Pas de pitié pour la violence domestique
A la veille de la Journée internationale de la femme, Amnesty International a lancé à Berne, sa campagne «En route contre la violence domestique en Suisse».
Un bus de l’organisation de défense des droits humains va sillonner 6 cantons jusqu’en octobre. Objectif: sensibiliser la population, surtout les hommes et les jeunes.
Par cette tournée, notamment dans les cantons du Jura (mai) et du Valais (août), Amnesty International (AI) veut sensibiliser la population à la violence domestique. Le but est de faire pression sur les autorités afin qu’elles agissent davantage.
«La violence domestique n’est généralement pas comprise comme une violation des droits humains ou en tout cas pas comme une violation grave», a expliqué Stella Jegher, coordinatrice de la campagne.
Pas de statistiques
Or il s’agit de la plus quotidienne des violations de ces droits, a-t-elle poursuivi. Des dizaines de milliers de femmes meurent chaque année dans le monde des suites de la violence domestique. Rien qu’en Russie, elles sont 14’000 à succomber.
En Suisse, il n’existe pas de statistiques fédérales. AI, qui base ses calculs d’après les informations des médias, arrive à 40 décès annuels.
Pour le seul mois de février dernier, les médias ont signalé au moins 4 femmes tuées par leur conjoint. Et l’année dernière, 10 meurtres sur les 14 recensés dans le seul canton de Zurich ont été commis dans un tel contexte.
Les menaces, contraintes, coups ou violences sexuelles entre leurs quatre murs sont le quotidien de beaucoup de gens. En Suisse, une femme sur 5 est concernée. Derrière des façades proprettes, les droits humains sont violés tous les jours.
Des lois peu efficaces
Les lois contre la violence domestique ont encore trop peu d’effet. Et des mesures concertées sont nécessaires, à côté des lois, pour garantir le respect des droits humains dans la sphère privée: il peut s’agir d’argent pour les structures d’accueil, de programmes pour les auteurs de violence, de la formation de professionnels, ou encore de prévention dans les écoles.
«Si tu bats ta femme, t’es pas un homme», a déclaré Daniel Bolomey, secrétaire général de la section suisse d’Amnesty International.
«La contribution des hommes contre la violence domestique est essentielle. Ce sont encore eux qui dominent le monde actuel, politiquement et économiquement». Ils doivent collaborer avec les femmes qui travaillent seules sur ce terrain.
Une ceinture et un couteau
Le mobile home d’AI qui prendra la route représente un domicile tout en blanc et très coquet. Mais dans les placards apparaissent les témoins de la violence domestique: une ceinture en cuir, un couteau de cuisine, une arme à feu ou – signe de désespoir – une lame de rasoir.
Un permis de séjour pour migrantes est également montré, portant l’étiquette «Sans moi, tu n’as aucune chance ici». Une autre armoire renferme des bouteilles d’alcool, l’alcool qui joue souvent un rôle dans la violence domestique.
Le mobile home seront installés dans plusieurs localités de 6 cantons ces prochains mois, à commencer par Saint-Gall (mars), suivi de Schwyz (avril), du Jura (mai), du Valais (août), des Grisons (septembre) et du Tessin (octobre). Des actions et des manifestations seront organisées dans la rue, dans les écoles ou dans des ateliers.
swissinfo et les agences
Selon Amnesty International, des dizaines de milliers de femmes meurent chaque année des suites de la violence domestique. Rien qu’en Russie, elles sont 14’000 à succomber.
En se basant sur les médias en l’absence d’une statistique nationale, AI dénombre en Suisse 40 décès en 2005.
En Suisse, une femme sur 5 est concernée par des menaces, contraintes, coups ou violences sexuelles à la maison.
Le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes estime à 400 millions de francs par an au moins les coûts directs générés par la violence contre les femmes.
– Depuis le 1er avril 2004, la violence domestique est considérée comme un délit poursuivi d’office, sans plainte préalable de la victime.
– Le Centre suisse de prévention de la criminalité (CSPC) distingue quatre types de violence conjugale: physique, psychique, sexuelle et économique.
– St-Gall est le premier canton à avoir adopté une mesure d’éloignement du conjoint violent du domicile.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.