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Procès Swissair: Mario Corti se défend d’avoir menti

Mario Corti a profité de son second jour de comparution pour règler quelques comptes. Keystone

Entendu lundi, Mario Corti, dernier patron du SAirGroup est le deuxième accusé du «procès du siècle» à accepter de répondre aux juges. Pour clamer son innocence.

Georges Schorderet, ancien chef des finances du groupe, rejette lui aussi les accusations et dit avoir vécu le grounding comme une «tragédie».

Accusé de faux renseignements sur des sociétés commerciales, Mario Corti a nié avoir menti sciemment aux actionnaires de SAirGroup lors de l’assemblée générale du 25 avril 2001.

Le dernier patron du groupe avait annoncé que trois instituts financiers (le Credit Suisse, la Deutsche Bank et Citigroup) avaient accordé un crédit d’un milliard de francs et que les liquidités de Swissair étaient ainsi assurées.

En réalité, il ne s’agissait que d’une proposition assortie de conditions très restrictives. Le contrat n’a été signé que le 11 juillet suivant. Et SAirGroup n’a jamais pu utiliser ces fonds.

«L’offre faite par les trois banques était légalement contraignante», s’est défendu Mario Corti qui a ajouté n’avoir pas eu connaissance des conditions précises. Le directeur des finances, Georges Schorderet, avait mené seul les négociations jusque dans leur «phase finale».

Les banques avaient donné leur accord

Selon Mario Corti, les banques avaient donné leur accord à une communication publique.

Le CEO avait chargé son chef des finances de s’en assurer. «Georges Schorderet m’a donné son feu vert», a affirmé l’ancien patron de Swissair, qui n’a toutefois «pas vu la réponse écrite des banques».

«J’avais 1000 choses à régler avant cette assemblée», a expliqué Mario Corti. C’est aussi pour cette raison, selon lui, qu’il n’a pas discuté avec Georges Schorderet de ce qu’il allait communiquer exactement aux actionnaires.

Mario Corti a concédé avoir voulu «tranquilliser» les actionnaires dans une situation de crise lorsqu’il a projeté un transparent portant le titre «Liquidité assurée grâce à la garantie d’un nouveau crédit».

«C’était mon devoir de montrer que Swissair n’était pas au bout du rouleau. J’assume l’entière responsabilité de ce que j’ai dit, a déclaré Mario Corti. Georges Schorderet n’est pas impliqué.»

Le manque de collaboration et de confiance entre les deux hommes n’en était pas moins sous-jacent tout au long de l’audience. Le dernier capitaine de Swissair a congédié son chef des finances au printemps 2001. Comme les jours précédents, ce dernier s’est muré dans le silence.

Des règlements de comptes

Mario Corti également profité de son second jour de sa comparution pour régler quelques comptes.

Il a ainsi expliqué avoir eu un entretien avec le président de l’UBS Marcel Ospel et lui avoir demandé le soutien de sa banque avant de reprendre les fonctions du président Eric Honegger, lui-même parti le 15 mars 2001.

Après une journée de réflexion, Marcel Ospel aurait posé trois conditions à l’octroi d’un crédit, dont une demandait le départ du responsable des finances Georges Schorderet. Pourtant après l’entrée en fonction de Corti, l’UBS a décidé de ne pas soutenir la compagnie.

Toujours selon Mario Corti, en janvier 2001 la décision de l’ancien président du conseil d’administration Eric Honneger de licencier Philipp Bruggisser, alors CEO de SAirGroup, n’a fait que «renforcer les problèmes»

Mis devant le fait accompli, les membres du conseil d’administration ne «voulaient pas désavouer Eric Honegger», a déclaré M. Corti.

Pour conclure, l’accusé a reproché à Moritz Suter, fondateur de la compagnie Crossair, d’avoir jeté l’éponge un mois et demi après avoir pris la tête des activités aériennes du groupe.

«Nous savons aujourd’hui que Suter a abandonné son mandat sur la recommandation expresse de son avocat, le professeur Peter Böckli», a déclaré Mario Corti. Selon lui, cet épisode a accentué la crise que traversait alors le groupe.

swissinfo et les agences

Le procès Swissair se tient du 16 janvier au 9 mars devant le Tribunal de district de Bülach, dans le canton de Zurich.

Les audiences se déroulent dans la halle communale de Bülach, qui peut contenir jusqu’à 1500 personnes.

L’audition des 19 prévenus devrait durer jusqu’au 5 février.

Les réquisitoires du Ministère public et les plaidoiries de la défense se dérouleront dès le 15 février.

L’acte d’accusation compte 100 pages.

Le Ministère public zurichois y a consacré 40’000 heures de travail. Il a interrogé 300 personnes, effectué 20 perquisitions et collecté des documents réunis dans 4150 classeurs.

La justice zurichoise prépare une deuxième procédure, civile celle-là, qui traitera des comptes de la compagnie aérienne en faillite.

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