Plus d’argent pour la lutte contre le dopage
Swiss Olympic veut consacrer 1,7 million de francs suisses par année à la lutte contre le dopage dans le sport.
L’organisation faîtière des fédérations sportives suisses demande aux autorités fédérales d’en faire autant, dans le cadre de la future Agence nationale antidopage.
Actuellement, il manque environ 2 millions de francs à la lutte antidopage en Suisse pour être réellement efficace. Swiss Olympic va y affecter 1 million supplémentaire dès l’an prochain dans le cadre de la création de l’Agence nationale antidopage (ANA). Et elle attend un effort du même ordre de la Confédération.
«Pour atteindre un bon standard de qualité dans le combat contre le dopage, il nous faut environ 5 millions de francs par an», a rappelé Marc-André Giger, directeur de Swiss Olympic, mercredi à la nouvelle Maison du sport à Ittigen, près de Berne. Actuellement, le budget se monte à 3,2 millions.
Voulant presser le pas sans attendre une révision législative qui aurait repoussé le projet en 2011, Swiss Olympic a pris le taureau par les cornes pour rendre l’ANA opérationnelle dès le 1er janvier prochain. L’idée est de l’organiser sur la base du droit privé (une fondation par exemple), la participation de la Confédération restant à définir.
Le nerf de la guerre
Comme l’a relevé Matthias Remund, directeur de l’Office fédéral du sport (OFSPO), la lutte antidopage nécessite des efforts coordonnés de la part de tous – Etat, athlètes, fédérations, entraîneurs, opinion publique… Ce n’est donc pas uniquement une question de moyens financiers.
L’argent n’en reste pas moins essentiel. Ainsi, faute de moyens, Swiss Olympic n’a effectué à ce jour que des contrôles d’urine et pas de dépistages sanguins. «Nous voulons introduire les tests sanguins au cours des prochains mois», a néanmoins assuré Matthias Kamber, chef du service de prévention du dopage de l’OFSPO.
L’urine reste le bon moyen pour détecter par exemple l’EPO ou les anabolisants. Mais le contrôle sanguin permettrait de débusquer en plus les transfusions homologues, par exemple.
Surtout du cannabis
Parmi les cas détectés ces dernières années, de nombreux restent bénins. Ainsi, le cannabis est toujours de loin la substance la plus souvent détectée: plus d’un tiers des cas entre 2000 et 2006, contre 18% seulement par exemple pour les anabolisants.
Le nombre total de contrôles reste trop limité. Alors qu’il a explosé sur le plan mondial depuis 2003, il a suivi une courbe inverse en Suisse: 1855 en 2006 (dont 18 cas positifs), contre 2087 en 2005. L’objectif est de passer à 2500 en 2009.
Fort d’un nouveau contrat avec le Sport-Toto qui lui assure davantage de moyens, Swiss Olympic va étoffer dès l’an prochain son personnel affecté à la lutte antidopage de trois postes. Actuellement, ses effectifs se montent à quatre contrôleurs professionnels, trente contrôleurs non professionnels plus quatre collaborateurs au secrétariat général.
Appel à la Confédération
En Suisse comme ailleurs, certains sportifs sont particulièrement «ciblés», c’est-à-dire dans le collimateur des contrôleurs. «Les athlètes doivent avoir l’impression qu’ils peuvent être contrôlés en tout lieu, à tout moment», a souligné Matthias Kamber.
Mais déléguer un contrôleur au Kenya ou en Europe de l’Est pour aller tester un athlète sur son lieu d’entraînement coûte de l’argent.
«La lutte contre le dopage ne peut être couronnée de succès qu’avec un soutien financier accru de la Confédération», a conclu Marc-André Giger. Et avec le concours des fédérations, qui pourraient encourir des sanctions financières en cas de laxisme.
swissinfo et les agences
Deux organismes en Suisse sont chargés des contrôles antidoping: Swiss Olympic et l’Office fédéral du sport.
En 2006, on a ainsi effectué 1855 contrôles (contre 2087 en 2005), dont 828 au cours d’une compétition ou d’une autre.
Les sports les plus surveillés ont été le cyclisme (227 contrôles), le ski et le snowboard (166), le triathlon (152), l’athlétisme (110) et le football (100).
La chambre disciplinaire de de Swiss Olympic a dû examiner 18 cas, dont sept portaient sur l’usage de cannabis. Les athlètes en cause ont été suspendus, pour des périodes allant de trois semaines à deux ans.
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