Suisses et Américains traquent ensemble Al-Qaïda
Les deux pays lutteront contre le terrorisme. C'est le résultat d'un voyage fait à Washington par le chef de l'Office fédéral de la police.
Jean-Luc Vez n’a pas échappé au rituel symbolique. Un passage par New York et «Ground Zero», le site où se trouvaient les deux gratte-ciel du World Trade Center jusqu’au 11 septembre au matin.
Le directeur de l’Office fédéral de la police (OFP) en a profité, mardi et mercredi, pour avoir une série d’entretiens avec des responsables américains au FBI, la police fédérale, au service des douanes, ainsi qu’aux Services Secrets, l’organisme qui assure la protection du chef de la Maison Blanche.
Un nouveau contact a été pris avec le sous-secrétaire au Trésor chargé des activités de police financière, Jimmy Gurulé.
Des hauts et des bas
Accompagnant Jean-Luc Vez dans sa visite, Urs von Däniken, chef du Service d’analyse et de prévention (SAP) de l’OFP, a rencontré le directeur adjoint de la CIA, de même que le chef des opérations et le chef du service européen de l’agence américaine de renseignements.
Les responsables suisses et américains ont procédé à un échange d’informations dans le domaine de la sécurité. Notamment en matière de lutte contre le terrorisme, de crime organisé et de blanchiment d’argent sale.
Tout en qualifiant ses entretiens de «très ouverts et collégiaux», Jean-Luc Vez déclare à swissinfo que «la collaboration entre la Suisse et les Etats-Unis a connu des hauts et des bas depuis le 11 septembre».
Les bas étant dus, selon lui, «aux faits que nos deux pays sont dotés de systèmes judiciaires différents et que nos équipes ont des méthodes de travail différentes».
C’est précisément pour tenter d’améliorer les échanges d’informations que Washington et Berne élaborent un texte destiné à approfondir leur collaboration dans la lutte anti-terrorisme.
«Notre délégation a préparé la formalisation d’une nouvelle collaboration entre les deux Etats dans le domaine de la poursuite pénale», indique à swissinfo le patron de l’Office fédéral de la police.
Un traité sur l’entraide judiciaire
La Suisse et les Etats-Unis sont déjà liés par un traité sur l’entraide judiciaire, signé en 1973 et entré en vigueur en 1977, et par les règles d’Interpol en ce qui concerne la collaboration policière.
Le nouveau document, dont la forme juridique – traité ou simple accord – reste à déterminer, devrait se traduire en particulier par des échanges de personnel entre les agences américaines et suisses en fonction des enquêtes. Jean-Luc Vez estime que le texte pourrait être conclu d’ici à la fin de l’année.
Avant de rentrer à Berne, la délégation suisse se rend jeudi et vendredi à Ottawa pour des entretiens avec les agences canadiennes de police et de renseignements.
Dans les prochaines semaines, une délégation américaine est attendue en Suisse. Elle comprendra M. Gurulé et le ministre de la Justice John Ashcroft.
«Les Américains considèrent la Suisse comme l’un de leurs principaux partenaires dans la gestion de la crise issue du 11 septembre, non seulement en raison de l’importance du combat contre le financement du terrorisme, mais aussi parce que la Suisse s’est beaucoup engagée dans la gestion de cette crise», explique Jean-Luc Vez.
A ce jour, le montant total des comptes bancaires bloqués en Suisse dans le cadre de l’enquête sur Al-Qaïda s’élève à 61 millions de dollars.
swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington
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