Renforcement de la lutte contre le terrorisme
La Suisse et les Etats-Unis signent à Washington un accord de coopération policière et judiciaire.
L’accord vise à renforcer l’échange d’informations entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme.
L’accord porte la signature de Valentin Roschacher, procureur général de la Confédération.
Celles de son homologue américain John Ashcroft et de l’adjoint du ministre américain de l’Economie et des Finances, Kenneth Dam.
Les gouvernements suisse et américain le définissent comme «un arrangement de travail au niveau opérationnel».
En clair, des groupes de travail composés d’experts techniques suisses et américains sont créés à Washington et à Berne.
Ils mèneront en commun plusieurs enquêtes relatives aux attentats du 11 septembre.
C’est Valentin Roschacher qui est à l’origine de cette initiative bien accueillie par l’Administration Bush.
Le procureur général de la Confédération s’attend à «une meilleure concertation» entre les polices et les magistrats de chaque côté de l’Atlantique.
Et de souligner que l’échange de renseignements se fera désormais «plus rapidement».
De vrais policiers
«Il ne s’agit pas ici de réunir des fonctionnaires fédéraux, confie Valentin Roschacher à swissinfo, mais de vrais agents de police qui ne poseront pas de questions stupides, pour la bonne raison qu’ils maîtrisent leurs dossiers.»
Les dossiers en question ont, en l’occurrence, trait à Al-Qaïda et à son financement. Ils sont actuellement au nombre de six.
Valentin Roschacher mentionne volontiers les affaires Nada et Al-Taqwa. En revanche, il n’est pas disposé à parler des quatre autres dossiers.
Par ailleurs, le procureur général se refuse à tout commentaire sur l’affaire José Padilla – cet Américain qui a séjourné en Suisse avant d’être accusé de préparer un attentat à la «bombe sale» aux Etats-Unis.
Elargissement possible
Néanmoins, Valentin Roschacher n’exclut pas de voir la mission des groupes de travail bilatéraux s’étendre au-delà de l’enquête sur le réseau Ben Laden.
«Pour le moment, indique le procureur général, nous ne prévoyons pas de travailler en commun sur d’autres groupes terroristes.»
«Cependant, ajoute Valentin Roschacher, s’il s’avérait que d’autres mouvements comme le Hezbollah sont en rapport avec Al-Qaïda, notre coopération avec les Etats-Unis pourrait s’élargir.»
Quoiqu’il en soit, l’arrangement trouvé par la Suisse et les Etats-Unis risque de rencontrer des difficultés.
Les deux pays ont en effet des méthodes policières et des systèmes judiciaires fort différents.
Ainsi,les critères de preuve et les conditions de l’admissibilité de ces dernières devant les tribunaux varient grandement.
Pas de violation des droits des suspects
Par ailleurs, les Etats-Unis ont souvent été épinglés par les organisations humanitaires et par l’ONU pour des violations des droits des suspects, des inculpés et des personnes écrouées.
Des violations qui, selon Human Rights Watch, ont augmenté à la faveur de la lutte antiterroriste.
A cet égard, Valentin Roschacher assure que l’accord garantit le respect des dispositions légales de la Suisse.
Il se dit «toujours préoccupé par les violations des droits de l’Homme, qu’elles soient perpétrées aux Etats-Unis ou ailleurs».
Et de conclure: «Si nous constatons que des informations en provenance des Etats-Unis ont été obtenues par des moyens que nous estimons illégaux, nous ne les utiliserons pas».
swissinfo/ Marie-Christine Bonzom à Washington
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