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Tirs croisés contre Roche aux USA

Le groupe suisse est accusé de laisser sur le marché américain un médicament provoquant des suicides et des malformations chez des nouveau-nés.

Accutane est prescrit pour les formes graves de l’acné. Roche affirme que ces attaques sont non fondées.

Cela fait 22 ans qu’Accutane a été approuvé par la FDA (Food and Drug Administration), l’agence américaine de réglementation des médicaments, et presque autant de temps que la sûreté du produit de Roche soulève les soupçons.

Longtemps confinée aux journaux spécialisés et à quelques mouvements de consommateurs, la polémique entourant Accutane aux Etats-Unis est apparue sous les projecteurs au cours des derniers jours.

Plusieurs plaintes

Tout a commencé le 18 novembre dernier quand, entendu lors d’audiences au Sénat sur la FDA, le médecin-conseil de l’agence, David Graham, a estimé qu’Accutane devrait être retiré du marché en raison des risques qu’il pose aux patients.

Le 23 novembre, la FDA a annoncé qu’elle établit une liste des médecins, patients et pharmaciens qui prescrivent, utilisent ou vendent Accutane et que toute femme devra désormais présenter un test négatif de grossesse avant de pouvoir prendre ce médicament.

Par la suite, CalPERS, l’association des fonctionnaires de l’Etat de Californie, la plus grosse association de ce type aux Etats-Unis qui gère, à la fois, les plans de retraite et d’assurance maladie de ses membres, a adressé une lettre au siège bâlois de Roche.

Dans sa lettre, CalPERS, qui est un actionnaire important du groupe suisse, fait pression sur Roche, exprimant sa «profonde préoccupation» relative aussi bien à la sûreté du médicament qu’aux retentissements possibles de l’affaire sur la valeur du titre, et exigeant «des mesures immédiates».

Parallèlement, une plainte collective de patients était déposée devant un Tribunal fédéral en Floride.

Et mardi 2 décembre, point culminant d’une couverture accrue des médias américains, le seul quotidien à diffusion nationale aux Etats-Unis, USA Today, consacrait un dossier à Accutane, en titrant que Roche «rejette les appels à une surveillance» du médicament.

Roche dément

«C’est faux», rétorque à swissinfo Carolyn Glynn, vice-présidente de Roche-USA.

«Roche a coopéré très étroitement avec la FDA, et dès le milieu des années 80, nous avons fourni des informations à destination des médecins et des patients qui figurent sur l’emballage d’Accutane».

Carolyn Glynn se déclare «très déçue par les accusations faites contre Roche et Accutane dans l’article de USA Today parce que les propos attribués à des responsables de Roche ont été tirés de leur contexte, ne sont pas exacts et sont donc trompeurs».

Elle reconnaît cependant que les propos qu’elle a elle-même tenus au quotidien n’ont pas été détournés.

Comme à USA Today, Carolyn Glynn indique à swissinfo que «Roche ne fait pas de commentaire sur des procès en cours».

Pas question de le retirer du marché

Mais elle affirme que «Accutane est un médicament extrêmement efficace employé par 13 millions de personnes dans le monde». Elle ajoute qu’il n’y a «pas de relation de cause à effet entre la prise d’Accutane et l’apparition d’une dépression ou de maladies psychiatriques».

«Avant de prendre Accutane, le patient doit d’ailleurs signer une décharge comme quoi il a été informé» des risques potentiels, précise la porte-parole de Roche.

Interrogée sur le caractère très inhabituel de cette procédure pour un médicament qui n’est pas expérimental, Madame Glynn fait valoir qu’il s’agit d’un «programme de gestion des risques très abouti», puis coupe court à l’entretien en soulignant que «Roche n’a aucune intention de retirer Accutane du marché».

swissinfo, Marie-Christine Bonzom, Washington

Le 18 novembre dernier, le médecin-conseil de la FDA demande devant le Sénat le retrait du marché d’Accutane.

CalPERS, l’association des fonctionnaires de l’Etat de Californie – actionnaire important de Roche – exprime sa préoccupation.

Une plainte collective de patients a été déposée devant un Tribunal fédéral en Floride.

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