1-1)
Buts: 18e van Bronckhorst 0-1. 41e Forlan 1-1. 70e Sneijder 1-2. 73e Robben 1-3. 92e M. Pereira 2-3.
Uruguay: Muslera; M. Pereira, Godin, Victorino, Caceres; Perez, Gargano, Rios, A. Pereira (78e Abreu); Cavani, Forlan (84e S. Fernandez).
Pays-Bas: Stekelenburg; Boulahrouz, Heitinga, Mathijsen, van Bronckhorst; Van Bommel, De Zeeuw (46e van der Vaart); Robben (89e Elia), Sneijder, Kuyt; van Persie.
Notes: l’Uruguay sans Fucile, Suarez (suspendus) ni Lodeiro (blessé), les Pays-Bas sans van der Wiel ni de Jong (suspendus).
Avertissements: 21e M. Pereira. 29e Caceres. 30e Sneijder. 78e Boulahrouz. 95e Van Bommel.
Quarts de finale
Pays-Bas – Brésil 2-1 (0-1)
Espagne – Paraguay 1-0 (0-0)
Allemagne – Argentine 4-0 (1-0)
Uruguay – Ghana 1-1 (5-3 tab)
Demi-finales (06-07.07)
Uruguay – Pays-Bas 2-3 (1-1)
Allemagne- Espagne ME 20h30
Finale pour la 3e place: 10.07 à 20h30
Finale: 11.07 à 20h30
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