Plus de suicidés que de morts sur les routes
Ces 20 dernières années, la mortalité par suicide a baissé dans les pays de l'Union européenne. En Suisse également.
Mais, avec quelque 1300 décès par année, la Suisse demeure parmi les pays les plus touchés.
Dans les pays de l’Union européenne (UE), la mortalité par suicide a baissé de 15% chez l’homme et de 30% chez la femme.
Dans le même temps, en Suisse, les suicides ont diminué de 23% parmi les hommes et de 27% parmi les femmes. Cette diminution est toutefois légèrement inférieure à celle enregistrée dans les pays limitrophes de la Suisse.
Ces résultats sont publiés dans le dernier numéro de la revue scientifique «European Journal of Public Health».
La Suisse reste très touchée
Avec des taux de 23 pour 100 000 hommes et de 8 pour 100 000 femmes, la Suisse reste aux premiers rangs parmi les pays d’Europe occidentale. Les autres pays particulièrement concernés sont la Finlande, la Belgique et l’Autriche.
«En Suisse, nous détenons un triste record, estime Fabio Levi, professeur à l’Université de Lausanne et co-auteur de l’étude. Le suicide est la première cause de mortalité des jeunes, loin devant les accidents de la route, le sida et l’abus de drogues.»
«Le suicide reste un problème majeur, poursuit le professeur. Il représente chez l’homme entre 10 et 15% de la mortalité prématurée. Dans notre population, il n’y a que le cancer du sein qui atteigne une telle proportion.»
Il est cependant difficile de comprendre pourquoi le suicide fait de tels ravages en Suisse.
«Nous n’avons pas vraiment trouvé de raison expliquant ce phénomène, déclare Benedetto Saraceno, l’un des co-auteurs de l’étude. La plupart des facteurs expliquant le suicide sont en effet les même que dans les pays proches de la Suisse.»
Plusieurs explications
Parmi les raisons du recul du suicide, l’étude cite la difficulté à se procurer des «moyens efficaces», en raison du contrôle des armes à feu, de la détoxification du gaz domestique et de la catalysation des véhicules. La diffusion des médicaments anti-dépressifs est aussi évoquée.
Cette tendance à la baisse devrait se poursuivre au cours des prochaines années. «Sauf, souligne Fabio Levi, si la situation socio-économique se détériore de manière très importante.»
swissinfo et les agences
– L’étude a été conduite par Fabio Levi (Université de Lausanne) et Carlo La Vecchia (Université de Milan et Institut Mario Negri), en collaboration avec Benedetto Saraceno (Département de Santé Mentale de l’OMS).
– Les résultats proviennent d’une analyse de la banque de données de mortalité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
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