Touristes sexuels en Thaïlande mieux surveillés
Cette année, la Suisse va installer un officier de police à demeure à Bangkok.
Avec les autorités locales, il tentera de lutter contre le tourisme sexuel pratiqué par certains Suisses, surtout ceux qui s’en prennent aux enfants.
Les autorités suisses se préparent à envoyer un attaché de police à Bangkok. Cet expert prendra ses fonctions à l’automne de cette année, après avoir reçu une formation spécifique, comme l’explique Markus Klauenbösch, de l’Office fédéral de la police (OFP).
La récente révision du Code pénal suisse facilitera la poursuite des délinquants sexuels à l’étranger.
Ainsi, un des nouveaux articles prévoit l’application du droit suisse pour les pédocriminels, même si leurs actes ne sont pas punissables dans le pays où ils ont été commis.
Informations de première main
Cet officier de liaison à Bangkok sera le premier envoyé permanent de l’OFP en Asie. Cinq postes similaires existent déjà en Europe et aux Etats-Unis.
La Thaïlande est un pays très prisé des citoyens helvétiques. Et tous ne s’y rendent pas pour des raisons avouables. Le tourisme du sexe et celui de la drogue ont toujours leurs adeptes.
La tâche essentielle de cet agent de l’OFP sera de favoriser les échanges d’informations entre la police suisse et la police thaïlandaise.
En fait, il reprendra à sa charge le travail accompli jusqu’ici par Interpol, mais avec une efficacité qui devrait être nettement améliorée.
Le fait d’être sur place lui permettra en effet d’avoir accès à des informations de première main. Selon Markus Klauenbösch, il faudra donc s’attendre à une augmentation des arrestations de Suisses en Thaïlande.
Les mailles du filet
Katrin Hartmann, co-directrice de l’Association suisse pour la protection de l’enfant (ASPE), se réjouit vivement de cette initiative.
Selon elle, l’attaché de police devrait se constituer un réseau de relations parmi ses collègues locaux. Ainsi, il deviendra plus facile d’intenter des actions contre les pédocriminels.
Aujourd’hui en effet, même lorsque la police suisse soupçonne une personne de se rendre en Thaïlande pour y assouvir des instincts criminels, il est souvent difficile de mener une enquête à partir de la Suisse.
Comme l’explique Markus Klauenbösch, les échanges se heurtent souvent à des problèmes techniques: les fax ou les e-mails n’arrivent pas et lorsqu’ils arrivent, les fonctionnaires de Berne se retrouvent avec des montagnes de documents à traduire.
De plus, les policiers thaïlandais ne donnent pas volontiers des renseignements par téléphone. Un problème qui devrait être résolu avec la présence sur place d’une personne de confiance, dont l’OFP souhaitait l’installation depuis longtemps.
Efficace malgré tout
Reste la question de la corruption, problème bien réel en Thaïlande. Selon Markus Klauenbösch, l’expérience des pays qui entretiennent déjà des officiers de liaison à Bangkok montre qu’il est possible de rester efficace malgré tout, notamment en choisissant soigneusement les gens avec qui l’on travaille.
Katrin Hartmann est moins optimiste, et rappelle qu’un pédocriminel pris en flagrant délit peut souvent acheter le silence du policier local.
Toutefois, la co-directrice de l’ASPE reconnaît que les autorités thaïes affichent une réelle volonté de lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants. Ce qui a d’ailleurs pour effet de déplacer le fléau vers le Cambodge et le Laos voisins.
swissinfo avec les agences
Le nouveau Code pénal suisse se veut plus efficace pour lutter contre le tourisme sexuel.
Il permet de poursuivre les pédocriminels, même si leur délit n’est pas punissable dans le pays où il a été commis.
Dès l’automne, la Suisse installera un officier de police en Thaïlande.
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