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«Nous n’avons pas non plus fait tout faux!»

Alain Rossier a adressé quelques mots en russe à l'intention des proches des victimes. Keystone

Mercredi, les responsables de Skyguide se sont excusés pour la première fois formellement auprès des familles des victimes du crash d’Ueberlingen.

Mais le directeur de la société de contrôle aérien se défend aussi. «Certaines de nos démarches ont été refusées», plaide Alain Rossier.

«Nous acceptons notre responsabilité et demandons aux familles des victimes de nous pardonner.» La phrase est restée projetée durant toute la conférence de presse jeudi après-midi dans un hôtel de Zurich-Oerlikon, en allemand, en russe et en anglais:

Alain Rossier, directeur de Skyguide, a aussi prononcé ces – premiers – mots d’excuse en russe.

Mais il a aussi voulu mettre les points sur les «i», comme le montrent les réponses faites aux journalistes pendant la conférence de presse.

N’auriez-vous pas amoindri la souffrance humaine des proches des victimes si vous aviez demandé pardon plus tôt?

Alain Rossier: La catastrophe nous a surpris, nous n’étions pas assez préparés. Mais nous n’avons pas non plus fait tout faux! Nous avons tenté certaines démarches qui nous ont été refusées.

(Allusion au refus russe de construire un monument commémoratif à Zurich, interdiction prononcée par un avocat pour Skyguide de rencontrer les familles, par exemple, ndlr)

En outre, il est simpliste de considérer une seule personne comme responsable unique du drame. Le rapport d’enquête montre aussi que des méthodes de travail avérées, basées sur des standards internationaux, étaient lacunaires.

Avez-vous communiqué votre demande de pardon directement aux autorités russes et aux proches des victimes?

A.R.: Non, seulement indirectement. Nous avons eu vendredi dernier un contact avec une traductrice sur place. Mais nous pensons que notre message sera transmis à Oufa (capitale du Bachkortostan, d’où sont originaires la plupart des victimes).

Pouvez-vous expliquer pourquoi les discussions avec certaines familles, en ce qui concerne un règlement extrajudiciaire, sont bloquées?

A.R.: Je peux seulement vous dire qu’une proposition a été très vite mise sur la table des discussions. Treize familles ont accepté. Avec deux autres, nous sommes proches d’un accord. Mais une partie des autres interlocuteurs ne sont pas entrés en matière.

Je ne connais pas toutes leurs raisons, nous avons chargé un avocat de trouver un accord. Je précise encore que notre volonté est de régler ce problème le plus vite et le moins bureaucratiquement possible. Nous nous basons sur ce qu’un citoyen suisse recevrait s’il avait un accident en Suisse.

Le rapport d’enquête est accablant pour Skyguide. Pourquoi n’aviez-vous pas tiré des conclusions plus tôt en ce qui concernait votre collaborateur, qui était impliqué dans une quasi-collision l’année précédant la catastrophe?

A.R.: Le rapport d’enquête établit des faits, pas une culpabilité. Cela, c’est l’affaire des enquêtes pénales en cours en Suisse et en Allemagne. Le contrôleur était en effet impliqué et il avait dû suivre un cours pour conserver sa licence. Mais des quasi-collisions de ce type, il y a en a malheureusement dans le monde entier.

Nos contrôleurs sont bons et nous avons une bonne, très bonne même, culture d’entreprise en ce qui concerne la déclaration des incidents. Quant à la gestion des risques, nous procédons à des améliorations qui nous placent dans le peloton de tête européen.

Le crash a-t-il eu des conséquences personnelles pour vous à l’intérieur de l’entreprise? Avez-vous écopé d’un blâme?

A.R.: Il est très simple de chasser les gens. Mais on ne règle pas les problèmes pour autant. Il aurait été plus facile pour moi de partir en courant. Mais je veux assumer la responsabilité de ce qui s’est passé.

Sinon, la confidentialité m’empêche de dire ce qu’il y a eu à mon égard, mais il s’est effectivement passé quelque chose.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

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