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Procès Swissair: Mario Corti à la barre

Mario Corti a choisi de parler. Sauf de Sabena et de sa fortune personnelle. Keystone

Entendu lundi, Mario Corti, dernier patron du SAirGroup est le deuxième accusé du «procès du siècle» à accepter de répondre aux juges. Pour clamer son innocence.

Georges Schorderet, ancien chef des finances du groupe, rejette lui aussi les accusations et dit avoir vécu le grounding comme une «tragédie».

La salle communale de Bülach était plutôt bien remplie pour accueillir Mario Corti. Présenté à son avantage dans le film « Grounding », contrairement aux banquiers Lukas Mühlemann et Marcel Ospel, « Super Mario » jouit toujours d’un capital de sympathie important.

Et contrairement à la plupart des autres accusés de ce procès, Mario Corti, qui n’a plus retrouvé de travail depuis le naufrage de Swissair, s’est montré très disert. Il a répondu à presque toutes les questions des juges et après l’audience, il s’est mis à disposition des médias.

L’accusé âgé de 60 ans, qui vit aujourd’hui à Boston, n’en a pas moins rejeté toutes les accusations du Ministère public. Selon lui, les procureurs chargés du dossier se sont basés sur les rapports d’un expert «qui n’y connaît rien».

«J’y ai toujours cru»

Ainsi, Mario Corti explique que SAirGroup n’a pas fait de tort aux créanciers en décidant le 24 mars 2001 d’éliminer sans contrepartie les pertes de SAirLines, la filiale qui chapeautait notamment Swissair et Crossair et qui souffrait des déficits récurrents des compagnies aériennes étrangères affiliées.

«C’est un non-sens de dire que SAirLines aurait perdu quelque chose dans cette opération étant donné que SAirLines appartenait à 100% au groupe», juge l’accusé.

L’ancien patron a toujours pensé pouvoir sauver SAirGroup. Son secteur aérien était «affaibli», mais le groupe possédait des sécurités sous forme de réserves dans ses sociétés saines, rappelle Mario Corti, qui estime avoir «assumé ses responsabilités jusqu’au bout en aidant le liquidateur Karl Wüthrich jusqu’en 2003».

Une «garantie» à 12 millions

Au début de l’interrogatoire, Mario Corti a confirmé qu’il avait touché d’avance un salaire de 12 millions de francs à son entrée en fonction à la tête de SAirGroup.

Il savait qu’une lourde tâche l’attendait et il s’est engagé pour une durée de cinq ans. L’avance représentait une garantie pour sa famille au cas où les choses tourneraient mal. Personne ne pouvait se douter de ce qui allait se passer, souligne l’accusé.

Nommé administrateur de SAirGroup en l’an 2000 puis à la tête de l’entreprise alors qu’elle se trouvait en pleine crise en mars 2001, Mario Corti n’a donc pas été impliqué dans la mise en place de la stratégie dite du « chasseur ».

Voulue par son prédécesseur Philippe Bruggisser, cette dernière a conduit le groupe à la ruine en acquérant des participations dans des compagnies étrangères.

Bouche cousue sur Sabena

Mario Corti a par contre refusé de s’exprimer à propos du paiement de 150 millions d’euros à la compagnie belge Sabena en 2001.

Le Ministère public l’accuse, avec huit autres membres du conseil d’administration, de s’être rendu coupable de diminution d’actifs au détriment des créanciers et de gestion déloyale.

Après l’industriel Thomas Schmidheiny jeudi dernier, Mario Corti est le second accusé de ce procès à avoir choisi de répondre aux juges.

«Complètement absurde»

Georges Schorderet, s’est quant à lui borné – comme les autres – à lire une déclaration. L’ancien chef des finances de SairGroup juge «complètement absurdes» les accusations de gestion déloyale et de diminution de l’actif au préjudice des créanciers qui pèsent contre lui.

«Moi et mon équipe avons toujours cherché jour et nuit à assurer l’avenir du groupe», affirme Georges Schorderet, ajoutant que la faillite de Swissair a été pour lui aussi «une grande tragédie».

Depuis le début 2005, Georges Schorderet travaille pour une entreprise à Riyad, en Arabie Saoudite. Comme Mario Corti, il revient mardi devant les juges, pour répondre des autres chefs d’accusation qui pèsent sur lui, notamment sur les faux renseignements sur l’état du groupe.

swissinfo et les agences

Le procès Swissair se tient du 16 janvier au 9 mars devant le Tribunal de district de Bülach, dans le canton de Zurich.

Les audiences se déroulent dans la halle communale de Bülach, qui peut contenir jusqu’à 1500 personnes.

L’audition des 19 prévenus devrait durer jusqu’au 5 février.

Les réquisitoires du Ministère public et les plaidoiries de la défense se dérouleront dès le 15 février.

L’acte d’accusation compte 100 pages.

Le Ministère public zurichois y a consacré 40’000 heures de travail. Il a interrogé 300 personnes, effectué 20 perquisitions et collecté des documents réunis dans 4150 classeurs.

La justice zurichoise prépare une deuxième procédure, civile celle-là, qui traitera des comptes de la compagnie aérienne en faillite.

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