Des perspectives suisses en 10 langues

Omerta sur la pédophilie

"Les enfants ne sont pas des jouets sexuels", tel était le slogan de la marche blanche contre la pédophilie le mois dernier à Genève. Keystone

En Suisse, comme ailleurs, la pédophilie et ses réseaux criminels profitent encore d'une loi du silence quasi généralisée. A Genève, des ONG lancent un cri d'alarme.

Une coalition d’organisations non gouvernementales (ONG) s’est retrouvée lundi devant le siège européen des Nations Unies pour dénoncer un crime encore largement sous-estimé. Selon ces associations, des centaines de milliers d’enfants sont violés, torturés et même tués de par le monde.

Des crimes commis par des individus souvent liés à des réseaux mafieux qui organisent, eux, des trafics à grande échelle extrêmement lucratifs. Selon le Suisse Georges Glatz, président du Comité international pour la dignité de l’enfant (CIDE), une nuit avec un enfant peut se payer plusieurs milliers de francs.

Un film mettant en scène la torture et le meurtre réel d’un enfant peut valoir, lui, des dizaines de milliers de francs. Or, cette réalité insoutenable profite d’une apathie générale tant de la part de la classe politique que du pouvoir judiciaire, selon les ONG présentes à Genève.

Un phénomène qui s’aggrave

A cela, plusieurs explications. Selon Nicolas Giannakopoulos, de l’Observatoire du crime organisé, les législations nationales et les systèmes judiciaires ont encore peu de prise sur le crime organisé et ses réseaux internationaux.

En Suisse, cette situation s’est aggravée en raison de la réorganisation en cours du Ministère public de la Confédération et de l’Office fédéral de la police, selon Nicolas Giannakopoulos.

A Berne, Michèle Bersier, porte-parole de l’Office fédéral de la police, précise qu’une structure de dix personnes environ sera mise en place dans les quatre mois à venir. Elle aura pour tâche de traquer la criminalité sur l’Internet et tout particulièrement la pédophilie.

Manque de détermination

Michèle Bersier souligne également que les cas de pédophilie sont avant tout du ressort des cantons. Or, Nicolas Giannakopoulos estime que, à l’exception de Genève, les justices cantonales manquent de détermination face à la pédophilie.

Comme l’a relevé Georges Glatz, nombre de juges hésitent à mettre en cause un adulte, parfois un notable, sur la base du témoignage d’un enfant. De son coté, le journaliste français Serge Garde, coauteur du «Livre de la honte» tout juste sorti de presse, affirme que 60 à 80% des plaintes pour pédophilie en France sont classées ou débouchent sur des non-lieux.

Pourtant, en Suisse également, le phénomène prend de l’ampleur. Et ce, grâce justement à l’Internet qui facilite grandement la mise en contact d’un pédophile avec un réseau.

«Ces réseaux facilitent le passage à l’acte», a souligné la Française Latifa Bennari, présidente de l’association L’Ange bleu. Refusant une approche uniquement répressive du problème, Latifa Bennari plaide également en faveur de structures d’aide pour les déviants sexuels et ce pour contrecarrer l’écoute offerte par les réseaux pédophiles: «Il faut faire triompher la parole là où règne le silence».

Frédéric Burnand, Genève

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision