Blatter et Platini suspendus huit ans
Exclus du monde du football pour une durée de 8 ans. Le couperet est tombé pour Sepp Blatter et Michel Platini. Les deux hommes ont déclaré vouloir se battre, en faisant appel de cette décision.
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La vie haute en couleurs de Sepp Blatter
La commission d’éthique de la FIFA a suspendu pour huit ans le président de la Fédération internationale Sepp Blatter et celui de l’UEFA Michel Platini. Elle a fait part de sa décision ce lundi matin 21 décembre. La suspension est assortie d’une amende de 80’000 francs pour Michel Platini et de 50’000 francs pour Sepp Blatter.
La charge de corruption n’a pas été retenue contre les deux hommes par le tribunal interne de la FIFA. Ils ont en revanche été reconnus coupables d’«abus de position», de «conflit d’intérêt» et de «gestion déloyale».
Blatter estime avoir servi de «punching ball»
Les conséquences de ce verdict sont plus lourdes pour le Français Michel Platini, qui voulait se présenter à la présidence de la FIFA le 26 février, que pour le Suisse. A 79 ans, Sepp Blatter n’aspirait qu’à présider son instance jusqu’à l’élection, puis passer la main.
Le président suspendu de la FIFA s’est toutefois montré combatif devant la presse réunie à Zurich. Le Valaisan a dit vouloir se battre pour faire valoir ses droits. Il estime avoir servi de «punching ball». «Nous allons faire appel devant la commission de recours (de la FIFA, ndlr), puis devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) puis devant la justice suisse», a déclaré Sepp Blatter en conférence de presse, en se disant «désolé pour le football et pour la FIFA».
«Ce matin, j’étais très triste, mais maintenant je suis combatif. On nous traite de menteurs, moi et Michel Platini, et cela ne va pas. C’est un manque de respect. Mais cette affaire n’est pas finie. J’espère que Michel fera aussi appel», a aussi dit le président suspendu de la FIFA.
Le Valaisan a également répété regretter de ne pas avoir quitté son poste après la Coupe du monde 2014 au Brésil. «J’aurais dû écouter les conseils de ma fille», a-t-il admis.
Dans une réaction à chaud à la RTS, Sepp Blatter a déclaré «ne pas être fini».
Blatter exclusif @RTSinfoLien externe "j'utiliserai tous les recours" pic.twitter.com/j1usXsrGWhLien externe
— Darius Rochebin (@DariusRochebin) 21 Décembre 2015Lien externe
Une «mascarade»
Pour Michel Platini, l’onde de choc est dévastatrice. A 60 ans, il était le mieux placé jusqu’ici pour devenir le prochain président de la FIFA. Le long circuit des appels, s’il les dépose, devant la chambre de recours de la FIFA, puis devant le TAS, ne lui en laissera sans doute pas le temps, selon des sources proches de l’instance du foot mondial.
Michel Platini n’en revient pas. Il évoque une «véritable mascarade» dans un communiqué. Tout cela est une «mise en scène» pour le «salir», orchestrée par des instances auxquelles il dénie «toute légitimité et crédibilité», selon un communiqué transmis à l’AFP.
Le triple Ballon d’Or compte saisir le TAS mais aussi la justice civile pour «obtenir réparation de l’intégralité du préjudice» qu’il dit subir «depuis de trop longues semaines.»
«Cette décision ne me surprend pas», écrit en préambule Platini dans son communiqué, avant d’ajouter: «Je suis convaincu que mon sort était déjà scellé avant l’audience du 18 décembre dernier (devant la justice de la FIFA, où son avocat a été entendu pendant 9 heures, ndlr) et que ce verdict n’est que l’habillage pathétique d’une volonté de m’éliminer du monde du football.»
L’ancien meneur de jeu de l’équipe de France affirme «être en paix avec sa conscience» et assure que son «comportement a toujours été irréprochable sur les terrains comme dans l’exercice de ses mandats.»
Comment en sont-ils arrivés là?
Au cœur de dossier, il y a le versement contesté de 2 millions de francs en 2011 par Blatter à Platini, sans contrat écrit, pour un travail de conseiller achevé en 2002. Les deux hommes étaient pour cela déjà suspendus provisoirement jusqu’au 5 janvier, en attendant le jugement sur le fond de lundi.
Platini a toujours clamé sa bonne foi. Il réfute les accusations d’irrégularité pour le versement, qui correspond selon lui à un reliquat de salaire touché sur la base d’un contrat oral, un type d’engagement accepté en Suisse.
Il ne se faisait toutefois guère d’illusion. «Je suis déjà jugé, déjà condamné», a-t-il ainsi estimé dans une déclaration lue par ses avocats vendredi à Zurich devant les juges de la commission d’éthique de la FIFA. L’ancienne star de l’équipe de France et de la Juventus de Turin, dénonçant une manœuvre pour l’empêcher de se présenter à la présidence de la FIFA, avait décidé de boycotter cette audience, laissant son avocat le défendre.
Année cauchemardesque
Sepp Blatter, lui, a été entendu durant 8 heures jeudi dernier à la FIFA. Outre la justice sportive, il fait l’objet d’une enquête pénale de la justice suisse en raison du versement à Platini et pour un contrat de droits TV jugé anormalement défavorable à la FIFA.
La double décision de lundi sonne comme le point d’orgue d’une année cauchemardesque pour la FIFA, ouverte en mai avec l’arrestation au saut du lit de caciques du football mondial dans un palace de Zurich. Les procédures américaine et suisse ont mis au jour un tableau très noir des pratiques de l’instance.
Le nouveau patron aura du fil à retordre
Cinq hommes sont candidats à la succession de Blatter, forcé à une démission annoncée le 2 juin, quatre jours après sa réélection, pour être effective le 26 février: le Cheikh bahreini Salman, le Sud-Africain Tokyo Sexwale, le prince jordanien Ali, le Français Jérôme Champagne et le Suisse Gianni Infantino.
Quel qu’il soit, le nouveau patron de la FIFA aura du mal à reconstruire une crédibilité en ruines. Trente-neuf personnes sont déjà mises en cause par la justice américaine, qui juge «inconcevable» le niveau de corruption à la FIFA: selon elle, 200 millions de dollars de pots-de-vin y ont circulé depuis 1991.
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