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Tour du monde pour Dominique Wavre et Michèle Paret

Dominique Wavre et sa compagne Michèle Paret.

Dimanche, le Genevois Dominique Wavre et sa compagne Michèle Paret s'élancent autour du monde dans la Barcelona World Race. Interview croisée à l'heure des derniers préparatifs.

Une flotte de neuf monocoques s’élance de Barcelone pour une course de trois mois vers le grand sud, avant de revenir à son point de départ au courant février 2008.

Les courses au large se suivent mais ne se ressemblent pas. Après le départ des frères Ravussin, de Bernard Stamm et d’Yvan Bourgnon à la Transat Jacques Vabre (Le Havre –Salvador de Bahia), c’est au tour du Genevois Dominique Wavre de larguer les amarres de son voilier Temenos.

Manœuvrés en duo, les monocoques de 60 pieds de la Barcelona World Race suivront un parcours bien plus long que celui de leurs pairs de la Transat Jacques Vabre. Il s’agit, cette fois-ci, du tour du monde. La course doit durer trois mois, descendre dans le grand sud et revenir à son point de départ au courant février.

Mais ce septième tour du monde permet surtout à l’expérimenté Dominique Wavre de réaliser un rêve: boucler la boucle avec sa compagne, la navigatrice française Michèle Paret. A l’heure des derniers préparatifs, les fiancés du tour du monde nous confient leurs sensations.

Vous sentez-vous prêts?

Dominique Wavre: Oui, après une préparation de type Vendée Globe Challenge, il nous reste quelques détails à peaufiner mais les grosses options sont prises. Après la Barcelona, nous serons fin prêts pour le Vendée Globe.

Michèle Paret: On est en super forme. Tous ces mois de préparation techniques et physiques nous ont permis de rentrer dans le processus. Nous avons dûment passé les tests médicaux habituels. Nous avons essayé de nous préparer physiquement tous les jours.

Quel est votre objectif sportif?

Dominique Wavre: Avec un bateau neuf et un équipage rodé, notre objectif est évident. Nous allons essayer de nous battre pour le podium, si ce n’est la victoire. Nous progressons, en tout cas, vers cette idée-là.

Quel est votre regard sur le parcours?

Dominique Wavre: La sortie de Méditerranée est une grosse différence par rapport au Vendée Globe où les bateaux démarrent plutôt groupés. Des écarts peuvent immédiatement se créer d’entrée. Gibraltar est un premier passage à niveau.

Le détroit de Cook, entre l’île nord et l’île sud de la Nouvelle-Zélande, est aussi une nouveauté. S’il augmente un peu la sécurité et l’intérêt médiatique de la course, l’anticyclone qui traîne en mer de Tasmanie peut permettre à l’un ou l’autre des bateaux de s’échapper.

En Méditerranée, le tour du monde se termine dans un endroit un peu «pourri» météorologiquement. Il y aura du suspense jusqu’à la fin.

Hormis le fait que la course ne passe pas la traditionnelle ligne de départ du record autour du monde, y a-t-il des possibilités de le battre?

Dominique Wavre: Je pense que nous avons les moyens de battre un record. Mais la Méditerranée, le passage du détroit de Cook ainsi qu’une porte obligatoire aux Canaries peuvent rajouter une semaine au temps global.

Vous allez donner de vos nouvelles?

Michèle Paret: Nos allons communiquer via nos services de presse respectifs. L’organisateur Mark Turner a aussi bien prévu les choses: il va y avoir des visioconférences à la place des communications radio. Je pense que nous allons augmenter d’un cran la communication habituelle de ce type d’événements.

Quel est votre regard sur la flotte?

Dominique Wavre: Neuf bateaux, c’est une très belle flotte pour une première ! La Barcelona héberge les projets les plus en avance dans les programmes de Vendée Globe.

Du coup, nous allons régater avec les concurrents les plus redoutables de la classe IMOCA. PRB, de Vincent Riou, est le bateau qui a le mieux navigué en course pour l’instant. Il est donc aussi favori que nous (rire).

Pour une fois, il n’y a pas que des Français…

Michèle Paret: C’est vrai ! Le fait que cette course se court en double a attiré des Anglo-Saxons et des Espagnols de la Volvo et de l’America’s Cup dans le circuit IMOCA.

Régater en double. Est-ce un juste compromis entre le solitaire et l’équipage?

Dominique Wavre: Il y a, en tout cas, beaucoup d’avantages. Le fait d’être deux permet d’améliorer la sécurité dans certaines situation comme monter au mât, les manœuvres, des petites avaries, la veille dans les endroits fréquentés, etc.

Michèle Paret: Le défaut, c’est que la connivence est hyper importante. C’est un sacré avantage de partir avec quelqu’un que tu connais bien. Nous allons vivre des moments très durs et des bons moments que nous partagerons.

D’ailleurs vous, Michèle, vous avez plus souvent été au bout du téléphone que sur le bateau. Qu’est-ce que ça change?

Michèle Paret: J’ai l’impression que l’on va peut-être moins discuter sur le bateau que nous l’avons fait par téléphone lors du dernier Vendée Globe. Il fallait, alors, partager des réalités très différentes. Quand les émotions vécues ensemble sont très intenses, la parole devient annexe. On fera probablement le bilan de tout ça à l’arrivée de la course.

Quelles sont vos spécialités respectives?

Michèle Paret: Je vais probablement m’occuper un peu plus du mât. C’est mon dada à longueur d’année, à terre. J’adore le bricolage et je surveille beaucoup le bateau. Je suis un peu préparatrice dans l’âme. Je m’occupe du moteur, Dom de l’électricité et des voiles. On va continuer sur l’eau ce qui se passe à terre. La stratégie et la tactique seront envisagées à deux.

Mais qui sera le capitaine?

Dominique Wavre: Il y aura deux capitaines à bord.

Les caractéristiques budgétaires entre le Vendée Globe et la Barcelona sont-elles identiques?

Dominique Wavre: C’est exactement le même budget. Temenos sera avec nous jusqu’à la fin du prochain Vendée Globe. Le fait d’avoir un budget quasi bouclé change énormément la vie. Ça permet de se concentrer sur l’aspect sportif et technique. C’est très confortable !

Emporterez-vous un grigri sur le bateau?

Michèle Paret: On a besoin de rien. Moi j’emporte mon grand grigri à lunette et lui il emporte sa petite grigri blonde. Nous n’avons rien besoin de plus.

swissinfo, Pierre-Antoine Preti/Skippers magazine

Dominique Wavre est né à Genève, le 4 juillet 1955, d’un père ingénieur et d’une mère championne suisse de tennis.

Sa passion de la voile naît à l’âge de 13 ans sur les eaux du Lac Léman. Elle rejoint son amour pour le dessin.

A la fin de ses études, Dominique Wavre céde à l’appel du large et embarque sur Disque d’Or 3 aux côtés de Pierre Felhman, pour son premier tour du monde. Il ne cesse ensuite de courir les océans du globe.

Champion de suisse à plusieurs reprises, il effectue 6 tours du monde en course, ainsi que de nombreuses transats en équipage, en double et en solitaire.

Avec 300’000 milles nautiques (55’500 km) parcourus, il est l’un des skippers océaniques les plus expérimentés du circuit mondial.

Sa dernière participation au Vendée Globe Challenge l’a vu terminer au quatrième rang de la plus célèbre course au large en solitaire.

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