Secret bancaire, crime et blanchiment
Le grand public pense encore que le secret bancaire protège l'argent criminel. Une croyance que le lobby bancaire tente de modifier.
Pourtant, la Suisse dispose d’une loi anti-blanchiment qui figure parmi les plus strictes du monde.
Depuis 1998, la Suisse s’est dotée d’une législation anti-blanchiment très stricte. Les fonds issus d’activités criminelles ou terroristes sont traqués tant par les banques que par la justice.
Les banques ont l’obligation de collaborer lors d’une enquête pénale et le secret bancaire ne peut s’opposer à un juge d’instruction. Bien sûr, il existera toujours des moutons noirs, mais les diverses affaires qui ont éclaté au grand jour ont engendré un blocage rapide des comptes incriminés.
Une diligence que l’on ne retrouve de loin pas auprès des pays de l’UE, et notamment en Grande-Bretagne.
Même Bernard Bertossa, ancien procureur général à Genève, admet sans détour que «la Suisse ne saurait être taxée de paradis fiscal car elle possède une fiscalité et une législation contraignantes».
Une mauvaise image à corriger
Pourtant, dans les esprits c’est souvent l’image de coffre-fort plein d’argent sale qui colle à la Suisse. Les places concurrentes profitent de cela pour montrer du doigt la Confédération en faisant l’amalgame entre secret bancaire et criminalité.
Des ministres anglais n’hésitent pas a déclaré publiquement que la discrétion des banques helvétique constitue un obstacle majeur à la lutte contre le terrorisme et la corruption. Des critiques qui laissent pantois si l’on songe à l’opacité des «trusts» anglo-saxons.
Après les attentats du 11 septembre 2001, plusieurs Etats ont sauté sur l’occasion pour clamer que le secret bancaire suisse avait facilité l’action des islamistes.
Face à ces accusations, les banquiers avaient plutôt adopté la stratégie du hérisson. Désormais ils ont quitté leurs salons feutrés.
L’Association suisse des banquiers a créé une cellule chargée de défendre ses intérêts. Les opérations de lobbying se sont multipliées en Suisse et à l’étranger avec notamment des rencontres à Londres, Paris, Francfort et Washington.
«Il y a une prise de conscience générale, et tous les acteurs bancaires affichent un front commun. Aux Etats-Unis notre message est passé et Washington a reconnu la sévérité de notre législation anti-blanchiment», précise Michel Dérobert, délégué du Groupement des banquiers privés genevois.
swissinfo/Luigino Canal
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