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Nouveau drame avec un fusil d’assaut

En Suisse, la tradition veut que chaque militaire emporte son fusil d'assaut à la maison. Keystone

Un tireur fou a ouvert le feu dans un hôtel de Baden, tuant une personne et en blessant quatre dont certains grièvement. Cet acte a été commis avec un fusil d'assaut de l'armée.

Cette fusillade relance le débat sur le maintien des armes militaires et des munitions à la maison. Une initiative populaire contre cette pratique est en préparation.

Le fait divers qui s’est déroulé jeudi soir n’a été rendu public que vendredi en milieu de journée. La police n’est pas encore au clair sur les mobiles du tireur fou qui a ouvert le feu dans un hôtel de Baden avec son fusil d’assaut.

Agé de 26 ans, ce Suisse d’origine irakienne a tué un homme de 71 ans et blessé quatre autres personnes dont deux adolescents de 15 et 16 ans. L’un d’eux est grièvement blessé, tout comme l’un des adultes, des hommes de 54 et 55 ans.

Tous les quatre sont de nationalité suisse et se trouvent dans les hôpitaux cantonaux d’Aarau, Baden et Zurich.

Le meurtrier est employé de banque à Zurich et domicilié à Baden. Il a utilisé un fusil d’assaut de l’Armée suisse, un FASS 90, a indiqué vendredi à Aarau le chef de la police criminelle, Urs Winzenried.

Il n’avait heureusement pas plus de 20 balles à disposition et a été maîtrisé quinze minutes après qu’il a ouvert le feu.

Le débat politique est relancé

Dernière d’une série, cette fusillade à Baden (canton d’Argovie) apporte de l’eau au moulin des opposants au maintien des armes militaires à la maison. Une initiative populaire contre cette pratique sera sans doute lancée, le Parlement ayant refusé de légiférer en la matière au mois de mars de cette année.

A noter que le Parlement doit encore se prononcer sur une motion (Anita Fetz) visant à empêcher que la munition militaire soit conservée à domicile.

Plusieurs organisations et partis décideront de lancer ou non l’initiative populaire «protection contre la violence des armes» le 25 mai à Berne.

«La décision de principe est acquise, mais la question du financement doit encore être résolue», explique Beni Hirt, responsable du dossier au Parti socialiste.

Selon lui, «chaque nouveau drame montre un peu plus la pertinence du texte».

Les organisations opposées à l’entreposage des armes à la maison vont du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) à Stop Suicide en passant par des associations de femmes ou des représentants d’églises. Le PS et les Verts sont à leurs côtés.

Ce que demande l’initiative n’est pas nouveau. Le magazine ‘Annabelle’ avait récolté l’an dernier près de 17’400 signatures pour une pétition, intitulée «Non aux armes à feu à la maison». Elle l’avait remise en septembre aux commissions compétentes des Chambres fédérales.

Dans le canton de Vaud, le parlement a voté fin novembre une initiative cantonale demandant que les armes militaires ne restent plus dans les foyers, mais qu’elles soient consignées dans les arsenaux. Le texte a été transmis à Berne.

swissinfo et les agences

Depuis la réforme Armée XXI, les forces armées suisse comptent 120’000 militaires actifs et 100’000 réservistes
En 2003, 40% des soldats qui terminaient leur service militaire ont conservé leur fusil d’assaut
En 2005, le taux est descendu à 29%
Les soldats équipés d’un pistolet sont davantage intéressés à conserver leur arme: environ 95% font ce choix en 2005

Quelque 231 000 fusils d’assaut et 51 600 pistolets d’ordonnance se trouvent actuellement dans les foyers helvétiques. Selon les dernières estimations, on dénombre près de 2 millions d’armes (privées et militaires) au total dans les ménages suisses.

Près de 300 personnes meurent chaque année, tuées par une arme de service, selon une étude de l’Institut de criminologie de l’Université de Lausanne. Celles-ci sont fréquemment utilisées dans les cas de suicides et de drames familiaux.

A ce titre, les meurtres de Corinne Rey-Bellet et de son frère Alain en avril 2006 ont été emblématiques. Ils ont été tués par le mari de l’ex-championne de ski avec son arme d’ordonnance. Ce dernier s’est suicidé 24 heures plus tard.

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