Terrorisme: les enquêtes confirment les soupçons
Les investigations menées par le Ministère public de la Confédération depuis les attentats du 11 septembre 2001 confirment que les terroristes ont utilisé la Suisse pour leur soutien logistique et financier.
Les résultats de trois enquêtes vont être transmis à l’Office des juges d’instruction fédéraux.
Jusqu’à présent, la Suisse n’a pas occupé une «place primordiale» dans le réseau terroriste international Al-Qaïda.
Tel est le constat que tirent le procureur général de la Confédération Valentin Roschacher et son suppléant Claude Nicati à l’heure de présenter le bilan provisoire des enquêtes ouvertes après les attentats du 11 septembre 2001.
Plus d’un millier d’indices portant sur d’éventuelles relations avec Al-Qaïda ont fait l’objet de vérifications depuis le 15 septembre 2001, explique le Ministère public de la Confédération (MPC). Mais dans la très grande majorité des cas, tout rapport avec le terrorisme international a pu être exclu.
Restent tout de même trois dossiers, qualifiés de «complexes», qui seront transmis dans les prochaines semaines à l’Office des juges d’instruction fédéraux.
Connexion tessinoise
L’enquête visant deux responsables de la société financière Nada Management Organization SA (précédemment Al Taqwa) basée à Lugano a confirmé les suspicions de soutien à une organisation criminelle.
Les deux hommes sont soupçonnés d’avoir mis sur pied les canaux par lesquels les montants servant au financement d’activités terroristes ont coulé de et vers la Suisse, indique le MPC.
Des millions bloqués à Genève
Un Saoudien soupçonné d’avoir transmis de grosses sommes d’argent, en sa qualité d’ancien président de la fondation caritative Muwafaq, à des proches du réseau Al-Qaïda, en utilisant des comptes suisses, est également dans le collimateur.
Le MPC a fait bloquer dans une banque de Genève des avoirs se chiffrant en dizaines de millions de dollars.
Le prévenu nie cependant tout lien avec les milieux terroristes. Des demandes d’entraide judiciaire ont été présentées à l’Arabie saoudite, aux Etats-Unis, à la Turquie et à l’Albanie.
Dix arrestations
Un troisième élément primordial des enquêtes antiterroristes concerne l’attentat de Ryad du 12 mai 2003, qui a notamment coûté la vie à un Suisse.
Des indices de contacts téléphoniques depuis Ryad avec 36 numéros en Suisse ont été recueillis auprès de personnes entretenant des liens étroits avec les auteurs de cet attentat.
Dix individus ont été arrêtés dans plusieurs cantons, en lien avec cette affaire. Six se trouvent toujours en prison. Au fil des investigations, il est apparu qu’une des activités de ce groupe consistait à faire entrer illicitement en Suisse des personnes provenant du monde arabe et de leur fournir de faux papiers.
L’enquête a montré que ces personnes, dont certaines pourraient avoir entretenu des contacts étroits avec Al-Qaïda, sont passées à la clandestinité ou qu’elles ont été conduites dans d’autres pays d’Europe.
En rapport avec cette procédure, le MPC a présenté des demandes d’entraide judiciaire à l’Arabie saoudite, au Qatar, au Yémen, à la Belgique, à l’Italie, à l’Allemagne et à la France.
La procédure se poursuit
Une fois les trois enquêtes transmises, l’Office des juges d’instruction fédéraux devra décider de la suite à leur donner dans le cadre de l’instruction préparatoire fédérale.
Directement subordonné au Tribunal fédéral, cet office des juges mènera une instruction préparatoire. Une fois celle-ci close, le MPC décidera s’il convient ou non de procéder à l’accusation devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone.
swissinfo et les agences
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