Phonak joue gros sur les routes romandes…
Sur les routes du 57e Tour de Romandie, l'unique équipe cycliste suisse professionnelle joue sa participation au Tour de France et peut-être même son avenir.
A l’exemple de l’équipe d’Andreas Rhis, tout le cyclisme suisse est sur la corde raide.
Créée en 1999 par le patron de Phonak Holding Sa – un fabriquant d’appareils auditifs de haute technologie – l’équipe cycliste suisse GS Phonak a très vite (deux ans) accédé à la première division mondiale.
Dès lors, sa philosophie a changé. Au vu de ses développements économiques sur des marchés diversifiés, Phonak a préféré recruter des cyclistes étrangers confirmés au détriment des jeunes Suisses désireux de s’aguerrir.
Phonak joue sa saison sur le Tour de Romandie
Mais, malgré un budget annuel gonflé à 12 millions de francs, la formule ne semble pas être la bonne. Preuve en est la stagnation de l’équipe au classement de l’UCI (Union cycliste internationale) et son début d’année totalement raté.
Problème, si le budget a pris l’ascenseur, les objectifs ont également été revus à la hausse. L’impact publicitaire d’une participation au Tour de France est obligatoire. L’équipe n’a plus le droit à l’échec et la nervosité gagne les esprits.
Invisible lors des grandes classiques du début de saison – Paris-Nice, Milan-San Remo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Flèche Wallone, etc. – Phonak va désormais devoir chercher son salut sur les routes du Tour de Romandie (29 avril au 4 mai).
Seul un coup de force et une victoire finale d’Alex Zülle sur le parcours exigeant de la 57e édition de l’épreuve peuvent en effet encore permettre à Phonak de séduire les organisateurs de la Grande Boucle.
Et faire que onze ans après l’équipe Helvetia de Paul Koechli, un nouveau team cycliste suisse s’ouvre les portes du Tour de France, la centième édition.
«La pression est sur nos épaules, car nous devons encore prouver avant le 19 mai que nous méritons une des quatre dernières invitations que vont lancer les organisateurs du Tour de France», avoue Jacques Michaud à l’issue de la Flèche Wallone.
Et le directeur sportif de Phonak de poursuivre: «Nous sommes sous pression et cela n’est pas favorable mais nous ferons tout pour briller de mille feux lors du Tour de Romandie.»
Le cyclisme suisse est sur la corde raide
A l’image du Team Phonak, le cyclisme suisse en général se trouve sur la corde raide.
Car les tentatives de Jean-Jacques Loup (Saint-Quentin-Oktos) et de Serge Demierre (ex-Post Swiss Team) de conserver une équipe suisse de seconde division ont échoué.
Les jeunes espoirs helvétiques tels que Michael Albasini, Steve Morabito, Markus Schmidig ou Aurélien Clerc sont ainsi privés d’une étape essentielle dans leur progression vers le professionnalisme.
«Aujourd’hui que nous avons enfin une équipe de première division, il manque tout simplement une marche dans l’escalier», reconnaît le directeur technique de swiss cycling Jean-Claude Leclercq.
«Certes, la période de gloire du cyclisme suisse de ces dernières années se termine, nuance-t-il. Mais il ne faut pas être trop pessimiste non plus. La relève existe mais il faut encore quelques années avant qu’elle n’arrive au top niveau.»
A l’heure actuelle effectivement, seuls Rubens Bertogliati et Fabian Cancellara (voir encadré) sont susceptibles d’assurer véritablement la relève.
swissinfo, Mathias Froidevaux
Le meilleur cycliste suisse au classement de l’Union cycliste suisse (UCI) est Alex Zülle qui figure au 29e rang.
16 équipes sont annoncées au départ du Tour de Romandie 2003.
16 coureurs suisses devraient se trouver sur la ligne de départ le 29 avril.
– La 57e édition du Tour de Romandie se déroule du 29 avril au 4 mai (un prologue, un contre-la-montre et quatre étapes pour un total de 701,7 km).
– Le premier Tour de Romandie a eu lieu du 15 au 18 mai 1947. Dix équipes de quatre coureurs (dont 25 Suisses) étaient sur la ligne de départ du contre-la-montre de 50 kilomètres.
– Pour sa quatrième année d’existence, l’équipe professionnelle suisse Phonak joue gros sur le Tour de Romandie. Elle est obligée de s’imposer pour s’ouvrir les portes du prestigieux Tour de France.
– En l’absence d’Oscar Camenzind (blessé), Phonak compte sur son autre star suisse, Alex Zülle, pour remporter la victoire finale.
– L’échec de la formation suisse pourrait mettre le cyclisme suisse en péril. L’absence d’une équipe suisse de seconde ou de troisième division rend en effet la progression des jeunes espoirs très difficile.
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