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Oussama Ben Laden, ancien client de l’UBS

Oussama Ben Laden, saisi ici en Afghanistan en 1998, avait un compte bancaire à Genève jusqu’en 1997. Keystone

Lundi dernier, le juge français Renaud Van Ruymbeke a convoqué Yeslam Binladin, citoyen suisse et demi-frère d’Oussama Ben Laden.

Motif: le terroriste le plus recherché de la planète possédait de 1990 à 1997 le compte numéro 575167 à l’UBS à Genève. Yeslam Binladin aurait bénéficié d’une procuration sur ce compte.

Depuis le 11 septembre 2001, le fondateur de la Saudi Investment Company (SICO) est régulièrement contraint de se faire violence. Yeslam Binladin, installé à Genève depuis 1985, sort de sa légendaire discrétion et consent à parler du plus tristement célèbre de ses frères, Oussama Ben Laden.

Son père, Mohammed Binladin, célèbre entrepreneur saoudien, a eu 54 enfants. Les enfants vivaient avec leurs mères respectives dans des habitations différentes. Yeslam n’a donc pratiquement jamais vu Oussama, plus jeune que lui de 7 ans. Les deux demi-frères n’auraient plus de contacts depuis 1981.

Un récit qui ne convainc pas Jean-Charles Brisard, enquêteur français installé à Lausanne et avocat des victimes du 11 septembre. Le 6 septembre 2004, il remet des documents au juge Renaud Van Ruymbeke: les preuves de l’ouverture d’un compte à l’UBS dont le bénéficiaire était Oussama Ben Laden.

Le compte numéro 575167, ouvert le 17 août 1990, n’aurait été fermé qu’en octobre 1997. Yeslam Binladin disposait d’une procuration. N’est-ce pas la preuve de liens plus récents entre les deux demi-frères? Le juge français convoque le 27 septembre le patron de la société SICO en qualité de témoin. Aucune charge n’a été retenue contre Yeslam.

Le numéro 2 d’Al-Qaida également en Suisse

«L’existence de ce compte est connue de la justice suisse depuis longtemps. Et la justice suisse a totalement innocenté Yeslam Binladin», répond le cinéaste Gérald Morin, proche du financier.

Au moment de l’invasion du Koweït, craignant que le conflit n’atteigne l’Arabie Saoudite, la famille Binladin a effectivement ouvert des comptes à l’UBS aux 54 enfants et fait virer de l’argent. Yeslam, installé en Suisse, s’est occupé des formalités.

A l’époque Oussama n’était pas recherché. Une fois la guerre terminée, le compte aurait été vidé en 1991 par deux autres frères, Yahia et Baqer, établis en Arabie Saoudite. Yeslam, en revanche, n’aurait jamais utilisé sa procuration.

Pourquoi ce compte (riche de 450.000 dollars) est-il resté ouvert jusqu’en 1997 ? S’agit-il d’un simple oubli? Jacques Baud, auteur d’une «Encyclopédie des terrorismes et violences politiques» n’attache pas une importance majeure à cette affaire. La version de Yeslam Binladin lui paraît crédible.

En revanche, l’ancien membre des services de renseignement rappelle que le bras droit d’Oussama Ben Laden, le docteur Ayman al-Zawahiri, avait lui aussi ouvert un compte à Genève en 1989. Le théoricien d’Al-Qaida s’est même rendu à de multiples reprises en Suisse sans que les autorités ne se préoccupent véritablement de sa présence.

swissinfo, Ian Hamel

Yeslam Binladin a été convoqué lundi dernier par le juge français Renaud Van Ruymbeke.
Oussama Ben Laden, son demi-frère possédait de 1990 à 1997 le compte numéro 575167 à l’UBS à Genève.
Mais pour le juge, cela ne prouve pas qu’il y ait eu des liens entre les deux hommes.
Aucune charge n’a été retenue contre Yeslam.
Par ailleurs, le bras droit d’Oussama Ben Laden, le docteur Ayman al-Zawahiri, avait lui aussi ouvert un compte à Genève en 1989.

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