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Partis politiques: un financement trop opaque

La Suisse est en progrès, selon Transparency International. swissinfo.ch

Pour Transparency International, le financement des partis politiques helvétiques manque de transparence.

Dans son dernier rapport, l’organisation de lutte contre la corruption souligne toutefois les efforts réalisés par la Suisse contre le blanchiment d’argent.

Les auteurs de ce troisième rapport mondial sur la corruption ont dressé une comparaison internationale des différentes législations relatives à la transparence du financement des partis politiques. Et la Suisse s’y trouve citée plusieurs fois.

7741 entreprises de 102 pays ont répondu à un questionnaire concernant les paiements irréguliers envers gouvernements et partis.

Et globalement, la Suisse est bien notée. Les auteurs lui reconnaissent peu de corruption politique tous domaines confondus.

Mais s’agissant des donations aux partis politiques, la Confédération se place en zone médiane dans le tableau de la corruption.

Et elle se classe très mal sur un autre plan: l’obligation de déclarer la provenance et l’utilisation des fonds de ces mêmes partis.

Ce n’est pas un hasard. A l’instar de l’Albanie, du Salvador, de Madagascar ou du Sri Lanka, la Suisse fait partie des pays qui ne connaissent pas l’obligation de déclarer le financement des partis politiques!

Une chance manquée

«Il y a des règles dans trois quarts des pays du monde, explique Philipe Lévy. Mais le Parlement suisse a refusé la semaine dernière une proposition visant à obtenir davantage d’informations sur le financement des votations».

Pour le président de Transparency Suisse, davantage qu’une limitation des montants versés, l’important est surtout de viser la transparence (provenance et cibles du financement).

La Suisse a de la chance, note aussi Philippe Lévy. Elle est épargnée par les gros scandales de corruption.

«Mais nous avons ici une corruption sur un mode mineur, qui influence très certainement les choses, spécialement dans l’attribution des mandats d’offre publique».

«C’est pourquoi, poursuit Philippe Lévy, nous avons proposé l’introduction d’une clause d’intégrité, qui existe dans beaucoup de pays. Les parties impliquées signent une déclaration dans laquelle ils excluent toute corruption. Un premier pas dans la bonne direction».

Un climat de légalité propice

Ceci dit, les auteurs du rapport 2004 concèdent à la Suisse d’avoir «rapidement développé un climat de légalité qui guide maintenant la lutte mondiale contre le blanchiment d’argent».

Et cela même si, comme le souligne Philippe Lévy, des problèmes subsistent, notamment sur l’attribution de l’argent une fois les sommes saisies.

Car au-delà de la stricte dimension légale entre la Suisse et les pays où les sommes doivent être rapatriées, un autre problème se pose: comment s’assurer que cet argent ne retourne pas directement dans l’illégalité?

Reste que, longtemps montrée du doigt, la Suisse marque aujourd’hui des points dans la lutte contre la corruption. C’est en tout cas ce que laisse entendre le rapport de Transparency International.

«Cela est dû à un effort permanent de toutes les parties impliquées», se réjouit Philippe Lévy.

Un système devenu exemplaire

«Dans le domaine du blanchiment, nous avons amélioré notre efficacité. Et nous appartenons aujourd’hui aux pays dont le système fait référence et doit être repris par les autres. Américains et Britanniques, par exemple, l’ont étudié».

Philippe Lévy va plus loin. «Je crois que nous sommes parvenus à susciter une prise de conscience face à la corruption en Suisse. Aussi bien dans l’administration publique que dans l’économie privée et peut-être aussi les ONG».

Mais tout n’est pas gagné pour autant. Beaucoup d’efforts restent à faire pour que la prise de conscience se traduise par des actions concrètes contre tout ce qui fait le lit de la corruption, indique le président de Transparency suisse.

swissinfo

– Transparency International est une organisation qui lutte contre la corruption active à l’échelle mondiale. Elle présente son troisième rapport sur la question.

– Dans ce rapport, l’organisation dresse un bilan des récents développements dans le domaine de la corruption politique, et se penche sur les techniques de mesure, les conséquences de ladite corruption et sur les instruments de luttes.

– La Suisse a notamment ratifié la Convention de l’OCDE sur la corruption dans les affaires internationales et la Convention contre la corruption des Nations Unies (décembre 2003).

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