Phonak mise sur Tyler Hamilton au Tour de France
Après deux ans d’attente, la seule équipe suisse de première division a pris le départ du Tour de France. Elle table sur l’Américain Tyler Hamilton pour accéder au podium à Paris.
Un seul Suisse – Martin Elmiger – a été retenu au sein de la formation à forte consonance espagnole.
Les eaux de la Meuse s’écoulent paisiblement. A quelques mètres, c’est la fièvre. Celle du Tour, des pronostiques. Le Tour de France s’est installé dans les vastes halles du Palais des expositions.
Une question, lancinante, passe de bouche en bouche: qui peut battre Lance Armstrong en quête d’un sixième succès dans le Tour?
Dans la petite colonie helvétique, on s’interroge. L’équipe Phonak Hering Systems, seule formation suisse de première division, a-t-elle les moyens de remporter le Tour?
Non seulement elle devra repousser l’armada bleue d’Armstrong, mais encore la rose de Jan Ullrich (Team Mobile). Sans occulter l’équipe basque (Euskatel Euskadi) d’Iban Mayo, voire celle de Roberto Heras (Liberty Seguros).
Les rouges de la Saeco de Gilberto Simoni ne sont pas à écarter d’emblée. Or, si une partie de l’opinion se focalise uniquement sur un duel Armstrong-Ullrich, d’autres prédisent un affrontement à trois Armstrong-Ullrich-Hamilton, le leader de Phonak. Car individuellement, les deux Américains et l’Allemand sont au bénéfice d’un gros potentiel, quelque soit le terrain.
Un client pour la victoire
Hamilton a-t-il les moyens de battre Armstrong si le Tour devait tourner en un affrontement américano-américain? Stephan Roche, auteur d’un triplé historique en 1987, vainqueur du Giro, du Tour de France et du championnat du monde, en est persuadé.
«L’été passé, Tyler a terminé 4e malgré une clavicule cassée. Sans oublier sa victoire de Bayonne en solitaire. Cette année, dit-il, Tyler a fait un excellent Tour de Romandie. Ce qui est un signe. Il ‘marche’ très fort. C’est un client sérieux pour la victoire à Paris».
«Pour sa part, Armstrong part avec l’avantage de ces cinq derniers succès. Il a la conscience tranquille, il n’a pas de compte à rendre. Il peut bluffer, laisser les autres équipes prendre la course à leur compte. Et en cas d’échappée leur dire: si vous voulez gagner le Tour prenez la course en main».
Une hypothèse de travail que ne partage pas forcément Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour avec Armstrong, Merckx, Indurain et Anquetil.
«En regard des deux minutes perdues dans le contre-la-montre du Mont-Ventoux au Dauphiné, on peut se poser des questions. Au Dauphiné un très grand coureur ne peut pas laisser ainsi faire. Où alors il cache son jeu. J’ai plutôt le sentiment qu’il traverse des hauts et des bas…», note Bernard Hinault.
De son côté, Ullrich a déjà gagné le Tour de France en 1997. Sa plus mauvaise performance? Deuxième et cela à cinq reprises! Cette année, il a laissé une très forte impression dans le Tour de Suisse.
«Je trouve le coureur allemand plus sûr de lui. Il va partir avec un gros capital confiance. Il est très régulier, il roule fort et grimpe bien. De plus sa classe est intacte. Car il n’a pas puisé dans ses réserves», relève Eddy Merckx.
Pour ce dernier, «Ullrich, Mayo et Hamilton vont lui mener la vie dure. Hamilton? On connaît ses qualités. Il va être dangereux.»
Le potentiel des équipes
Reste le potentiel de leurs équipes respectives? Sur le papier, Phonak possède un léger avantage du fait que la formation est composée d’une forte présence espagnole, dont Oscar Sevilla.
Un seul Suisse justifie la présence de l’équipe de…Suisse: Martin Elmiger. Et ce à la demande de Hamilton. L’Américain a besoin d’un rouleur pour le contre-la-montre par équipes. Peut-être le talon d’Achille de la formation Suisse.
Côté Armstrong, US Postal est rompu à l’exercice. En revanche, le patron pourrait manquer d’un point d’appui en montagne.
Pour sa part, Walter Godefroot, manager de T-Mobile, a concocté une équipe au service d’Ullrich évidemment, mais aussi d’Eric Zabel. Le sprinter maison est à la recherche d’un septième maillot vert après ses échecs de 2002 et 2003. Un pion essentiel manquera dans leur jeu: Alexandre Vinogradov, victime d’un accident au Tour de Suisse.
Mayo affaibli
Mayol et Heras devront limiter au maximum les écarts contre-la-montre par équipes. Une perte de plus de deux minutes compromettrait leur chance d’accès au podium à Paris. Un exercice dans lequel ils ne sont pas à l’aise.
Qui plus est, engagé spécialement pour ses qualités de rouleur, Gorka Gonzales ne sera pas au départ. Il a été déclaré inapte suite à un contrôle sanguin. Ce qui réduit la formation à huit coureurs.
Dès lors, les bonnes clés du Tour sont celles des trois contre-la-montre, dont celui «par équipes» et les arrivées en altitude. Notamment le «chrono» de l’Alpe d’Huez.
Quand aux Suisses, ils sont six au départ. Fabien Cancellara dans les contre-la-montre et Laurent Dufaux étant les plus à même d’obtenir de bons résultats.
«Je suis avant tout au service de l’équipe, pour soutenir Richard Virenque dans la montagne», affirme le Vaudois.
swissinfo, Pierre-Henri Bonvin
Le 90e Tour de France c’est 3391,1 kilomètres de course en 21 jours: un prologue, 20 étapes, deux jours de repos.
Sur la ligne de départ sont présentes 21 équipes (189 coureurs). Chargé d’appliquer les règlements le collège des commissaires comporte 15 membres, présidé par l’Italien Mirco Monti.
– Deux Suisses ont remporté le Tour de France: Ferdy Kubler (le doyen des coureurs suisses encore en vie) en 1950 et Hugo Koblet en 1951. Fritz Schaer a remporté le premier maillot vert (classement aux points) créé en 1953.
-Un seul Suisse a remporté le Grand prix de la montagne: Tony Rominger.
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