Un dossier explosif de plus
La Commission européenne va mettre sur la table des négociations avec la Suisse l'extension de la libre circulation des personnes.
Après la taxation de l’épargne, il s’agit d’un autre dossier explosif pour la Suisse.
En 2003, la Suisse va devoir se battre sur un tout nouveau front. Et, en pleine année électorale, il est aussi redoutable que celui de la taxation de l’épargne pour le monde politique helvétique.
En clair, la Commission européenne a prévu de présenter jeudi aux experts des Quinze son projet d’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux pays sur le point d’adhérer.
Et elle y a adjoint, en l’occurrence, l’idée d’une contribution financière des pays tiers à l’élargissement.
La logique de l’UE est simple
«Au niveau de la Commission, c’est acquis. explique l’un des responsables de l’exécutif européen. Maintenant, nous devons consulter les pays membres. Et, lorsque nous aurons une position commune, nous prendrons contact avec Berne.»
La logique de la Commission est simple. L’élargissement de l’UE à 25 membres avance. Le traité d’adhésion sera signé le 16 avril et les dix nouveaux venus devraient devenir membres dès mai 2004.
Il convient donc d’adapter à cette évolution les accords conclus avec les pays tiers. Dont la Suisse.
La Suisse a pris les devants
D’ailleurs, début décembre, le gouvernement helvétique a pris les devants à propos de la libre circulation. Plutôt que de détailler les difficultés, il a choisi de vanter les avantages d’une Europe élargie.
«Diverses branches économiques, écrit le gouvernement, surtout l’agriculture, l’hôtellerie, la restauration et la santé militent en faveur d’une ouverture permettant un recrutement dans les Etats d’Europe de l’Est».
Et le Conseil fédéral ajoute que l’ouverture sera réglée par étapes, moyennant «des contingents et des délais transitoires».
Un milliard de francs en dix ans
Sur la contribution financière, Berne reste en revanche prudent. «Nous n’avons pas reçu de demande, indique le Bureau de l’intégration. Nous l’examinerons le cas échéant.»
Et de souligner que la Suisse s’est montrée généreuse avec ces pays de l’Est puisqu’elle y a consacré près d’un milliard de francs de 1992 à 2001.
Pour les partis gouvernementaux, c’est de la dynamite. Concernant la libre circulation, les radicaux et les démocrates-chrétiens souhaitent que les futures négociations débouchent sur des périodes transitoires aussi longues que possibles.
Les socialistes, eux, insistent sur «la qualité des mesures d’accompagnement» à prendre afin d’éviter tout dumping social.
L’avertissement de la droite dure
L’Union démocratique du centre (UDC) n’entrent pas en matière. Elle refuse toute négociation avant 2009.
Avec l’ouverture des frontières, avertissent les nationalistes de l’UDC, le Conseil fédéral va vers une immigration qui ne pourra plus être contrôlée.
D’ailleurs, le porte-parole du parti, Yves Bichsel, annonce le lancement d’un référendum dès la fin des négociations. D’autant qu’il refuse également la perspective d’une participation financière.
Une contribution contestée
L’Union démocratique du centre et les démocrates-chrétiens estiment qu’un pays non-membre n’a pas à ouvrir son porte-monnaie pour l’UE.
Les radicaux, en revanche, se montrent plus souple, voire «ouverts» au principe d’une telle contribution. Quant aux socialistes, ils se disent prêts à entrer en matière.
Ils n’affichent «aucune crainte» concernant les répercussions de ces enjeux européens sur les élections fédérales d’octobre. «C’est un débat central pour l’avenir du pays, disent-ils. Cela va forcer les partis à parler clairement.»
swissinfo avec les agences
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